SNCF : les syndicats appellent les cheminots aux urnes
Pas un référendum, mais une "vote-action": l'intersyndicale de la SNCF a décidé de lancer la semaine prochaine une consultation pour demander aux cheminots s'ils sont "pour ou contre" la réforme ferroviaire, affichant par la même occasion leur unité face au gouvernement et à la direction.
Cette consultation sera organisée "du 14 au 21 mai" et "selon des modalités sur lesquelles nous sommes en train de travailler", a déclaré à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots (1er syndicat du groupe).
"L'unité syndicale est toujours d'actualité", a-t-il souligné à l'issue d'une réunion de l'intersyndicale au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis).
D'abord sceptique, l'Unsa ferroviaire (2e syndicat) "s'est ralliée à cette vote-action pour maintenir l'unité syndicale", ce qui nécessite "des concessions des uns et des autres", a expliqué son secrétaire général, Roger Dillenseger. Cette consultation permettra aux cheminots de "s'exprimer librement" sur la réforme, a-t-il ajouté.
"Etes-vous pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ?" : ce sera la question posée lors de cette consultation.
Il y aura "des bulletins de vote", et "on va essayer de faire ça de manière très normée", pour "une vraie expression des cheminots et pour qu'elle soit prise en compte", a indiqué Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD-Rail (3e syndicat).
"Notre idée n'est pas d'avoir la tête de (Guillaume) Pepy (le patron de la SNCF), c'est de permettre à tous les cheminots de pouvoir s'exprimer" autrement que par la grève, notamment "l'encadrement", a-t-il relevé.
Cette consultation "n'est pas seulement un vote", mais "une modalité d'action" nouvelle pour "entrer en contact avec les cheminots", a noté Sébastien Mariani, (CFDT Cheminots), soulignant lui aussi que "l'unité syndicale est toujours là et ne faiblit pas".
- "Une opposition très large" -
La "vote-action" permettra de montrer que "l'opposition à cette réforme est très, très large", "je pense qu'on n'aura pas beaucoup de surprises", a avancé M. Brun, pour qui "il est important de casser cette idée que 80% des cheminots soutiennent cette réforme". Certains ne peuvent pas faire grève pour des "questions financières", a-t-il souligné.
Réagissant dès mercredi matin à la possibilité d'une consultation organisée par les syndicats, M. Pepy avait relevé que cette réforme "appartient au peuple français puisqu'il s'agit de mesures décidées par le Parlement et par conséquent, personne, même pas les cheminots (…) ne peut priver l'Assemblée nationale et le Sénat dans quelques jours, du pouvoir de faire la loi".
Les syndicats vont également demander au Premier ministre Édouard Philippe d'organiser "une table ronde" sur son projet de réforme "au début de la semaine prochaine", a indiqué M. Brun.
M. Philippe, qui les a reçus lundi à tour de rôle à Matignon, avait alors annoncé qu'il les recevrait de nouveau le 24 ou le 25 mai, avant la discussion de la réforme au Sénat. Mais "le gouvernement ne doit pas jouer la montre et se contenter de cet agenda", d'autant qu'il "a fait état de sa volonté de sortir du conflit", a jugé M. Brun.
L'Unsa et la CFDT ont confirmé qu'elles se rendraient vendredi au ministère des Transports pour une réunion sur la réforme avec la ministre Élisabeth Borne. "Une réunion de travail technique", a résumé M. Dillenseger.
La CFDT, qui a préparé 42 amendements en vue de l'examen du projet de loi au Sénat, "entend en discuter avec la ministre des Transports". Au cours des "15 jours ou trois semaines" à venir, "il peut se passer des choses, mais on n'a pas encore de garanties" et "il n'est pas question de baisser la garde", a expliqué M. Mariani.
La CGT décidera jeudi si elle s'y rend. SUD-Rail "n'a pas de raison d'y retourner", a dit M. Poncet.
Le projet syndical de "journée sans cheminots" lundi est "maintenu, mais nous savons très bien qu'elle ne sera pas sans cheminots", a reconnu M. Brun, prévoyant toutefois "une mobilisation plus importante" dans le cadre de la grève. Lundi sera la 18e journée du mouvement depuis son lancement début avril.
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