Financement libyen de la campagne de Sarkozy : de quels montants parle-t-on ?
Nicolas Sarkozy a été placé ce mardi 20 en garde à vue, puis mis en examen mercredi 21 dans l'enquête sur le possible financement libyen de sa campagne présidentielle. En effet, en échange du retour en grâce du régime de Mouammar Kadhafi sur la scène internationale, le "Guide suprême" aurait offert de très fortes sommes d'argent à l'ancien président de la République pour qu'il mène sa campagne, victorieuse, à l'élection présidentielle de 2007.
A en croire une note, en date du 10 décembre 2006, du chef des services de renseignements extérieurs de la Libye de l'époque, Moussa Koussa, le pourvoir en place à Tripoli aurait choisi "d’appuyer la campagne électorale" de Nicolas Sarkozy, et ce pour un "montant de cinquante millions d’euros" (source Mediapart). Le document est adressé à Béchir Saleh, alors directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi et grand argentier du régime, qui aurait été chargé de superviser les paiements.
Une somme confirmée par Baghdadi Ali al-Mahmoudi, ancien chef du gouvernement libyen (2006-2011), ainsi que Mohamed el-Megarief premier chef de l’État libyen après la chute de Kadhafi et opposant historique.
Voir également - Sarkozy en garde à vue: l'affaire des fonds libyens
"Il n’est pas question de blâmer Nicolas Sarkozy, son engagement pour la libération de la Libye a été exemplaire et le peuple libyen lui en est reconnaissant. Mais pourquoi mentir ou nier? Oui, Kadhafi a financé la campagne électorale de Nicolas Sarkozy et a continué à le financer encore après 2007", avait expliqué ce dernier dans un livre Mon combat pour la liberté (ed. Cherche-Midi) en 2014.
Des accusations balayées d'un revers de la main par l'ex-chef de l'Etat en a vril 2012. "C’est une infamie. (...) 50 millions d'euros... Pourquoi pas 100? Pour une campagne qui en vaut 20. Il faut se mettre d’accord. Ma campagne a été financée par les sous-marins pakistanais, par M. Kadhafi ou par MmeBettencourt?", avait-il expliqué lors d'une interview sur Canal+ (source).
Les carnets de l'ancien ministre de Pétrole de Kadhafi, Choukri Ghanem retrouvé noyé en 2012 dans des circonstances troubles à Vienne, faisaient mention de versements d'argent à destination de Nicolas Sarkozy à hauteur de près de 6,5 millions d'euros.
De son côté, le sulfureux homme d'affaires libanais Ziad Takieddine avait affirmé en novembre 2016 avoir fait transiter au moins 5 millions d'euros en liquide depuis Tripoli en Libye jusqu'à Paris entre 2006 et 2007. Cette forte somme d'argent aurait été remise à Claude Guéant, qui lui-même les a transmis à Nicolas Sarkozy alors ministre de l'Intérieur.
A noter que le même Claude Guéant avait loué en 2007, une vaste chambre forte à l'agence de la BNP d'Opéra à Paris. Si vaste qu’un homme pouvait y entrer debout. Il s’y est rendu personnellement à sept reprises entre le 23 mars et le 19 juillet 2007. Aux policiers en charge de l'enquête, le ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy avait expliqué cette location pour... entreposer les discours du candidat.
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