Sarkozy et les Gaulois : ses propos suscitent de vives critiques
Entre ironie et critiques virulentes, les propos de Nicolas Sarkozy -- pour qui "dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois" -- ont suscité mardi 20 de vives critiques à gauche comme chez ses opposants à la primaire de la droite. En meeting lundi à Franconville (Val d'Oise), Nicolas Sarkozy a affirmé que "si l'on veut devenir français, (...), on vit comme un Français". "Nous ne nous contenterons plus d'une intégration qui ne marche plus, nous exigerons l'assimilation. Dès que vous devenez français, vos ancêtres sont gaulois", a-t-il ajouté.
Ce sont les adversaires de l'ancien président à la primaire de la droite qui ont ouvert le feu. Le député de l'Eure Bruno Le Maire a appelé à éviter les caricatures: "J'ai un grand-père pied-noir, j'ai une arrière-grand-mère brésilienne, j'ai une mère qui est toulousaine, j'ai un père né à Paris et je me sens avec toutes ces racines pleinement, entièrement, fièrement français", a-t-il dit sur Radio Classique. Dans le camp d'Alain Juppé, au coude à coude avec M. Sarkozy dans les sondages, le porte-parole Benoist Apparu a déclaré qu'il n'était "pas convaincu que nos amis martiniquais ou réunionnais se retrouvent totalement dans cette définition-là, qui n'est pas celle de la France".
Le directeur de campagne de M. Juppé, Gilles Boyer, a ironisé sur son compte Twitter: "Jeudi 29 à 19HOO, venez nombreux à la grande réunion publique d'Alain Juppé au Double Mixte de Villeurbanne, juste à côté de Lugdunum", a-t-il écrit, en référence à la colonie romaine en Gaule, devenue aujourd'hui Lyon. Une ironie que l'on retrouve aussi à gauche: "#Gaulois, #climatosceptique : Sarkozix, celui qui ne recule devant aucune simplification pour exister", a tweeté la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, née à la Réunion.
"Moi aussi, j'adore Astérix mais heureusement, la France, c'est une idée beaucoup plus vaste que cette vision particulièrement étriquée", a déclaré la ministre du Travail, Myriam El-Khomri. Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, a lui aussi manié l'humour: "Les miens (d'ancêtres) ils sont bretons. Donc avant 1514, on n'était pas français. (...) Je ne me suis pas exactement reconnu dans les propos de Nicolas Sarkozy". De son côté, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, s'est demandée s'il fallait donner "un cours d'histoire à M. Sarkozy qui visiblement en a besoin?"
François de Rugy, vice-président de l'Assemblée nationale et candidat à la primaire organisée par le PS, a lui-aussi critiqué M. Sarkozy sur Twitter: "C'était qui déjà le candidat à une présidentielle qui exaltait +le petit Français de sang mêlé+ ? La grande régression...", a-t-il questionné. Des internautes ont même exhumé une vidéo de François Mitterrand qui évoquait en mai 1987 à La Sorbonne "la pluralité des cultures en France": "Nous sommes français, nos ancêtres les Gaulois, un peu germains, un peu romains, un peu juifs, un peu italiens, de plus en plus portugais, un peu polonais, et je me demande si nous ne sommes pas de plus en plus arabes", avait-il lancé, suscitant des rires dans l'assistance.
Parmi les proches de M. Sarkozy, son porte-parole Eric Ciotti a pris sa défense: "les menaces actuelles nous imposent de réhabiliter ce modèle d'assimilation parce qu'on ne devient pas français par hasard". Son directeur de campagne, Gérald Darmanin a quant à lui évoqué ses "deux grands-pères nés de l'autre côté de la Méditerranée", dans un message sur son compte Twitter. "Petit, mes parents bercèrent mes jeunes années avec Astérix et Obélix. Mes ancêtres étaient culturellement gaulois. Et j'en suis heureux", a-t-il dit.
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