Gaza : Tsahal bombarde une école, les médiateurs évoquent des “signaux positifs” en faveur d’une trêve, risque d’escalade du conflit à la frontière libanaise

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France-Soir
Publié le 07 juin 2024 - 10:41
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Bashar Taleb / AFP
La fumée s'élève après une frappe aérienne israélienne à Deir al-Balah dans le centre de la bande de Gaza le 6 juin 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas
Bashar Taleb / AFP

“Sans avertissement”, l’armée israélienne a mené jeudi 6 juin une frappe aérienne contre une école de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), qui abritait, selon elle, “une base du Hamas”. Le bilan de 40 morts selon les dernières nouvelles comprend “plusieurs terroristes”, selon Tsahal qui revendique le bombardement à Deir al-Balah, ville située à mi-chemin entre le centre de Gaza et Rafah. L’attaque intervient dans un contexte diplomatique et géopolitique  bouillonnant, marqué par la situation humanitaire dans l’enclave palestinienne, le risque d’escalade du conflit au Liban, la reconnaissance de plusieurs pays de l’État palestinien et les négociations, au point mort, pour un cessez-le-feu.  

Au moins quarante personnes ont été tuées jeudi matin dans le bombardement de l’armée israélienne d’une école de l’UNRWA près de Deir al-Balah, située entre Gaza City et Rafah. “Des avions de combat de l’armée […] ont mené une frappe précise sur une base du Hamas placée à l’intérieur d’une école de l’Unrwa dans la région de Nousseirat”, annonce un communiqué de Tsahal. L’établissement abritait, selon Tel Aviv, “une base du Hamas”. Un hôpital gazaoui diffusait un premier bilan de 37 morts, parmi lesquels figureraient des militants du Hamas, selon l'armée israélienne.  

69 morts en 24 heures selon le Hamas 

Le bureau des relations publiques du Hamas a évoqué “un nombre considérable de blessés”, qui continuaient “d’affluer à l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa”, de la ville de Deir al-Balah. Le mouvement accuse Tsahal d'avoir commis un “horrible massacre”.  

La nouvelle a suscité la réaction du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, qui a condamné la frappe aérienne. Il a regretté un “nouvel exemple terrifiant du prix payé par les civils, les hommes, femmes et enfants palestiniens qui tentent juste de survivre, forcés de se déplacer dans une sorte de cercle de la mort à travers Gaza pour tenter de se mettre à l'abri”, a-t-il déclaré, selon son porte-parole. 

L’attaque intervient au moment où les forces israéliennes mènent des opérations “à la fois en surface et sous terre” dans le camp de réfugiés d’Al-Boureij, situé un peu plus au nord et dans la ville de Deir al-Balah. Les deux localités étaient le théâtre mardi et mercredi de frappes aériennes sur les “infrastructures des militants” avant le lancement de ces opérations. Celles-ci, à se référer à Médecins sans frontières (MSF), ont fait 70 morts et 300 blessés, “pour la plupart des femmes et des enfants”.  

Le ministère de la Santé gazaoui a annoncé hier un bilan alourdi de 36 654 morts et 83 309 blessés depuis le 7 octobre, accusant Israël d'avoir “commis 6 massacres contre des familles dans la Bande de Gaza. 69 morts et 235 blessés ont été admis dans les hôpitaux au cours des dernières 24 heures", annonce-t-on de même source.  

Assiégée, la ville de Gaza et sa population est également privée d’aide humanitaire suffisante. Plus d’un million de Palestiniens, soit 40% des habitants, peuvent se retrouver dans une situation de malnutrition aiguë d’ici la mi-juillet, selon un rapport de deux agences onusiennes, le Programme alimentaire mondial (Pam) et l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). 

“Ce qui se passe actuellement à Gaza, en réponse à l'attaque terroriste contre Israël, ne ressemble pas à une guerre. C'est une sorte de destruction complète de la population civile”, a déclaré Vladimir Poutine mercredi.  

A Rafah, où le point de passage avec l’Egypte est bloqué depuis plusieurs semaines, l’armée israélienne, qui y mène une opération terrestre vivement dénoncée par la communauté internationale, a annoncé avoir détruit un tunnel.  

Risque d’escalade à la frontière libanaise, espoir egyptien pour une trêve 

De l’autre côté de Gaza, au nord, à la frontière libanaise, Tel Aviv a annoncé, via son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, la préparation d’une opération “très intense”, en réponse aux tirs de roquettes et de drones de la part du mouvement libanais, Hezbollah.  “Quiconque pense qu’il peut nous faire du mal et que nous resterons les bras croisés commet une grave erreur (…). D’une manière ou d’une autre, nous allons y rétablir la sécurité”, a-t-il affirmé.  

Washington avertit contre une “escalade”, qui “ne ferait qu’entraîner de nouvelles pertes en vies humaines, tant chez les Israéliens que chez les Libanais, et qui nuirait considérablement à la sécurité et à la stabilité d’Israël dans la région”. Les États-Unis poursuivent leur médiation avec l’Egypte et le Qatar pour amener les deux parties à signer un accord de cessez-le-feu “le plus rapidement possible”.  

Selon un média egyptien, “le Hamas va rendre publique sa réponse concernant la proposition de trêve dans les jours à venir”. Le Caire dit avoir reçu des “signaux positifs” du mouvement palestinien. “Les cadres du Hamas nous ont informés qu’ils étudiaient sérieusement et positivement la proposition de trêve”, précise-t-on.   

Le 31 mai dernier, le président Joe Biden avait présenté les grandes lignes d’un plan menant vers le cessez-le-feu complet ainsi qu’une libération progressive des otages. Une proposition jugée “incomplète” par Nétanyahou et critiquée par un haut responsable du Hamas, qui a déclaré que “jusqu'ici, les Américains n’ont présenté aucun document qui les engagerait à respecter ce que Biden a dit dans son discours”. Pour le mouvement, le démocrate a juste “essayé de dissimuler le rejet israélien” d’un autre accord présenté au début du mois de mai, accepté par le Hamas mais rejeté par Tel Aviv. 

L’organisation avait affirmé qu’elle n’était prête à étudier une proposition que si elle énonçait “un arrêt complet” des opérations israéliennes, “un retrait total” des troupes de Gaza ainsi “qu’un échange de prisonniers”.  

Depuis la Cisjordanie occupée, l’Autorité palestinienne s’est dit prête à “rétablir une direction unifiée” après la fin de la guerre. “Nous sommes prêts, en tant que Palestiniens, à assumer nos responsabilités dès le lendemain de la guerre à Gaza afin d'aider (...) à restaurer l'unité du peuple et la direction palestiniens”, a déclaré Mohammad Mustafa, Premier ministre, quelques jours après la reconnaissance de l’État de Palestine par l’Espagne, l’Irlande, la Norvège et le parlement slovène.  

Madrid, dont la décision a suscité l’ire de Tel Aviv, a même demandé à se joindre, au même titre que le Mexique et la Colombie, à la requête de l’Afrique du Sud, qui accuse Israël de “génocide”.  

Quant à la France, son président Macron a déclaré jeudi qu’on “ne reconnaît pas un Etat sur la base d’une indignation”. “La question de la reconnaissance d’un Etat palestinien est une question très importante. D’abord, je veux dire ici que la France a toujours défendu justement deux États”, a-t-il déclaré, affirmant que “l’heure viendra et la France le fera. Mais il faut le faire dans un processus”, c’est-à-dire lorsque “cela sera l’élément d’un ensemble complet qui permet la paix et la sécurité de tous dans la région”. 

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