Entre internement forcé et formation, les Ouïghours ont-ils vraiment le choix ?
Accusée d’interner massivement les Ouighours pour « les déradicaliser », la Chine se défend en soulignant son ambitieux programme de formation à destination d’une population fragile.
C’est en raison du travail forcé dans la province du Xinjiang, érigé en véritable organisation structurelle, que les Etats-Unis ont adopté, il y a quelques jours, une interdiction de commercer avec cette province chinoise. Condamnée par Pékin, cette décision américaine a été suivie, le 17 septembre dernier, de la publication d’un livre blanc officiel chinois : « Emploi et droits du travail au Xinjiang »
Formation professionnelle ou lavage de cerveau ?
Selon Pékin, le Xinjiang, dont 70 % de la population est constituée de Ouïghours, une population essentiellement musulmane, connait une belle prospérité. Non seulement, le marché du travail est en forte croissance depuis des années, mais les revenus connaissent eux aussi une tendance haussière. Le gouvernement chinois reconnait toutefois, que pour maintenir ce climat de croissance et pour lutter contre les « dérives terroristes » de certains, un ambitieux plan de formation existe depuis 2014, et ce pour ces « personnes ont des idées dépassées et souffrent d’une pauvre éducation et d’une (faible) employabilité ». 1.3 million de personnes bénéficieraient chaque année de ce plan de formation.
C’est justement le chiffre estimé par de nombreux chercheurs et des ONG en ce qui concerne le nombre de Ouïghours enfermés dans des camps d’internement. Cette dénonciation n’est pas nouvelle, et pendant longtemps Pékin a démenti. Pourtant, les témoignages de « lavage de cerveau » pour garantir la déradicalisation de ces forcenés ou encore les récits de torture sont innombrables. Pékin admet aujourd’hui l’existence de ces centres de formation. Pour l’Etat Chinois, cette lutte contre le sectarisme et la radicalisation religieuse va de pair avec la formation proposée pour permettre à chacun de trouver un emploi. Pour les ONG, l’internement forcé des Ouighours concrétise une dictature totale, la formation n’étant qu’un prétexte.
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