L'UE envisage d’imposer jusqu'à 36% de surtaxes pendant cinq ans sur les voitures électriques chinoises

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France-Soir
Publié le 21 août 2024 - 08:42
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Olson / AFP
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Les relations entre Bruxelles et Pékin ne sont pas prêtes de s’apaiser de sitôt. Les tensions nées en juillet, après la mise en place d’une surtaxation provisoire allant jusqu’à 38% des véhicules électriques importées de Chine, sont bien parties pour durer. L’UE a confirmé mardi 20 août son intention de maintenir cette imposition à hauteur de 36%, pour une durée de cinq ans. La mesure, qui pourrait être appliquée à partir du mois d’octobre prochain, est suspendue à l’aval des 27, divisés sur la question. La Chine, qui a déjà saisi l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) en juillet, dit s’y “opposer vigoureusement”. Le fabricant américain Tesla, détenu entre autres par Elon Musk, bénéficie d’un taux “individuel” de 9%.   

Début juillet 2024, l'Union européenne a décidé d'imposer des taxes provisoires sur les voitures électriques importées de Chine. Ces taxes provisoires pouvaient atteindre jusqu'à 38% et ont été mises en place en attendant une décision finale sur les droits de douane définitifs. 

Pékin saisit l’OMC contre un comportement “protectionniste” 

Cette mesure faisait suite à une enquête lancée en octobre 2023 et menée par la Commission européenne (CE) pour déterminer si les constructeurs chinois bénéficient de subventions gouvernementales qui pourraient constituer une concurrence déloyale pour les fabricants européens. L’enquête a démontré que les ventes de véhicules électriques à batterie (VEB) fabriqués en Chine avaient explosé en trois ans, passant de 57.000 en 2020 à plus de 437.000 en 2023. Jusqu’à juin dernier, les marques chinoises représentaient ainsi 11% du parc électrique en Europe.  

Les fabricants européens se retrouvent alors dépassés par leurs coûts de production, bien plus élevés que ceux constatés en Chine. Trois entreprises chinoises sont dans le collimateur : SAIC, partenaire de Volkswagen en Chine et dont la MG4 est le véhicule le plus vendu en Europe, BYD et Geely. Les trois fabricants sont déjà concernés, respectivement, par une surtaxe de 36,3 %, 17 % et 19,3 %. Les autres constructeurs ont été soumis à une imposition supplémentaire moyenne de 21% pour les plus coopératifs à l'enquête, de 37,6% pour les plus récalcitrants. 

La Chine a immédiatement exprimé son mécontentement en soulignant que ces taxes pourraient nuire aux relations commerciales entre l'UE et la Chine. Pékin a dénoncé “un comportement purement protectionniste”, avertissant sur les répercussions possibles d’une telle mesure, et soulignant sa ferme intention de “prendre toutes les mesures pour défendre fermement ses droits légitimes”. La Chine avait d’ailleurs annoncé une enquête antidumping sur les importations de porc européen, suivant celle déjà ouverte sur les eaux-de-vie de vin de l'UE ; à l’image du cognac. En guise de réciprocité, les vins, les produits laitiers et les voitures à grosses cylindrées importées depuis l’UE pourraient subir le même sort. 

Les taxes provisoires, entrées en vigueur le 5 juillet, n’avaient pas été collectées immédiatement, ayant été bloquées sur un compte bancaire jusqu'à ce qu'une décision finale soit prise. Celle-ci est imminente et ne devrait pas détendre l’atmosphère.  

Les 27 divisés sur la question 

Mardi, la Commission européenne a annoncé son intention d'imposer des droits de douane allant jusqu'à 36% pour une durée de cinq ans. Cette décision doit encore être approuvée par les 27 États membres de l'UE et pourrait être révisée si un accord alternatif était trouvé avec Pékin. Il s’agit d’une surtaxe car elle vient s’ajouter à un taux de 10% déjà appliqué.  

Les taux sont légèrement plus bas que ceux annoncés le 4 juillet (37,6 %, 17,4 % et 19,9 %) et les fabricants européens basés en Chine en coentreprise, comme BMW, Dacia ou Stellantis, seront soumis aux mêmes tarifs s'ils reçoivent le même niveau de subventions de la part du gouvernement chinois. Néanmoins, l’américain Tesla bénéficiera d’un taux “individuel” de 9%, en raison du faible volume des subventions reçues par ses usines en Chine, usines qui produisent les modèles Y et 3.  

Ces droits de douanes s’appliqueront d’ici fin octobre. Encore faut-il que les 27 États membres de l’UE se mettent d’accord. La France ou encore l’Espagne semblent favorables à cette mesure. L’Allemagne, dont la relation économique et commerciale avec Pékin est étroite, beaucoup moins. Berlin craint des répercussions sur son industrie automobile, puisque la Chine est un acteur très actif sur ce marché. 

Les constructeurs Audi, BMW, Mercedes et Volkswagen réalisent près de 40% de leurs ventes mondiales dans ce pays. En juillet, Volkswagen avait déploré "les effets négatifs de cette décision” qui “l'emportent sur les avantages possibles". La même appréhension est partagée avec la Suède et la Hongrie.  

Mardi, le ministère chinois du Commerce s’est “opposé vigoureusement” à ces taxes. Pour les observateurs européens, la décision de la CE démontre qu’elle “tient bon” et pourraient “inciter les fabricants chinois à produire en Europe”. 

 

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