Primaire à droite : une élection à couteaux tirés
Les équipes des sept candidats ont jusqu'à vendredi 4 pour communiquer à la Haute-Autorité pour la primaire la liste des noms de leurs "délégués", envoyés dans les quelque 10.228 bureaux de vote pour avoir un un oeil sur les opérations de vote.
Les cicatrices de la guerre Copé/Fillon pour la présidence de l'UMP de l'automne 2012, avec des soupçons de triche jamais étayés, ne sont pas encore refermées. Et ce même si, deux ans plus tard, l'élection du nouveau président de l'UMP (devenue depuis Les Républicains), par vote électronique, a eu lieu sans anicroches.
Pour le "M. Primaire", le député LR Thierry Solère, les choses sont claires: l'interdiction des procurations -au coeur de la polémique en 2012- permet d'éviter les problèmes. Chaque équipe a dû s'employer pour trouver ses "délégués". "On s'est fixé d'en avoir partout", explique Gilles Boyer, directeur de campagne d'Alain Juppé.
Et les mails titrés "Derniers jours pour devenir délégués", "J'aimerais vous confier une mission fondamentale" ou encore "Soyez à mes côtés le jour J" émanant du maire de Bordeaux se sont succédé ce mois-ci. Outre l'objectif affiché de gagner la primaire, les juppéistes mettent en avant celui d'en faire "un exercice démocratique réussi".
Ces "délégués" sont bien distincts du président et des trois assesseurs qui composent obligatoirement chaque bureau de vote et ont tous déjà été désignés par des commissions départementales LR. Soit plus de 58.000 personnes d'après Thierry Solère. La Haute-Autorité pour la primaire, présidée par la juriste Anne Levade, veille aussi au grain.
"Nous ne sommes pas dans une logique de crier avant d'avoir mal", explique pour sa part Damien Abad, député de l'Ain et porte-parole de Bruno Le Maire, pour qui l'exercice de la primaire est bien différent de celui d'une élection interne. "Fillon/Copé, ça a dérapé parce qu'ils étaient à 50/50", relève un autre soutien de Le Maire. Mezza voce, néanmoins, certains s'interrogent. D'autant que le nombre de participants au scrutin demeure, à un peu plus de deux semaines du premier tour, la grande inconnue.
Comme ce soutien de François Fillon, échaudé il est vrai par le psychodrame de 2012, qui s'interroge: Nicolas Sarkozy voyant "que cela ne va pas le faire", ne serait-il "pas tenté de faire exploser la primaire en vol"? Tout le monde a donc les yeux rivés sur les fédérations "à risques". "On craint beaucoup de choses. On regardera particulièrement les Alpes-Maritimes", fief sarkozyste, expliquait récemment un soutien de Juppé.
La semaine dernière, à Cannes, François Fillon a lui aussi lancé devant le maire LR, David Lisnard, un de ses soutiens: "chacun sait qu'on regarde toujours les Alpes-Maritimes avec attention lorsqu'il y a des scrutins. Donc je souhaite naturellement que le scrutin y soit exemplaire. Et je sais qu'avec David, il le sera". "Dans toute élection, il y a des risques de triche", résume le maire de Bordeaux, qui a d'ores et déjà prévenu qu'il accepterait le résultat... "si les primaires sont honnêtes".
Sur sa page Facebook, son rival, Nicolas Sarkozy, assurait lui aussi encore mercredi soir qu'il "respectera scrupuleusement chacune des règles de la primaire, quel que soit le résultat".
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