Primaire à gauche : vers un front anti-Valls au second tour ?
Tout va se jouer entre Benoît Hamon et Manuel Valls, selon les premiers résultats partiels communiqués ce dimanche soir par les organisateurs de la primaire PS élargie. Avec respectivement 35% et 31% environ, ils devancent ainsi Arnaud Montebourg (environ 18%). Mais, au-delà de la surprise que constitue, ou pas, cette élimination, les regards se portent déjà vers le second tour. De quels soutiens pourraient bénéficier l'ancien ministre de l'Education nationale et l'ex-Premier ministre dimanche prochain afin de pouvoir espérer l'emporter?
Un premier élément de réponse saute aux yeux: la faiblesse des scores des "petits" candidats dits légitimistes. L'écolo François de Rugy (3%), la très mesurée bien que radicale Sylvia Pinel (2%) et enfin l'étonnant Jean-Luc Bennahmias (1%): aucun, même le rassembleur autoproclamé Vincent Peillon (environ 6%), ne dépasse un score anecdotique. Et si tous ont mené une campagne de défense du bilan de François Hollande tout comme Manuel Valls, seule Sylvia Pinel a franchi le pas et appelé à voter très vite pour l'ex-Premier ministre. Les autres l'imiteront-ils? Rien n'est moins sûr, d'autant que le président sortant s'est bien gardé d'afficher tout soutien à un ancien chef de gouvernement qui a eu des mots très durs pour lui après son renoncement, allant jusqu'à dire récemment: "je ne le respecte pas et je ne le supporte plus"...
De la même manière, beaucoup ont très vite additionné les scores de Benoît Hamon et d'Arnaud Montebourg tant il apparaissait logique que l'ex-ministre du Redressement productif soutienne le vainqueur du soir. Ensemble, l'homme qui "tient" les Jeunes socialistes et le troisième homme de la primaire PS de 2011 (17%, loin devant Ségolène Royal et ses 7%), avaient manœuvré avec succès pour l'éviction de Jean-Marc Ayrault et l'arrivée à Matignon d'un certain Manuel Valls.
Pour autant, les deux ministres débarqués suite à la polémique de la "cuvée du redressement" en août 2014 ont des divergences politiques de fond. Revenu universel, service civique, légalisation du cannabis, protectionnisme, économie, nucléaire... Sur beaucoup, si ce n'est l'essentiel, leurs propositions divergent sensiblement. Toute la question est celle de l'impact que cela pourrait avoir sur un électorat si resserré que celui du premier tour de ce dimanche. D'autant que quelques dizaines de milliers de voix seulement séparent les deux hommes (40.000 à 21h).
Aucune certitude donc, mais un élément à ne pas oublier: l'impopularité de Manuel Valls. Arrivé en sixième position (sur sept) à la primaire de 2011, pourfendeur des opposants à la loi Travail et amateur de 49-3, l'ex-Premier ministre fait figure de repoussoir pour toute une partie de l'électorat socialiste, même chez les plus modérés. Entre les polémiques sur le voile ou son "amour pour l'entreprise", le théoricien des deux gauches "irréconciliables" est perçu comme autoritaire et libéral. De là à voir se dresser face à lui un "front anti-Valls"? Probablement oui. Reste à savoir la capacité de mobilisation de ce futur attelage potentiellement bancal.
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