Adhésion de Kiev à l’OTAN : le Slovaque Robert Fico promet de bloquer la candidature ukrainienne tant qu’il sera Premier ministre
L’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne (UE) n’est pas la seule procédure de Kiev à susciter la réticence de quelques États membres. Sa candidature auprès de l’OTAN, déposée plusieurs mois après l’invasion russe, inquiète certains dirigeants européens, parmi lesquels Robert Fico. Dans une interview accordée dimanche à une radio étatique, le Premier ministre slovaque a fait part de ses intentions de s’opposer à une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, “une bonne base pour une troisième guerre mondiale”.
Depuis que l'Ukraine a officiellement déposé sa candidature auprès de l'OTAN fin septembre 2022, plusieurs États membres de l'UE se sont montrés réticents. Tandis que le désormais ex-secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, remplacé la semaine dernière par le néerlandais Mark Rutte, ait plusieurs fois déclaré que Kiev serait invitée à rejoindre l'alliance "quand les alliés seront d'accord et que les conditions seront réunies", des pays comme l'Allemagne et les États-Unis ont exprimé des réserves, principalement en raison des craintes d'une escalade du conflit avec la Russie.
Toujours financée et équipée mais jamais officiellement invitée
Le nouveau chef de l'alliance, Mark Rutte, s'est rapidement engagé à renforcer le soutien de l'Occident à l'Ukraine. La France, initialement prudente, a récemment adopté une position plus favorable, tandis que des pays d'Europe de l'Est et des États baltes soutiennent fermement l'adhésion de l'Ukraine. Toutefois, le pays d'Europe de l'Est n'a toujours pas reçu d'invitation officielle et la Hongrie de Victor Orban tout comme la Slovaquie de Robert Fico ont sans cesse rejeté le scénario.
Viktor Orban, qui avait aussi mis son véto contre une adhésion de l’Ukraine à l’UE avant de se voir forcer la main par les 26 autres États membres, affirme que “les conditions ne sont pas remplies pour entamer des négociations d'adhésion avec Kiev”. De son opinion, l'UE devrait d'abord proposer un "partenariat stratégique" à l'Ukraine avant d'envisager des négociations d’intégration.
Son homologue slovaque, Robert Fico, qui a survécu à une tentative d'assassinat en mai dernier, se montre plus ferme encore. Interrogé dimanche par le radiodiffuseur STVR, il a promis qu’il n’autoriserait pas l’Ukraine à devenir membre de l’OTAN tant qu’il serait à son poste. Un coup supplémentaire aux ambitions ukrainiennes d’adhérer à l’alliance transatlantique.
"Je demanderai aux législateurs sous mon contrôle en tant que président du parti Smer de ne jamais accepter que l'Ukraine rejoigne l'OTAN", a-t-il déclaré. Robert Fico estime qu’une telle démarche “serait une bonne base pour une troisième guerre mondiale". Très critique envers l’Occident et son soutien, aussi bien financier que militaire, depuis l’invasion russe en février 2022, il a réitéré dimanche ses griefs.
"Il y a un conflit militaire dans un pays voisin où les Slaves s'entretuent, et l'Europe soutient de manière significative cette tuerie, ce que je ne comprends tout simplement pas", a-t-il dénoncé. Tout comme Viktor Orban, M. Fico appelle depuis sa campagne électorale à privilégier des “solutions diplomatiques”. “Tout le monde pense qu'à travers l'Ukraine, nous mettrons les Russes à genoux, mais ce problème ne peut pas être résolu militairement", a réitéré le chef du Smer-SD.
Fico à Moscou en mai 2025
Pendant sa campagne, il avait notamment promis de “ne plus envoyer une seule munition à l’Ukraine”, s’opposant ainsi à la livraison d’armes et d’équipements militaires à Kiev. Il avait, par la même occasion, critiqué les sanctions imposées à la Russie depuis l’annexion de la Crimée, affirmant que les mesures “nuisaient surtout aux populations et pas au régime”.
Un journal slovaque a toutefois dévoilé la semaine passée que les exportations d’armes, de munitions et d’autres équipements ont atteint environ 112 millions d’euros sous le gouvernement Fico. D’autres médias locaux affirment que l’exécutif a déposé des plaintes pénales contre les membres de l’ancien gouvernement pour les dons d’avions de chasse à Kiev.
Ses déclarations sont intervenues la veille de sa rencontre avec le Premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, auprès de qui il a fait preuve de transparence. "C'est quelque chose que j'ai dit ouvertement au premier ministre Chmyhal, aux Américains et à tout le monde", a-t-il ajouté dimanche.
Souvent considéré comme un des plus proches alliés de Moscou, Robert Fico, qui a été Premier ministre à deux reprises, de 2006 à 2010 puis de 2012 à 2018, a annoncé son voyage pour la capitale russe en mai 2025. Il a qualifié les commémorations prévues par la Russie pour le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale de “rassemblement pour la paix”.
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