Salon de l'agriculture : défilé de politiques à la porte de Versailles
Comme le veut la tradition, François Hollande a inauguré samedi 21 le Salon de l'agriculture, porte de Versailles à Paris. Pendant huit heures, il a évoqué avec les représentants du monde agricole les sujets sensibles: politique agricole commune, fermes intensives, écologie, protection des terroirs, prix des matières premières et embargo russe. Le président de la République a tenu à évoquer la "vulnérabilité" de l'agriculture française mais a souligné sa "qualité".
Dimanche, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, déjà présent avec François Hollande la veille, a accompagné le commissaire européen à l'Agriculture et au Développement rural, Phil Hogan. Ce dernier a notamment fait des annonces sur la filière porcine qui souffre actuellement de l'embargo russe.
Le gouvernement, représenté par Manuel Valls, accompagné de l'inévitable Stéphane Le Foll, était présent lundi au Salon de l'agriculture. Le Premier ministre a tiré à boulets rouges sur le Front national qui progresse dans le monde agricole: "les agriculteurs savent ce qu'ils doivent aux pouvoirs publics et à l'Europe. Voter Front national, c'est détruire le modèle européen qui a aussi soutenu l'agriculture française". Plus enjoué, Manuel Valls, lors de son parcours s'est invité sur le plateau de l'émission de France-3 Midi en France (qui tournait exceptionnellement au Salon) et a déclaré: "je commence à faire le tour des produits gastronomiques, les vins notamment, mais pas seulement. (Rires) Le plus important, c'est de tenir le cap-là maintenant. Voilà".
L'attention portée au milieu agricole est aussi un cheval de bataille de l'opposition. Le défilé des ténors de la droite a commencé mardi avec la visite d'Alain Juppé et de Bruno Le Maire. Un brin plus sage que le Premier ministre la veille, les deux hommes ont partagé un verre de lait sur le stand des exploitants laitiers. Ce fut une nouvelle charge contre le Front national, le maire de Bordeaux a mis en garde: "ne croyez pas au miroir aux alouettes que le Front national est en train de brandir aujourd'hui". Même son de cloche chez Bruno Le Maire qui, plus prosaïque, a déclaré aux agriculteurs: "le Front national vous ment".
Le même jour, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a axé sa venue sur le thème de l’enseignement et de la formation aux métiers de l’agriculture, et sur l'importance pour les jeunes de bien manger.
Toujours très attendu au Salon de l'agriculture depuis son "Casse-toi, pauv' con" en 2008, Nicolas Sarkozy a visité l'exposition de la porte de Versailles mercredi. En février 2013, lors du premier Salon de l'agriculture de son quinquennat, François Hollande avait en effet égratigné son prédécesseur avec humour. A un enfant qui lui disait n'avoir "jamais vu Nicolas Sarkozy", il avait répondu du tac au tac: "et bah tu ne le verras plus". Interrogé par la presse mercredi sur cette prédiction, l'ancien président de la République a rendu coup pour coup, deux ans après: "encore une promesse non tenue", a-t-il ironisé.
François Fillon était également présent mercredi au Salon de l'agriculture, les deux hommes ne se sont pas croisés.
Alors que les politiques de gauche comme de droite ont mis en garde les agriculteurs contre le vote FN, Marine Le Pen, en visite au Salon jeudi, a pu, selon ses termes, "savourer" la panique que provoque son parti. "En réalité, quels que soient leurs déplacements, leur seul élément de considération, c'est combien je vais faire aux futures élections, quelle place, quel poste, quel département je vais sauver", a commenté la présidente du Front national. L'accueil a été plutôt mitigé pour Marine Le Pen qui, malgré un bain de foule plutôt enthousiaste, fut parfois rembarrée par certains exposants peu réceptifs au message du FN. Légère polémique enfin pour la présidente de Front qui a déclaré: "il faut du respect pour les agriculteurs. Ce ne sont pas des agents d'entretien". Les agents d'entretien apprécieront.
Vendredi, le Salon de l'agriculture a accueilli le secrétaire général du Parti communiste, Pierre Laurent, avant d'attendre ses derniers visiteurs jusqu'à dimanche soir, jour de la fermeture. Et enfin laisser les exploitants et leurs 4.000 animaux retrouver la quiétude de leur pâturage, loin des tumultes de la porte de Versailles.
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