Financement libyen : Djouhri, Saleh et maintenant Sarkozy

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 20 mars 2018 - 11:27
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L'ancien leader libyen Mouammar Kadhafi (G) et l'ex-président français Nicolas Sarkozy (D) lors d'une visite officielle à Tripoli le 25 juillet 2007
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© Patrick KOVARIK / AFP/Archives
Nicolas Sarkozy est placé en garde à vue ce mardi matin dans l'affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle.
© Patrick KOVARIK / AFP/Archives
Alexandre Djouhri, Béchir Saleh et désormais Nicolas Sarkozy. Trois protagonistes importants de l'enquête sur le financement libyen de sa campagne présidentielle 2007 ont fait l'actualité depuis le début de l'année.

Depuis le début de l'année, l'affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 a connu plusieurs rebondissements majeurs avec comme point d'orgue le placement ce mardi 20 en garde à vue de l'ancien président de la République.

> Arrestation à Londres d'Alexandre Djouhri

Proche des milieux d'affaires et de la droite française, le sulfureux homme d'affaires franco-algérien est interpellé le 8 janvier à l'aéroport londonien d'Heathrow par les autorités britanniques. En effet, l'homme fait l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis par la justice française qui souhaite l'entendre pour des faits de "fraudes" et de "blanchiment d'argent".

Résident suisse, Alexandre Djouhri fait figure de personnage-clé de l'enquête ouverte à Paris depuis 2013 pour vérifier les accusations lancées deux ans plus tôt par l'ancien président libyen Mouammar Kadhafi et son fils Seif el-Islam, selon lesquelles Nicolas Sarkozy avait bénéficié de leurs fonds pour sa campagne de 2007. L'homme d'affaires, dont le nom apparaît dans une transaction suspecte avec la Libye ainsi que dans l'exfiltration hors de France d'un personnage-clé du régime Kadhafi, l'ancien diplomate Béchir Salah, s'est jusqu'à présent soustrait aux demandes de la justice et n'a ainsi pas répondu à la convocation des enquêteurs en septembre 2016.

Alexandre Djouhri avait bénéficié d'une libération sous caution le 10 janvier en entendant son audience d'extradition vers la France. Toutefois, il avait été une nouvelle fois placé en détention provisoire après qu'un second mandat d'arrêt européen a été émis par la France, le 26 février. La justice britannique l'avait maintenu en prison en raison "des risques d'exfiltration du territoire du Royaume-Uni" (source L'Obs). Le 12 avril, il a fait "un accident cardiaque" en détention et est depuis hospitalisé. 

> Béchir Saleh, ancien proche de Kadhafi, blessé par balles à Johannesburg

Dans des circonstances particulièrement troublantes, Béchir Saleh, ancien grand argentier de Mouammar Kadhafi (dont il a été le directeur de cabinet), a été blessé par balles à Johannesburg en Afrique du Sud le 23 février dernier. Alors qu'il se rendait à l'aéroport, son véhicule a été victime d'une rafale de tirs. Grièvement blessé, il a été placé un temps en soins intensifs. La police sud-africaine a conclu à un crime dans le but de s'en prendre aux valeurs de Béchir Saleh. Toutefois, rien n'a été dérobé.

Ce qui pourrait ressembler à une tentative d'assassinat n'est pas sans rappeler la mort suspecte de Choukri Ghanem. L'ancien ministre de Pétrole de Kadhafi avait été retrouvé noyé en 2012 dans des circonstances troubles à Vienne. Ses carnets personnels, parfaitement identifiés, faisaient mention de versements d'argent libyen à destination de Nicolas Sarkozy.

Béchir Saleh avait trouvé refuge en France (source Médiapart) après avoir trahi le régime de Mouammar Kadhafi avant sa chute en août 2011. Exfiltré en toute discrétion en mai 2012 et probablement par l'intermédiaire d'Alexandre Djouhri, Béchir Saleh, pourtant sous notice rouge d’Interpol (recherche et arrestation en vue d'une extradition), avait rejoint son Niger natal avant de s’installer à Johannesburg où il bénéficiait des largesses de l'ancien président sud-africain Jacob Zuma.

Le blessé, encore convalescent, aurait depuis rejoint les Emirats arabes unis (source Le Point) d'où il est extrêmement difficile d'être extradé.

> Nicolas Sarkozy entendu sous le régime de la garde à vue

L'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, a donc été placé ce mardi matin en garde à vue, dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il est entendu par les policiers de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Nanterre, près de Paris.

Il s'agit de la première garde à vue pour Nicolas Sarkozy dans ce dossier. Elle peut théoriquement se prolonger jusqu'à 48 heures, au terme desquelles l'ancien président de l'UMP pourrait être présenté à des juges en vue d'une possible mise en examen.

En octobre 2016, en pleine primaire de la droite, le sulfureux homme d'affaires libanais Ziad Takieddine avait affirmé avoir fait transiter près de 5 millions d'euros en liquide depuis Tripoli en Libye jusqu'à Paris entre 2006 et 2007. Cette forte somme d'argent aurait été remise à Claude Guéant, qui lui-même les a transmis à Nicolas Sarkozy alors ministre de l'Intérieur. Ce que ce dernier a toujours nié.

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