Soupçon de financement libyen : le carnet d'un cadre du régime de Kadhafi qui accable Sarkozy
Entre la publication à charge du livre de Patrick Buisson, La Cause du peuple, et le prolongement de la garde à vue de Bernard Squarcini et Christian Flaesch dans une affaire de trafic d'influence impliquant des proches de l'ancien chef de l'Etat, la journée de ce mardi 27 s'annonçait difficile pour Nicolas Sarkozy. Est venue se greffer à ses deux affaires particulièrement gênantes pour le candidat à la primaire de la droite, une fracassante révélation de Mediapart dans l'affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007 de l'ancien président de la République.
En effet, le site d'investigation dirigé par Edwy Plenel a dévoilé ce mardi le contenu d'un carnet de notes d'un ancien ministre du pétrole de Kadhafi, Choukri Ghanem. Ces notes, qui seraient entre les mains de la justice, détaillent une série "de versements occultes au profit de l'ancien chef de l'État français, pour au moins 6,5 millions d'euros, au moment de l'élection présidentielle de 2007" écrit Mediapart.
Le premier versement d'un million d'euros aurait été effectué par l'ancien ponte du régime libyen à la date du 29 avril 2007, entre les deux tours de l'élection présidentielle que Nicolas Sarkozy s'apprête à remporter. A cette somme s'ajoutent trois millions d'euros versés par Saïf al-Islam Kadhafi, fils du colonel défunt, et deux millions remis par Abdallah Senoussi, beau-frère du dictateur et chef des services secrets libyen.
Le carnet mentionne également "une impatience des destinataires quant à la réception physique des fonds", toujours selon des informations recueillies par Mediapart. Ledit carnet aurait été retrouvé lors d'une perquisition au domicile du beau-frère de Choukri Ghamen aux Pays-Bas, et pour cause, l'ancien ministre du pétrole a été retrouvé mort noyé à Vienne le 29 avril 2012 où il s'était réfugié à après avoir rompu avec le régime de Tripoli l'année précédente.
La vielle de sa mort, Mediapart avait publié un document libyen évoquant un accord de principe des autorités libyennes pour financer la campagne de Nicolas Sarkozy à hauteur de 50 millions d'euros. Le candidat à la primaire de la droite a toujours réfuté l'authenticité de ce document, niant avoir touché de l'argent du guide libyen qu'il avait reçu en grande pompe en décembre 2007.
En juin 2016, les juges chargés d'instruire la plainte pour faux et usage de faux déposée par Nicolas Sarkozy contre Mediapart avaient rendu une ordonnance de non-lieu, confortant les révélations du site d'Edwy Plenel. Dans une procédure judicaire distincte sur cette affaire de financement, l'ancien secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant avait été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, à cause d'un virement suspect de 500.000 euros qu'il a justifié par la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges.
Des accusations également confirmées par les propos du fils du dictateur, Saïf al-Islam qui avait demandé dans une vidéo, à Nicolas Sarkozy, de "rendre l'argent qu'il avait accepté de la Libye" en pleine guerre civile libyenne et avant l'intervention française sous mandat de l'ONU...
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