"Un président de la République qui rend honneur à Pétain" : Mathilde Panot provoque un tollé à gauche et dans le camp Macron
Les commémorations politiques organisées pour les 80 ans de la rafle du Vél’d’Hiv, samedi 16 et dimanche 17 juillet, ont été le lieu d’une violente polémique à la suite d’un message publié sur Twitter, samedi, par la députée La France insoumise du Val-de-Marne, Mathilde Panot. Son tweet a suscité une volée de réactions indignées dans le camp présidentiel ainsi que d’une certaine partie de la gauche et au sein de la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale (Nupes).
« Il y a quatre-vingts ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du Vél’d’Hiv. Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN », a écrit sur Twitter, samedi, la présidente du groupe parlementaire de LFI à l’Assemblée nationale.
Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du #VeldHiv
— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 16, 2022
Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN !
« Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat »
L’élue fait référence à une déclaration d’Emmanuel Macron datant de 2018, à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Le chef de l’État s’était prononcé pour que Philippe Pétain soit honoré, comme les autres maréchaux de France de l’époque, lors de la cérémonie du 11-Novembre célébrant l’Armistice aux Invalides, à Paris.
« Le maréchal Pétain a été pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat, c’est une réalité de notre pays. C’est aussi ce qui fait que la vie politique, comme l’humaine nature, sont parfois plus complexes que ce qu’on pourrait croire. On peut avoir été un grand soldat à la Première Guerre mondiale et avoir conduit à des choix funestes durant la deuxième », avait alors déclaré M. Macron, interrogé sur ce choix par la presse.
« Je me suis toujours opposé au défaitisme français lorsqu’il a pu exister, à la complaisance avec toute idéologie. Vous ne pouvez pas me reprocher à moi d’être ambigu sur ce point : j’ai toujours été absolu dans ce combat », avait tout de suite précisé le président de la République.
Au sein de la gauche et de la Nupes, des membres se désolidarisent
Suite au message de Mathilde Panot, le ministre chargé des Transports, Clément Beaune, a enjoint la députée à effacer son tweet et à présenter « ses excuses à la France, vite ». « Au-delà de la honte. On n’ose y croire », a-t-il réagi sur le même réseau social. « Quelle honte ! », « La nausée », « Aucune limite dans l’indécence », ont encore décrié respectivement les ministres Agnès Firmin Le Bodo, Isabelle Rome et Olivier Dussopt.
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a répondu à Mme Panot en relayant sur Twitter l’intervention de Robert Badinter, alors président du Conseil constitutionnel, qui avait conspué, en 1992, les membres du public ayant sifflé François Mitterrand lors de son arrivée à la cérémonie des 50 ans de la rafle du Vél’ d’Hiv. « Les morts vous écoutent. Croyez-vous qu’ils écoutent ça ? (…) Je ne demande que le silence que les morts appellent. Taisez-vous », a cité Mme Braun-Pivet.
« J’ai mal à ma France (…) qui sait nommer l’antisémitisme et le combattre ; qui ne confond pas tout, ne brouille pas les destins ; qui se souvient, transmet, sans instrumentaliser, dans la dignité de l’unité », a commenté, à gauche, la présidente du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga. « Quand on s’offusque légitimement des équivalences hasardeuses et injurieuses, on s’abstient soi-même d’y céder. Donc de la même manière que LFI≠RN, Macron≠Pétain », a aussi relevé le député de l’Essonne, Jérôme Guedj, membre de la Nupes.
Quand on s’offusque légitimement des équivalences hasardeuses et injurieuses, on s’abstient soi-même d’y céder. Donc de la même manière que LFI≠RN, Macron≠Pétain.
— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) July 16, 2022
Et surtout en une journée de commémoration et donc d’union nationale, produire de la polémique dessert la cause
Sébastien Chenu, député RN et vice-président de l'Assemblée nationale, s’est également joint aux critiques. « Outrance, indécence, ignorance, La France insoumise franchit chaque jour davantage la ligne rouge qui la rapproche du précipice », a-t-il commenté sur le réseau social.
Outrance, indécence, igno-rance, la @FranceInsoumise franchit chaque jour davantage la ligne rouge qui la rapproche du précipice. Heureusement que jamais les Français ne confieront les clefs du pays à ces extrémistes https://t.co/pUP3vWmICS
— Sébastien Chenu (@sebchenu) July 16, 2022
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