Günther Oettinger n'a pas tout à fait dit que "les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter"
C'est une petite phrase qui fait beaucoup de bruit, notamment en Italie. Le commissaire européen au Budget, Günther Oettinger, est sous le feu des critiques depuis une interview qu'il a donnée mardi soir à Strasbourg à la chaîne allemande DW.
Au cours de l'entretien, il a évoqué la situation politique en Italie alors que le président Sergio Mattarella a choisi de barrer la route au premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'Union européenne avec un veto spectaculaire sur le choix de l'économiste eurosceptique Paolo Savona au poste de ministre de Finances, provoquant la démission de l'éphémère Giuseppe Conte.
"L'évolution des emprunts d'Etat, de la valeur boursière des banques, de l'économie de l'Italie est déjà obscurcie de manière négative", a expliqué Günther Oettinger. Ce qui lui a permit d''estimer qu'"On peut donc espérer que cela joue un rôle durant la campagne électorale comme un signal pour ne pas faire entrer des populistes de droite ou de gauche au gouvernement".
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Une explication résumée sur Twitter par le journaliste Bernd Thomas Riegert, qui réalisait l'interview, en une phrase: "Les marchés vont apprendre aux Italiens à bien voter", ce qui a évidemment provoqué un tollé.
Le leader de la Ligue (extrême droite itlaienne), Matteo Salvini, a personnellement réagi sur Twitter en estimant: "Incroyable. A Bruxelles, ils sont sans vergogne. Si ce n'est pas une menace… Je n'ai pas peur, les Italiens d'abord!".
PAZZESCO, a Bruxelles sono senza vergogna.
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 29 mai 2018
Il Commissario Europeo al Bilancio, il tedesco #Oettinger, dichiara “i mercati insegneranno agli italiani a votare per la cosa giusta”.
Se non è una minaccia questa...
Io non ho paura, #primagliitaliani! pic.twitter.com/r5mFYh79Ou
Même réaction outrée de Luigi Di Maio, le chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S): "Ces gens traitent l’Italie comme une colonie de vacances où venir passer l’été. Mais dans quelques mois naîtra un gouvernement du changement et nous nous ferons enfin respecter en Europe".
Même Jean-Claude Juncker est monté au créneau, recadrant son commissaire en expliquant que: "Le sort de l’Italie ne saurait dépendre des injonctions que pourraient lui adresser les marchés financiers".
Devant l'ampleur de la réaction à ces propos déformés, Bernd Thomas Riegert a fait machine arrièe en présentant ses excuses et en relayant la citation exacte. Ce qui n'a pas suffit à éviter une réaction outré de Donald Tusk, président du Conseil européen , qui a écrit sur Twitter: "Mon appel à toutes les institutions européennes: respectez les électeurs. Nous sommes là pour les servir et non pour leur faire la leçon".
Günther Oettinger a, de son côté, produit un bref communiqué où il présente ses excuses et où il assure ne pas avoir voulu "manquer de respect aux Italiens". Il n'en est d'ailleurs pas à sa première polémique. En 2016, il avait parlé, lors d'un discours pour une fédération de chefs d'entreprises à Hambourg, des Chinois "bridés" et tous "peignés de gauche à droite avec du cirage noir".
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