Claque électorale pour la coalition du chancelier allemand Olaf Scholz, défaite aux scrutins régionaux par le parti de droite AfD
MONDE - “Sanction pour le gouvernement”, “coup dur”, “désastreux”... C’est dans ces termes que la presse allemande a annoncé la défaite cuisante de la coalition gouvernementale du chancelier allemand Olaf Scholz, dimanche 8 octobre 2023, lors des élections régionales dans les États de Bavière et de la Hesse. Les sociaux-démocrates (SPD), menés par le ministre de l’Intérieur, Nancy Faeser, les Verts et les libéraux du FDP ont été dépassés par les conservateurs dans ces deux Länder, où le parti de droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), hostile à l’Union Européenne, pourrait se positionner à la seconde place. Les Allemands se sont-ils exprimés contre les idées de Davos et de son Agenda 2030 ?
Les conservateurs chrétiens ont remporté le scrutin haut la main, en Bavière, le plus riche État allemand, comme en Hesse, dont la capitale est Francfort, où se trouve le siège de la Banque centrale européenne (BCE). Ces deux États comptent à eux seuls pour un quart des électeurs du pays.
Un “signal” à la coalition de Scholz
Le ministre-président de Bavière, Markus Söder, est arrivé à la tête du suffrage avec 36,7 % des voix, le plus bas depuis plus de 70 ans pour le parti Union chrétienne-sociale (CSU). Les conservateurs sont loin devant l’AfD, qui totalise 15,8 % des voix, au coude à coude avec les Verts (15,6 %). Le SPD du chancelier allemand a encore reculé, atteignant 8,5%, derrière les Electeurs libres (14 %), formation très conservatrice avec laquelle Markus Söder envisage de reconduire sa coalition.
En Hesse, les sociaux-démocrates font pire puisqu’ils se classent à la quatrième position avec seulement 15,2 % des suffrages, laissant le champ libre à l’Alternative pour l’Allemagne (16,8 %) et les Verts (15,5 %). Les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate, menés dans cet Etat par un certain Boris Rhein, cartonnent aussi et décrochent un taux de 34,7 % à l’issue des élections, en hausse par rapport à 2018 (27 %).
S’il ne fait aucun doute que la CSU sort vainqueur de ces élections régionales selon les premières estimations, les résultats définitifs sont attendus pour savoir si l’AfD se maintient à la deuxième place en Bavière. “Nous sommes sur la bonne voie”, a réagi la co-cheffe de l’AfD, Alice Weidel, selon qui les résultats sont “une punition” pour le gouvernement et “un vote pour un changement”. "Nous sommes le parti des travailleurs, le parti des familles. Les élections de la Hesse et de la Bavière l'ont clairement démontré”, a-t-elle ajouté lundi 9 octobre 2023 lors d’une conférence de presse.
Pour le SPD, cette défaite est un “signal aux trois partis” de la coalition au pouvoir, qui doit les inciter "à régler plus rapidement" les problèmes des Allemands. Nancy Faeser estime de ce côté que “ce résultat est très décevant”. “Nous devrons tirer les conséquences de ce vote”, a de son côté déclaré le secrétaire général du SPD, Kevin Kühnert. Un avis partagé par le quotidien Der Spiegel : "La perte de soutien est tellement évidente".
Les Verts ont exprimé leur satisfaction malgré un recul dans les deux États. “Nous avons démontré que nous étions bien ancrés dans les deux Länder”, déduit Ricarda Lang, coprésidente des Verts. Quant aux vainqueurs, leur meneur Markus Söder a salué le choix des Bavarois pour “la stabilité”.
L’Agenda 2030 menacé ?
Élu en 2021 par le Bundestag, le chancelier Olaf Scholz, un habitué du Forum de Davos (World Economic Forum, WEF) et des réunions informelles et privées de Bilderberg, qui se déroulent chaque année à huis-clos, ne s’est toujours pas exprimé. L’un des principaux soutiens à l’agenda 2030 du WEF et des Nations unies, visant à atteindre “atteindre 17 objectifs de développement durable”, se retrouve politiquement affaibli et impopulaire à mi-mandat.
La percée de l’Alternative pour l’Allemagne dans ces deux Etats est d’autant plus choquante aux yeux de la presse locale que la Bavière et la Hesse ont habituellement incarné une Allemagne prospère.On ne peut plus dire que l'AfD est un parti exclusivement fort dans l'est du pays.
Créée en 2013 pendant la crise financière européenne par des conservateurs hostiles à la zone euro et insatisfaits de la politique de l’ancienne chancelière, Angela Merkel, l’AfD a réussi le pari d’accéder au Parlement européen puis au Bundestag (parlement allemand, NDLR) en quelques années.
Opposée à l’immigration ainsi qu’aux mesures européennes pour le climat, la formation politique a vu son organisation de jeunesse être classée en avril 2023 comme “extrémiste” par les services de renseignement et placée sous “surveillance étroite”. Malgré sa présence au parlement allemand et sa percée en Bavière et en Hesse, l’AfD ne devrait toujours pas être représenté au gouvernement. La coalition menée par Olaf Scholz et les chrétiens-démocrates envisagent de s’unir pour réduire l’influence de ce parti de droite. “L’AfD est un parti populaire pan-allemand. Nous tenir à l'écart de la responsabilité gouvernementale ne fonctionnera pas à long terme”, prévient sa cheffe.
Ce scrutin a évidemment suscité l’inquiétude de l’Union européenne, déjà secouée par la victoire en Slovaquie du parti Smer-SD il y a une dizaine de jours. Le fondateur et actuel dirigeant de ce parti, Robert Fico, retrouve le poste de Premier ministre, après s’être engagé, durant ses campagnes, à mettre fin au soutien militaire de son pays à l’Ukraine.
L’Autriche pourrait devenir le prochain pays de l'Union européenne à se doter d'un gouvernement de droite. Qu’adviendra-t-il à l’UE si l’un de ses principaux leaders se dote, à son tour, d’un gouvernement de droite, de surcroît hostile à ses mesures ? Les Nations unies et le Forum économique mondial de Klaus Schwab doivent-ils s’inquiéter aussi ?
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.