La Russie annonce le retrait partiel de son contingent militaire en Syrie
A la surprise générale, Vladimir Poutine a annoncé le retrait de la majeure partie de son contingent militaire en Syrie, qui entre dans sa sixième année de guerre civile. "La tâche qui avait été demandée à notre ministère de la Défense et aux forces armées a été globalement accomplie et j'ordonne donc au ministère de la Défense d'entamer, à partir de demain (ce mardi 15 mars), le retrait de la majeure partie de nos contingents", a annoncé à la télévision Vladimir Poutine lundi 14. "Néanmoins, pour permettre la surveillance de la trêve dans les combats (entrée en vigueur le 27 février, elle ne concerne ni Daech ni le Front al-Nosra, NDLR), la partie russe conserve sur le territoire syrien un site de maintenance de vols", est-il expliqué dans un communiqué. Le Kremlin ne précise toutefois pas quels types d'aérnonefs assureront cette surveillance ni si les avions de combat resteront basés en Syrie. Enfin, s'il n'est pas non plus dit où est situé le site de maintenance, d'après les médias, il s'agit de la base aérienne de Hmeïmim, dans la province de Lattaquié, le fief de Bachar al-Assad, dans le nord-ouest de la Syrie.
Enfin, le communiqué indique que cette décision a été prise suite à un accord entre Vladimir Poutine et Bachar al-Assad qui a convenu que "l'intervention des forces aériennes russes avait permis de radicalement changer la situation dans la lutte contre le terrorisme, de désorganiser les infrastructures des combattants (ennemis) et de leur porter un coup important". Mais, malgré ce retrait, "il est trop tôt pour parler de victoire sur les terroristes. L'aviation russe a pour mission de poursuivre ses frappes contre des objectifs terroristes", a expliqué un vice-ministre de la Défense, le général Nikolaï Pankov, cité par les agences de presse russes depuis la base aérienne russe de Hmeïmim, dans le nord-ouest de la Syrie.
Du côté occidental et de l'opposition syrienne, l'annonce russe a été accueillie avec force prudence. D'après Josh Earnest, porte-parole du président américain Barack Obama, il est "difficile" de mesurer son impact sur les négociations intersyriennes actuellement en cours à Genève. Dans la ville suisse, l'opposition syrienne a déclaré attendre de vérifier les effets de cette annonce sur le terrain et redouter une ruse du Kremlin. “Il va falloir attendre de voir ce que cela signifie. C’est du Poutine tout craché. Il a déjà fait des déclarations similaires dans le passé sans que rien n’arrive”, a quant à lui confié au Guardian un diplomate qui participe également aux pourparlers à Genève. “Dans l’immédiat et quelle que soit dans les faits l’ampleur effective de ce retrait militaire annoncé, la Russie pourrait réussir à brouiller l’objectif principal de ces pourparlers de Genève, qui reste celui de définir les contours d’une +transition politique+ en Syrie, soit, aux yeux des opposants, celui du départ de Bachar al-Assad”, commente le journal suisse Le Temps. Enfin, le chef de diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier a de son côté estimé que "si les annonces d'un retrait des troupes russes se concrétisent, cela augmente la pression sur le régime du président Assad pour négocier enfin de façon sérieuse à Genève une transition politique".
En septembre, le Kremlin et Bachar al-Assad ont signé un accord permettant à Moscou de disposer d'une base aérienne en Syrie. A partir de là, la Russie y a déployé une cinquantaine d'avions de combats ainsi que des militaires qui ont visé des milliers de "cibles terroristes". En cinq mois de frappes, la Russie a permis à permis à l'armée syrienne d'engranger une série de victoires alors qu'elle se trouvait en mauvaise posture l'été dernier. Un retournement de situation qui a poussé les Occidentaux à accuser Moscou de cibler davantage les rebelles syriens modérés plutôt que sur l'Etat islamique, qu'elle affirmait pourtant viser.
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