Donald Trump favorable à la torture mais son équipe reste divisée
Le président Donald Trump affirme que la torture est efficace, mais son administration devra y regarder à deux fois avant de rétablir les pratiques de la CIA sous George W. Bush, qui ont scandalisé la planète.
La torture fonctionne "absolument" a estimé mercredi 25 sur ABC le président Donald Trump, au moment où circulent à Washington des rumeurs sur un projet de décret ré-autorisant les prisons secrètes de la CIA, où les détenus étaient soumis à des "interrogatoires poussés".
Mais la perspective d'un retour aux méthodes de l'époque de l'après 11-Septembre ont suscité de nombreuses réactions hostiles, y compris dans le camp républicain.
"La torture n'est pas légale. Et nous sommes d'accord pour qu'elle ne le soit pas", a déclaré jeudi 26 Paul Ryan, président de la chambre des représentants et l'un des principaux chef de file républicains.
"Je pense que quasiment tous mes collègues (républicains) sont satisfait de l'état actuel de la loi en la matière" a renchérit Mitch McConnell, le président du Sénat. De leur côté, les ONG américaines de défense des droits de l'homme sont prêtes à reprendre le combat initié sous la présidence de George W. Bush.
La simulation de noyade et autres méthodes "d'interrogation poussées" sont "complètement immorales et inefficaces", a estimé Donna McKay, qui préside Physicians for Human Rights, une ONG de médecins américains qui aide à documenter les violations de droits de l'homme à travers le monde.
Raviver le débat sur l'utilisation de la torture "ne fait que nuire à la stature morale et à la sécurité nationale des Etats-Unis", a-t-elle ajouté.
Donald Trump a bien pris soin de préciser que quelque soit sa conviction personnelle, il s'en remettrait à l'avis de son équipe et notamment de James Mattis, son secrétaire à la Défense, et Mike Pompeo, le directeur de la CIA.
Pour le général Mattis, la question semble réglée. L'ancien général des Marines a déjà fait part de son opposition à la simulation de noyade et autres méthodes assimilées à la torture et il "n'a pas changé de position", a indiqué un porte-parole du Pentagone.
Pour le directeur de la CIA, Mike Pompeo, la position est plus ambigüe. Cet ancien parlementaire, qui avait défendu bec et ongles la CIA et ses pratiques passées, n'a pas prôné publiquement le rétablissement des "interrogatoires poussés".
Mais il a tout de même indiqué qu'il consulterait en interne pour savoir si les restrictions actuelles était une "entrave à l'acquisition de renseignement vitaux".
Le rapport de la commission d'enquête du Congrès américain sur l'utilisation de la torture par la CIA avait affirmé que les "interrogatoires poussés" n'avaient permis de récupérer aucune information valable dans la lutte anti-terroriste.
A Guantanamo, la relance du débat a en tout cas suscité la consternation chez les avocats participant à une session du tribunal militaire chargé de préparer le procès des 5 accusés du 11-Septembre.
"La torture et la bonne administration de la justice sont par essence incompatibles", a résumé James Connell, avocat de l'un des accusés, le Yéménite Ramzi ben al-Chaïba.
Les cinq hommes sont détenus depuis une quinzaine d'années, inculpés depuis neuf ans, mais la préparation de leur procès est engluée dans une procédure qui n'en finit pas.
La procédure se heurte notamment au fait que l'enquête a été nourrie par des éléments issus "d'interrogatoires poussés".
Khalid Sheikh Mohammed, l'un des cinq accusés et le cerveau supposé des attaques, a subi 183 simulations de noyade. Les éléments obtenus sous la contrainte ne peuvent être utilisés à charge contre les accusés pendant leur procès. Mais les avocats estiment que les éléments obtenus dans les interrogatoires postérieurs, sans mauvais traitement, sont viciés et ne peuvent pas non plus être utilisés.
Ce sont "les fruits de l'arbre empoisonné", répètent souvent les avocats de la défense, expliquant que ces éléments n'auraient peut-être pas été obtenus sans les mauvais traitements antérieurs.
Mercredi 25, dans la salle d'audience du tribunal, Walter Ruiz, avocat du Saoudien Moustapha al-Houssaoui, a poussé vers son client son confortable siège de bureau à la place du siège en dur qui attendait celui-ci.
Moustapha al-Houssaoui a sorti un coussin blanc et s'est assis. Selon son avocat, il ne peut plus s'assoir normalement, son rectum ayant été très endommagé pendant les fouilles agressives de la CIA et la "ré-hydratation rectale" dont il a été l'objet.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.