Université d'été du Medef : Juppé applaudi, Yade écoutée, Lienemann sifflée
C'était salle comble et applaudissements nourris à l'université d'été du Medef pour accueillir Alain Juppé, le troisième candidat à la primaire de la droite qui montait à la tribune ce mercredi 31. Et qui n'y est pas allé par quatre chemins pour justifier son ambition présidentielle: "Je crois que je suis l'homme de la situation", a-t-il déclaré tout en tenant à rassurer l'audience d'entrepreneurs lui faisant face: "Je sais ce que je veux faire (...) et je sais comment je vais le faire". Car Alain Juppé l'avait dit dans les médias et l'a redit aujourd'hui, il annoncera "clairement la couleur" de son action présidentielle, avec une équipe de ministres durables ("et pas exclusivement occupés par leur campagne présidentielle" , envoie-t-il comme un clin d'oeil mordant à François Hollande et les candidatures issues de son gouvernement). Car, pour le maire de Bordeaux, "le déclin est là. Il ne faut pas s'y résigner".
Et la "couleur" qu'il veut annoncer est d'abord d'ordre fiscale: une loi de programmation sur cinq ans pour plus de stabilité, une baisse des charges compensée par une hausse de 1 point de la TVA, une baisse immédiate de l'IS à 30% en attendant plus, l'abrogation du compte pénibilité, et la clarification dans le droit du Travail des motifs de licenciement, pour ne pas les laisser à l'appréciation, aléatoire, du juge. Il envisage même de supprimer l'impôt de solidarité sur la fortune, qu'il avait pourtant durci en 1995 lorsqu'il étair Premier ministre, en le déplafonnant. "J'ai fait une connerie" (sic), a-t-il admis devant le public.
Alain Juppé souhaite également réaliser un voeu cher aux patrons, "changer l'image de l'entreprise dans le monde éducatif", par exemple en développant les envois d'enseignants en entreprise sur de courtes durées pour faire évoluer le regard entre deux mondes qui se méfient l'un de l'autre. Concluant sa prestation, Alain Juppé, qui reconnaît qu'"on ne retrouvera pas +les Trente glorieuses+" , s'est emporté contre les "pisse-vinaigres" (sic) qui dénigrent constamment la France. "On peut arriver au plein emploi" , a-t-il enfin lancé en note d'espoir.
Alain Juppé a ensuite cédé la place à à deux candidates outsider de cette campagne. Rama Yade tout d'abord, qui a annoncé le 21 avril dernier sa candidature, a joué la carte de la proximité avec son auditoire en rappelant qu'elle est devenue auto-entrepreneuse récemment, ce qui fût "une révolution culturelle" pour elle qui l'aurait sensibilisée aux contraintes rencontrées par les chefs d'entreprise. Elle s'est même prononcé pour "une supression de l'IS (l'impôt sur les sociétés, NDLR)" . Ni plus, ni moins.
Dernière personnalité politique à venir présenter son projet, Marie-Noëlle Lienemann, candidate à la primaire de la gauche, et représentant l'aile gauche du Parti socialiste. Devant faire face à une salle se vidant à vue d'oeil, et à quelques sifflets, elle assume sa volonté de "soutien du pouvoir d'achat et de hausse des salaires". Quelques autres sifflets ont retenti lorsque, répondant à une question, elle a déclaré sans détour qu'il "n'est pas nécessaire de modifier le CDI. Je crois à la hiérarchie des normes". Elle a également fustigé une Europe, et une France, "inféodée à la seule vision anglo-saxonne ou allemande". Créditée de seulement 6% d'intentions de vote pour la primaire dans la plupart sondages, il y a peu de chance qu'elle ait augmenté son score face aux membres et sympathisants du principal syndicat patronal...
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