Crise énergétique : que retenir du discours de von der Leyen au Parlement ?
La crise énergétique menace l’économie du continent européen. Ce mercredi 14 septembre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a tenu son discours annuel « sur l’état de l’UE » devant les parlementaires réunis à Strasbourg à 9h. Après avoir réaffirmé son soutien envers l’Ukraine, au côté de la Première dame ukrainienne Olena Zelenska, grande invitée de ce débat parlementaire, la cheffe de l’exécutif de l'UE a annoncé plusieurs mesures d’urgence pour faire face à l'inflation galopante et aux factures d'électricité dont les prix ne cessent d'augmenter. Elle a notamment annoncé un plafonnement des « super-profits » qui rapporterait 140 milliards d’euros aux États européens, une réforme du marché de l’électricité ou encore la création d’une banque publique dédiée à l’hydrogène.
L'UE poursuit son soutien envers Kiev
À l’occasion du discours annuel sur l’état de l’Union européenne (SOTEU), Ursula von der Leyen s’est félicitée d’avoir vu les Européens « unis » face à « l’agression russe » en Ukraine, en présence d’Olena Zelenskya, la Première dame ukrainienne et invitée d’honneur au sein du Parlement de Strasbourg ce 14 septembre.
« Il y a quinze ans, lors de la crise financière, il nous a fallu des années pour trouver des solutions durables. Une décennie plus tard, lorsque la pandémie mondiale a frappé, il ne nous a fallu que quelques semaines. Mais cette année, dès que les troupes russes ont franchi la frontière de l’Ukraine, notre réponse a été unie, déterminée et immédiate », a déclaré la cheffe de la Commission.
Pour Ursula von der Leyen, il ne s’agit pas seulement d’une guerre déclenchée par la Russie contre l’Ukraine, mais également d’une « guerre contre notre énergie, une guerre contre notre économie, une guerre contre nos valeurs et une guerre contre notre avenir ». Elle considère même qu’il « s’agit de l’autocratie contre la démocratie ». Se félicitant des sanctions européennes à l’égard de la Russie qui « fonctionnaient », elle a déclaré que « les sanctions sont là et vont rester » et qu’il ne fallait pas chercher « l’apaisement ».
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Par ailleurs, la présidente de la Commission européenne a affirmé que « l’industrie russe est en lambeaux » en prenant l’exemple de « l’armée russe qui prend des puces de lave-vaisselle et de réfrigérateurs pour réparer son matériel militaire, car ils sont à court de semi-conducteurs ». Face aux parlementaires, elle a assuré que « grâce à notre courage et à notre solidarité, Poutine échouera et l’Europe vaincra ».
La cheffe de l’UE a appelé à maintenir le soutien financier à Kiev, promettant par ailleurs de « soutenir la réhabilitation des écoles ukrainiennes endommagées ». Pour cela, elle promet 100 millions d’euros d’aides supplémentaires. Afin d'étendre le partenariat avec l’Ukraine, Ursula von der Leyen a annoncé que l’Ukraine allait entrer « dans notre zone européenne de libre circulation », avec un « accès transparent au marché unique ».
Mais, en réponse à l'invasion russe en Ukraine, les pays européens ont multiplié les sanctions économiques envers la Russie. Aujourd'hui, l'UE se retrouve dans une crise énergétique sans précédent. Celle-ci impacte aussi bien les entreprises que les ménages. Suite à cela, la Commission a proposé des mesures visant à réduire la facture d'électricité.
Réduire la demande électrique pendant les heures de pointe
Pour Ursula von der Leyen, la hausse du coût de l’électricité est provoquée par la Russie qui manipule « le marché de l’énergie », mais aussi suite aux répercussions du réchauffement climatique. Elle a expliqué que « le prix de l’essence a été multiplié par plus de 10 par rapport à avant la pandémie. Joindre les deux bouts devient une source d’anxiété pour des millions d’entreprises et de ménages ».
Ainsi, la présidente de la Commission a proposé des mesures pour que les États membres de l’UE puissent réduire leur consommation globale d’électricité afin de freiner les répercussions de la crise énergétique. Elle propose notamment de « réduire la demande pendant les heures de pointe » pour « faire baisser les prix ».
D’autres mesures ont été envisagées par la Commission. En effet, Ursula von der Leyen a proposé de « plafonner les revenus des entreprises » du secteur de l’énergie « qui produisent de l’électricité à bas coût ».
Plafonner les superprofits
« Des millions d’Européens ont besoin de soutien. Les États membres de l’UE ont déjà investi des milliards d’euros pour aider les ménages vulnérables. Mais nous savons que cela ne suffira pas », a confirmé Ursula von der Leyen. Et d'affirmer : « C’est pourquoi nous proposons de plafonner les revenus des entreprises qui produisent de l’électricité à bas coût. Ces entreprises réalisent des revenus dont elles n’ont même jamais rêvé ».
La cheffe de l'UE a précisé : « Dans notre économie sociale de marché, les profits sont une bonne chose. Mais par les temps qui courent, il n’est pas bon de recevoir des profits records extraordinaires en profitant de la guerre et sur le dos des consommateurs ». Elle a aussi ajouté que « les grandes compagnies pétrolières, gazières et charbonnières réalisent aussi d’énormes bénéfices » qui doivent donc « payer leur juste part ». Selon elle, cette taxe pourrait rapporter « 140 milliards d’euros », sans toutefois préciser qui des pays européens ou de la Commission pourrait la collecter.
Suite à la demande de plusieurs États membres, Ursula von der Leyen a annoncé qu’elle allait « découpler l’influence dominante du gaz sur le prix de l’électricité » en procédant « à une réforme profonde et complète du marché de l’électricité ». Cette réforme s’explique en raison de « la conception actuelle du marché de l’électricité » qui « ne rend plus justice aux consommateurs qui devraient récolter les fruits des énergies renouvelables à bas coût », a-t-elle justifié.
Hydrogène vert, terres rares et lithium
En matière d’énergies fossiles, Ursula von der Leyen estime que les Européens devraient se tourner vers l’hydrogène vert qui pourrait « changer la donne ». La présidente de la Commission a proposé de créer une « banque européenne de l’hydrogène » capable d’investir 3 milliards d’euros.
Afin d’éviter les ruptures d’approvisionnement dans les « matières premières critiques », notamment les terres rares et le lithium qui sont principalement contrôlés par la Chine, l’UE compte se doter de « réserves stratégiques ». En effet, Ursula von der Leyen a déclaré : « Près de 90 % des terres rares et 60 % du lithium sont transformés en Chine. Nous allons définir des projets stratégiques tout au long de la chaîne d'approvisionnement, de l'extraction au raffinage, de la transformation au recyclage, et nous constituerons des réserves stratégiques là où l'approvisionnement est menacé ».
D'autres thématiques ont également été abordés, surtout les principes démocratiques et la lutte contre la corruption.
Lutte contre la corruption
Voir aussi : À contre-courant de la politique de l'UE, la Hongrie obtient un accord pour se faire livrer plus de gaz russe
Ursula von der Leyen a également fait part de son souhait de voir les pays européens se battre pour l'État de droit et pour les principes démocratiques, notamment en luttant contre la corruption. « Si nous voulons être crédibles lorsque nous demandons aux pays candidats de renforcer leurs démocraties, nous devons aussi éradiquer la corruption chez nous », a-t-elle déclaré.
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