Guerre en Ukraine : Poutine évoque la possibilité de pourparlers de paix tandis que l’UE prolonge ses sanctions contre la Russie

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France-Soir
Publié le 29 janvier 2025 - 11:54
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Prokofyev / AFP
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Si Donald Trump a menacé le Kremlin de nouvelles sanctions si Moscou ne conclut pas un accord avec Kiev pour mettre fin à la guerre, Bruxelles a déjà annoncé le prolongement de ses sanctions contre la Russie, renouvelées pour six mois. Les ministres des Affaires étrangères des 27 États membres se sont mis d’accord lundi pour adopter cette décision, malgré l’incertitude qui régnait les derniers jours en raison de l’opposition de la Hongrie. La mesure se justifierait par l’avancée des troupes russes sur le front. De son côté, Vladimir Poutine a évoqué la question des pourparlers de paix.   

Les sanctions européennes qui touchent les secteurs énergétiques, la technologie, la finance, les transports et la radiodiffusion ainsi que le gel de 210 milliards d’euros d’actifs de la Banque centrale de Russie devaient expirer ce vendredi 31 janvier. Les ministres des AE de l’UE devaient ainsi parvenir à un accord avant cette échéance, pour espérer reconduire ces sanctions. 

Orban exige des garanties énergétiques, l’UE parvient à un accord 

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, faisait planer le doute. Budapest tout comme Bratislava protestent depuis la fin de l'année écoulée contre la décision de l’Ukraine de mettre fin le 01 janvier dernier au transit du gaz russe par son territoire. "Ce qui est verrouillé aujourd'hui doit être rouvert. Ce n'est pas une question pour l'Ukraine, c'est une question pour l'Europe, une question pour l'Europe centrale", a-t-il déclaré vendredi, menaçant de mettre son véto. 

"Si les Ukrainiens veulent de l'aide, par exemple des sanctions contre les Russes, alors rouvrons les routes de transit du gaz et permettons aux pays d'Europe centrale, y compris la Hongrie, de recevoir le gaz dont nous avons besoin via l'Ukraine", a-t-il ajouté. 

Mais les diplomates de Bruxelles ont rejeté l'argument, dénonçant une diplomatie "transactionnelle" de la part de la Hongrie. "Les menaces sont prises au sérieux", a déclaré un diplomate le même jour, après l’échec de premières discussions des ambassadeurs. Ces derniers ont accordé des garanties à Budapest, parvenant à faire lever ses réserves.  

Lundi, Bruxelles annonçait un accord. L'UE renouvelle pour une durée de six mois des sanctions, dont le délai pour la dernière prolongation allait expirer vendredi. Ces mesures touchent principalement les secteurs russes du pétrole, du charbon, de la technologie, de la finance, des transports et de la radiodiffusion, ainsi que le gel de 210 milliards d'euros d'actifs de la Banque centrale de Russie. 

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a déclaré dans un post sur X que "cela continuera à priver Moscou de revenus pour financer sa guerre. La Russie doit payer pour les dommages qu'elle cause”, a-t-elle ajouté.  

Cette annonce intervient au moment où l’armée russe réalise de nouvelles avancées dans l’Est de l'Ukraine, avec la prise du village Velyka Novosilka, considéré comme un nœud logistique et tactique dans le Donetsk. La Défense ukrainienne n’a pas confirmé l’information mais a évoqué son retrait de certains quartiers du village pour que ses soldats ne soient pas encerclés.  

"Nos unités, profitant des conditions météorologiques, se sont habilement retirées des zones où il y avait une menace d'encerclement. Cela ne signifie pas que nous avons complètement quitté la ville, les combats à Velyka Novosilka se poursuivent”, insiste-t-on à Kiev.  

Moscou “ouvert au dialogue”, Poutine pose ses conditions 

Lors de sa déclaration aux journalistes avant la réunion des ministres des AE, Kaja Kallas a également félicité le président américain Donald Trump pour avoir fait pression sur la Russie afin qu'elle mette fin à la guerre en Ukraine. Ironie du sort, c’est désormais un D. Trump qui ne souhaite plus s’adresser qu’aux pays “souverains” par le biais de leurs dirigeants directement, ne semblant plus porter crédit aux institutions européennes. 

Jeudi, le Kremlin s’est dit prêt à un dialogue "dans le respect mutuel" avec Donald Trump. C’est le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, qui a réagi aux déclarations du président américain. Il a déclaré ne "rien voir de particulièrement nouveau" dans les premiers propos du milliardaire, lui qui, de 2017 à 2021, "a été le président américain qui a le plus eu recours à ces méthodes de sanctions", a-t-il ajouté.  

"Nous restons prêts au dialogue, à un dialogue sur un pied d’égalité et dans le respect mutuel", a néanmoins précisé Dmitri Peskov. "Lors de sa première présidence, il y avait eu un tel dialogue entre Poutine et lui", a-t-il rappelé.  

Hier, c’était Vladimir Poutine qui a déclaré à ce propos que “toute potentielle discussion sera illégitime tant que l'interdiction de négocier avec la Russie imposée par Vladimir Zelensky est en place. Si nous engageons des pourparlers maintenant, ils seront illégitimes”, a-t-il expliqué dans une interview accordée mardi à un journaliste du groupe VGTRK. Il a affirmé que son pays était prêt “à respecter les conditions des accords conclus avec l'Ukraine au printemps 2022, malgré la présence d'objections”, tout en critiquant son homologue ukrainien, qu’il ne considère plus comme légitime, son mandat ayant pris fin en 2024. 

Pour lui, le conflit avec l'Ukraine prendra fin dans un mois ou deux si Kiev manque de munitions. “Ils peuvent effectivement exister ; mais ils ne dureront pas un mois si l'argent et, au sens large, les munitions viennent à manquer”. 

Les positions russe et américaine contrastent bien avec celle de Bruxelles. Contrairement à Washington, qui s'engage activement dans une tentative de médiation à laquelle le Kremlin se dit ouvert, l’UE maintient un soutien militaire, économique et politique à l'Ukraine, tout en rompant, vraisemblablement, tout dialogue avec Moscou.  

Si les 27 (et le Royaume-Uni) semblent surtout se projeter dans l’après-guerre à travers des accords ainsi que des engagements financiers et militaires importants pour l'Ukraine, et s’étalant sur plusieurs années, les efforts concrets pour établir la paix sur son propre sol restent limités.  

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