Projet de loi antiterroriste : l’analyse de l’historique Web des internautes est-elle efficace ?
Suite à l'attaque terroriste de Rambouillet, le gouvernement riposte en actualisant ses mesures antiterroristes. Une des principales mesures qui sera mise à jour concerne le dispositif des boîtes noires, des mécanismes qui permettraient d'analyser l’historique web des internautes pour détecter les menaces terroristes.
Les boîtes noires des données de connexion Internet : un danger pour les libertés ?
L’État compte bien se servir des algorithmes pour pouvoir détecter des comportements suspects dans l’immense quantité de données que les internautes génèrent en surfant sur le Web. Les métadonnées de navigation seraient ainsi récoltées par des « boîtes noires » et grâce aux technologies d’analyse de données, une alerte pourrait être envoyée en cas d’activité jugée suspecte.
Les algorithmes seraient ainsi chargés de lire les adresses URL des sites Web consultés par les internautes, pour détecter des connexions récurrentes à des sites extrémistes ou suspects. Les détracteurs de cette mesure s'inquiètent de la mise en danger de la vie privée des internautes, notamment si les algorithmes pourront aussi être utilisés pour détecter l’utilisation d’autres types de sites Internet sensibles, comme des sites politiques ou médicaux.
Antécédents : des algorithmes déjà en place depuis 2017
Des boîtes noires été adoptées à titre expérimental en 2017 avec une clause de revoyure fixée à fin 2018. Ce cadre expérimental, selon le site Nextinpact « avait permis d’arrondir les angles et de faire passer cet outil alors très critiqué ». L'expérience de l’analyse des données de l’historique Web a été reconduite deux fois, avec une clause de revoyure désormais reportée à fin 2021. Un bilan est censé être remis au plus tard au Parlement le 30 juin 2021. Selon Gérald Darmanin, depuis 2017, outre l’analyse des historiques de connexion, le recrutement de 1 900 agents supplémentaires pour les services de renseignement, ainsi que la multiplication par deux du budget de la DGSI, aurait permis de déjouer 36 attentats.
Une mesure efficace ?
De nombreux spécialistes ne croient pas à l'efficacité de cette mesure et jugent sévèrement cette initiative. BFMTV rappelle la puissance toute relative de cette mesure. Alexandre Archambault, avocat spécialisé dans le numérique, craint que le gouvernement soit en train d’agir dans la précipitation sans attendre de trouver les mécanismes les plus efficaces: « On a malheureusement cette dérive du politique terrorisé par les terroristes qui agit sans démontrer l’efficacité de ce qui a déjà été fait. En communiquant trop bruyamment sur cette histoire d’URL, on ne va que précipiter le fait que l’intelligence échappe à l'opérateur ». En effet, les messageries chiffrées permettent depuis plusieurs années aux délinquants et terroristes d’échapper totalement aux fameuses boîtes noires.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'il présenterait, mercredi 28 avril en conseil des ministres un projet de loi relatif à la prévention d'actes terroristes et au renseignement, en rappelant toutefois que ce projet de loi était en gestation bien avant la survenue de l'attaque terroriste de Rambouillet...
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