Canada : la loi sur les mesures d’urgence approuvée par la gauche, la droite vote contre
Lundi 21 février, les parlementaires canadiens ont adopté le recours à une loi d’exception invoquée le 14 février par le Premier ministre Justin Trudeau. Le motif affiché : mettre un terme, après trois semaines, aux manifestations d’occupation et aux blocages entrepris par le Convoi de la liberté qui demande l’abolition des restrictions sanitaires.
Le Premier ministre canadien a également justifié l’extension de la durée de l’état d’urgence au motif que le Convoi de la liberté pourrait revenir, laissant supposer que son gouvernement ne prévoit donc pas de lever les restrictions sanitaires de sitôt.
Au terme d'un débat de plusieurs jours à la Chambre des communes, les députés ont voté à 185 contre 151 en faveur de la loi sur les mesures d'urgence, une disposition législative à laquelle peut recourir le gouvernement du Canada en cas de « crise nationale ». Le Sénat (chambre haute) doit maintenant en débattre à son tour.
La gauche vote pour, la droite contre
Pour faire passer la loi, le parti libéral (gauche) de Justin Trudeau a pu compter sur l'appui du Nouveau parti démocratique (NPD, gauche). Chez les écologistes, Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada (gauche), s’est aussi prononcée en faveur de la loi. Le parti conservateur - dont le chef, Erin O’Toole, a été éjecté pendant la crise Covid pour être remplacé par Candice Bergen - et le Bloc Québécois (BQ, droite) ont voté contre. Ces derniers ont fustigé la volonté de Justin Trudeau de vouloir, sans motif valable, maintenir l’état d’urgence, dénonçant dans un communiqué rien de moins qu’une « prise de pouvoir », alors que les opérations policières ont évacué par la force les manifestants des rues d’Ottawa.
« Honte ! », « Dégoûtant ! », « C’est un jour horrible ! », se sont écriés les conservateurs à l’annonce du résultat du vote. Si les députés avaient majoritairement voté contre, l’état d’urgence aurait immédiatement pris fin. Les institutions gouvernementales avaient d’ores et déjà commencé à geler les comptes bancaires de certains manifestants au cours des derniers jours, ces mesures avaient été mises en œuvre sans accord préalable du Parlement. L’objectif derrière la ratification de la loi était donc de lui donner une certaine légitimité démocratique, que la gauche a rendu possible.
Derek Sloan, fondateur du nouveau parti True North, a commenté sur Twitter : « Le Parlement a approuvé le texte de loi, même lorsque l’"urgence" a disparu. "Des gens ne sont pas d’accord avec nous", c’est désormais devenu une justification pour suspendre les libertés civiles. Justin Trudeau, appuyé par Doug Ford, a officiellement placé le Canada sous un régime tyrannique. »
Maxime Bernier, chef du Parti populaire, a, lui, fait valoir qu’il n’y a jamais eu aucune « urgence » et dénonce l’application d’une loi pour des « urgences potentielles » alors qu’elle devrait s’appliquer pour des urgences « qui existent ».
Trudeau dit avoir besoin des pouvoirs extraordinaires de la Loi parce qu’il pourrait y avoir d’autres blocages. Non seulement n’y avait-il aucune urgence mais elle s’applique à celles qui *existent* et non aux urgences potentielles. Autre preuve que c’est un abus de pouvoir.
— Maxime Bernier (@MaximeBernier) February 22, 2022
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.