Gaza : l’opération israélienne à Rafah se poursuit, appels à une “solution à deux États”, Netanyahou menaçant

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France-Soir
Publié le 31 mai 2024 - 10:00
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Chars dans la bande de sécurité entre Gaza et l'Egypte
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Malgré une indignation internationale et l’ordre de la Cour internationale de justice, l’armée de Tsahal poursuit son offensive sur la ville de Rafah, au sud de Gaza. Entre mercredi et jeudi, 53 personnes ont été tuées dans l’enclave palestinienne par les bombardements et les tirs d’artillerie israéliens, selon le ministère gazaoui de la Santé. Tel Aviv affirme avoir découvert “une vingtaine de tunnels” dans une zone tampon dont l’armée a pris le contrôle entre Rafah et l’Egypte, au moment où l’aide humanitaire est de nouveau suspendue en raison de l’endommagement du “port” réalisé par les États-Unis. Sur le plan diplomatique, le Parlement slovène s’apprête à voter en faveur d’une reconnaissance de l’État palestinien tandis que Netanyahou répond, dans une interview accordée jeudi soir à LCI, aux critiques qui le ciblent ainsi qu’aux dernières actualités.  

Le Croissant-Rouge palestinien a dénoncé la mort de deux de ses secouristes dans la nuit du mercredi à jeudi, suite à une “frappe directe” qui a ciblé, selon l’organisation, une de ses ambulances à l’ouest de Rafah. Dans la journée de jeudi, des tirs d’artillerie ont ciblé cette ville frontalière avec l’Egypte, refuge, y a quelques semaines de cela, de plus d’un million de déplacés palestiniens.  L’hôpital Nasser, situé au sud de Gaza, fait état de quatre corps, victimes d’un bombardement dans la même ville.  

“Nous ne faisons pas de bombardements non-ciblés à Gaza” 

Promise depuis de nombreux mois par le premier ministre, Benjamin Netanyahou, l’offensive sur Rafah a débuté le 6 mai. Vendredi dernier, la Cour internationale de Justice, saisie par l’Afrique du Sud, a ordonné à Israël d’arrêter “immédiatement” son offensive militaire ainsi que “toute autre action menée dans le gouvernorat de Rafah qui serait susceptible d’infliger au groupe des Palestiniens de Gaza des conditions d’existence capables d’entraîner sa destruction physique ou partielle”. 

La décision intervenait quelques jours après le réquisitoire du procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, qui a demandé des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, son ministre de la Défense et trois dirigeants du Hamas. Mais les bombardements, les tirs d’artillerie et le déploiement de troupes israéliennes au sol se sont poursuivis, donnant lieu à des centaines de morts parmi des réfugiés, dont des enfants, ainsi qu’à des images choquantes qui ont suscité une vive réaction dans la communauté internationale. 

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé ce jeudi 30 mai un nouveau bilan de 36 224 morts dans la bande de Gaza, dont 53 personnes au moins ces dernières 24 heures.  Le nombre de blessés s’élève à plus 81 770 personnes depuis le 7 octobre. 

La situation humanitaire, toujours aussi “catastrophique” selon les termes des agences onusiennes, est de nouveau confrontée à une suspension de l’aide. Après la fermeture de passages frontaliers, c’est au tour de la jetée temporaire, construite par l’armée américaine sur le littoral gazaoui, d’être endommagée par les conditions météorologiques.  

Mais pour Benjamin Netanyahou, qui a accordé jeudi soir une interview à LCI, il n’est pas question de famine et son pays “a tout fait pour l’éviter”. “On a mis un demi-million de tonnes de nourritures et de médicaments à destination des civils palestiniens”, a-t-il déclaré. Quant au nombre de morts, il déclare que “le taux de civils décédés est le plus bas vu dans une guerre urbaine. Je l'affirme. Nous ne faisons pas de bombardements non-ciblés à Gaza. C'est l'équivalent du débarquement en Normandie en termes de pertes”. 

Mercredi, Tsahal a affirmé avoir découvert “une vingtaine de tunnels” dans le secteur frontalier avec l’Egypte, annonçant avoir pris le contrôle du corridor de Philadelphie, une zone démilitarisée de 14 kilomètres le long de la frontière entre l'Égypte et Gaza. “Le couloir de Philadelphie servait de tuyau d'oxygène au Hamas, par lequel il faisait transiter régulièrement des armes vers la bande de Gaza”, explique-t-on.  

Netanyahou campe sur ses positions 

Les autorités égyptiennes ont vite réagi à l’incursion de blindés israéliens, accusant l’État hébreu de violer des accords. Le Caire dit “se réserver le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder la sécurité de son territoire”, dénonçant des “mensonges visant à masquer l’échec militaire israélien à Rafah et tenter de sortir de la crise politique”. 

Mardi prochain, le Parlement slovène va voter pour une reconnaissance officielle de l'État de Palestine, emboîtant vraisemblablement le pas à l'Espagne, l'Irlande et la Norvège. Le chef de la diplomatie, Israël Katz, “espère” un “rejet” de la part des parlementaires slovènes. "La décision du gouvernement slovène de recommander au Parlement de Slovénie de reconnaître un État Palestinien est une récompense pour le Hamas", estime-t-il.  

A propos de ces reconnaissances, Netanyahou estime que “sera la plus belle récompense pour ces terroristes (...) Ça encouragera les actions terroristes partout dans le monde”. Quant à la déclaration du président Emmanuel Macron dans ce sens, le Premier ministre israélien affirme que le fait qu'une force extérieure fasse pression pour la reconnaissance de l'Etat palestinien ne mènera pas à la paix, mais à la guerre." 

Concernant les otages encore retenus, il estime que "la fin de la guerre pourrait arriver immédiatement si le Hamas se rendait et nous les remettait. Je veux mettre fin à [leur] cauchemar. Quant au risque de se voir cibler par un mandat d’arrêt international, Netanyahou répond que la question est de savoir “est-ce qu'on se soumet à cet antisémitisme, est-ce que les juges de la Haye s'y soumettent”.  

Envisage-t-il une fin de la guerre prochainement ? Le PM israélien, ciblé par de massives manifestations dans son pays, rappelle que son objectif est “d’empêcher la résurgence du Hamas dans le monde (..) Israël a une responsabilité sécuritaire en la matière. Je ne sais pas s'il faudra occuper Gaza sur la longue durée, mais il faudra pouvoir y rentrer à n'importe quel moment."  

Des déclarations qui surviennent après les appels de plusieurs pays à la paix. Lors d'un forum Chine-pays arabes à Pékin, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a exhorté la communauté internationale à empêcher tout déplacement de Gazaouis "par la force". Son homologue chinois, Xi Jinping, a proposé l'organisation d'une conférence de paix "élargie" pour résoudre le conflit.  

“Le Proche-Orient est une terre avec de grandes perspectives de développement, mais la guerre y fait encore rage. La guerre ne devrait pas se poursuivre indéfiniment. La justice ne devrait pas être absente pour toujours", a-t-il ajouté, rappelant la nécessité d’une “solution à deux États”.  

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