Ingérence chinoise au Canada : un rapport met en évidence les désaccords entre Trudeau et le renseignement quant à cette “menace”

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France-Soir
Publié le 30 mai 2024 - 12:00
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Ingérence chinoise ou pas ? Les enquêtes au Canada se multiplient et les résultats sont toujours aussi problématiques pour le Premier ministre, Justin Trudeau.
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Ingérence chinoise ou pas ? Les enquêtes au Canada se multiplient et les résultats sont toujours aussi problématiques pour le Premier ministre, Justin Trudeau. Un organe indépendant, chargé de surveiller les services de renseignement, a publié mardi 28 mai 2024 son rapport sur la confusion autour de l’ingérence de la Chine lors des dernières élections fédérales canadiennes, soulignant l’immobilisme, malgré des avertissements de longue date des services de renseignements.  

Une ingérence de la Chine, ou encore de la Russie ou de l’Inde suscite depuis de nombreuses années des préoccupations au Canada. Considérant que le gouvernement Trudeau faisait peu face à cette menace, les partis d’opposition réclamaient des enquêtes publiques indépendantes pour savoir si, oui ou non, Pékin s’est immiscé dans les deux dernières élections fédérales organisées par Ottawa.  

La politique de l’autruche de Trudeau 

En mars 2023, dans l’espoir de calmer le jeu, Justin Trudeau a annoncé un ensemble de mesures, parmi lesquelles la nomination d’un rapporteur spécial indépendant, dans l’objectif de faire la lumière sur ces allégations. Il est notamment question de financements secrets ou d’implication dans la campagne de certains candidats lors des élections fédérales de 2019 et 2021. 

Cette ingérence ciblait non seulement le Parti libéral et la Fondation Pierre Elliott Trudeau mais également d’autres partis et candidats à ces scrutins. Le rapporteur était chargé de “formuler des recommandations spécialisées sur la protection de la démocratie” expliquait Justin Trudeau, qui a, par la même occasion, confié l’enquête sur les ingérences étrangères à deux comités. Il s’agit notamment du comité parlementaire sur la sécurité nationale et le renseignement ... qui avait déjà présenté un rapport sur le sujet en 2019. 

Ce rapporteur n’était autre qu’un ex-gouverneur général, David Johnston, qualifié par la presse canadienne “d’un ami de la famille” Trudeau. Cette nomination suscite la controverse et pour cause, David Johnston est étroitement lié à la Chine : par son épouse chinoise ainsi que par ses deux filles qui ont effectué leurs études dans ce pays. Son impartialité était remise en cause, particulièrement après avoir souhaité maintenir son rapport secret et de ne pas divulguer ses conclusions.  

Les députés de la chambre des Communes ont réagi en adoptant une motion, exigeant le retrait de David Johnston. Le Premier ministre nomme alors la juge Marie-Josée Hogue, qui fait l’unanimité parmi les parlementaires. Un rapport préliminaire voit le jour début mai et la magistrate tempère l’efficacité d’une ingérence chinoise : si elle a bien eu lieu lors des élections de 2019 et de 2021, ces manœuvres n’auraient pas “influencé de manière significative le résultat”. Toutefois, affirme-t-elle, cette ingérence de Pékin est bien “répandue, insidieuse et nuisible”.  

En attendant son rapport final, un autre organe a divulgué son rapport cette semaine. L'Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement (OSSNR) pointe du doigt des “problèmes de communication et d’interprétation” entre les services secrets, particulièrement le SCRS, et Justin Trudeau. 

Le service canadien du renseignement de sécurité, rappelle-t-on, mettait en garde depuis des années dans ses rapports contre une ingérence étrangère dans la politique canadienne. Pour le Premier ministre, son gouvernement et ses conseillers à la sécurité, la Chine ne constituait pas une menace. Ses activités au Canada “n’étaient que des activités diplomatiques normales”. Les alertes du SCRS, qui signalait que des membres de l’exécutif étaient au courant sans jamais réagir, étaient telles que le service craignait, selon l’OSSNR, de voir ses efforts assimilés à de l’ingérence locale dans les élections.  

Les “lacunes inacceptables” dans le renseignement canadien 

Que ce soit au sein du Parti libéral, dans la fonction publique ou dans la Fondation Pierre Elliott Trudeau, le SCRS estimait qu’on voulait ménager Justin Trudeau compte tenu de son intérêt pour la Chine. Ultime manœuvre pour secouer le Premier ministre ce mois de mars 2023 : faire fuiter des documents pour démontrer l’ampleur de l’ingérence.  

Selon ces révélations, Pékin a financé au moins 11 candidats au scrutin de 2019, parmi lesquels un libéral, Han Dong, devenu indépendant en 2023 pour siéger au Parlement. L’OSSNR dévoile à ce propos que Justin Trudeau a bien été informé par le renseignement des liens étroits de Han Hong avec le consulat chinois de Toronto mais a tout de même accepté de mener la liste en Ontario.  

En outre, poursuit le rapport, le SCRS et Sécurité publique Canada ne disposaient pas d’un système leur permettant de tracer qui recevait et lisait les renseignements sur l’ingérence étrangère, regrettant des “lacunes inacceptables en matière de responsabilité”. L’OSSNR, sans doute pour prévenir d’une autre fuite des documents, recommande “que, comme mécanisme de responsabilisation de base, le SCRS et la Sécurité publique suivent et documentent rigoureusement qui a reçu et qui lit les renseignements”. 

Pékin, de son côté, avait “fermement” dénoncé en mars 2023 les allégations d’ingérence, les qualifiant de “diffamatoires”. Quant à la Fondation Pierre Elliott Trudeau, un rapport publié en février 2024 affirmait qu’elle n’était pas la cible d’une tentative d’ingérence étrangère de la part de la Chine, malgré un don controversé de 140 000 $ de la part d’un homme d’affaires jugé “proche du régime communiste chinois en 2016 et en 2017”. “Nous n’avons identifié aucune preuve pouvant laisser croire que les dons en question s’inscrivaient dans un stratagème d’ingérence”, est-il conclu.  

Dans ce contexte, en novembre 2023, le gouvernement Trudeau avait interdit l’application chinoise WeChat à ses membres, expliquant que la décision “a été prise pour que les réseaux et données du gouvernement du Canada demeurent sécurisés et protégés et qu’ils soient conformes à l’approche de nos partenaires de l’étranger”. Ottawa affirmait que rien ne laissait croire que “ses renseignements soient compromis”, malgré “les risques liés à l’utilisation de ces applications” et à leurs “méthodes de collecte de données”. 

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