Retraites : les syndicats espèrent frapper "plus haut, plus fort"
Un 2e round "plus haut, plus fort" ? De Arras à Nice, les opposants à la réforme des retraites ont commencé à défiler dans des cortèges où mardi, sont attendus des centaines de milliers de Français, les syndicats espérant une mobilisation au moins équivalente à celle du 19 pour faire plier le gouvernement sur son projet phare.
La grève est très suivie dans les transports avec une circulation des métros et RER "très perturbée" en région parisienne, de même que celle des TGV. La situation est encore plus difficile pour les trains régionaux et Intercités.
Dans les manifestations, dont les premières ont débuté à 10 h 00, "nous espérons être au moins autant (que le 19)", a souligné mardi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, sur BFMTV et RMC. Il a fait état de quelque 250 rassemblements et manifestations.
"Si la Première ministre n'a pas entendu le message, aujourd'hui, on va le lui dire plus haut, plus fort et plus nombreux", a-t-il martelé.
"Beaucoup de colère"
"Il y a beaucoup de colère contre cette réforme", a témoigné auprès de l'AFP un agent de sécurité à Marseille, qui a requis l'anonymat. "Travailler jusqu'à 64 ans ou plus, c'est très, très dur, surtout dans nos métiers".
La journée du 19, à l'appel des huit principaux syndicats français, avait réuni selon les autorités 1,12 million de manifestants, plus de deux millions selon la CGT.
Cette fois-ci, 1,2 million de manifestants sont attendus en fourchette haute dont 100 000 à Paris, selon une source policière.
Onze mille policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 4 000 à Paris, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Une intersyndicale doit se réunir à partir de 18 h 00 au siège de FO pour décider des suites du mouvement, et probablement annoncer au moins une nouvelle journée de mobilisation.
Actions étudiantes
Les syndicats enseignants ont prévu 50% de grévistes mardi parmi les professeurs, de la maternelle au lycée.
Mardi matin, des lycéens se sont mobilisés, notamment dans les établissements parisiens Turgot ou Hélène Boucher. Devant ce dernier, brièvement occupé, une quarantaine de lycéens sous bonnets et masques ont arboré des pancartes comme "Borne out" ou "2023 on ne se taira pas".
"Bien sûr que la jeunesse est concernée", a plaidé Colin Champion, président du syndicat La Voix Lycéenne lors d’un point presse devant le lycée parisien Voltaire, assurant que "les lycées sont plus mobilisés que le 19 janvier où 60 étaient bloqués".
Des étudiants étaient également mobilisés, comme au site Saint-Charles de l'université Aix-Marseille, où un piquet de grève a été installé avec une banderole "Réforme accablante, riposte étudiante". Sciences Po a été occupé dans la nuit par une cinquantaine d'étudiants.
La CGT a annoncé 75 à 100% de grévistes dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies. Quant aux grévistes d'EDF, ils ont occasionné dans la nuit des baisses de charges dans les centrales électriques de "près de 3 000 MWH", sans toutefois causer de coupures, selon la CGT et EDF.
La mobilisation concerne des secteurs professionnels variés. À Nîmes, les entrées de la maison d'arrêt ont été bloquées et l'extraction de détenus rendue impossible, selon une source syndicale.
"Très mal engagée"
Pris en étau entre la détermination de la rue et la virulence des oppositions à l'Assemblée, où le projet est débattu depuis lundi, le gouvernement a durci le ton ce week-end, M. Darmanin dénonçant "le profond mépris de la valeur travail" d'une partie de la gauche.
Des responsables de gauche ont eux accusé l'exécutif de prendre "le risque de fracturer durement notre pays", à l'instar de Fabien Roussel (PCF) sur Public Sénat ou d'être "un gouvernement d'extrémistes", selon François Ruffin (LFI) sur RTL.
Elisabeth Borne a, elle, joué la carte de la fermeté, affirmant que le recul de l'âge n'était "plus négociable", même si des mesures en faveur des femmes, plus impactées par la réforme que les hommes, sont envisagées.
En retrait sur ce dossier, le président Emmanuel Macron, qui joue en partie son quinquennat sur cette réforme, l'a jugée lundi "indispensable".
Mais pour l'exécutif, la bataille de l'opinion "est très mal engagée", selon Frédéric Dabi, de l'institut de sondages Ifop: "Au fur et à mesure que les Français entrent dans la connaissance de la réforme, l'adhésion recule" dans les sondages.
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