Les autorités saoudiennes auraient donné la permission de tuer "toute personne qui résiste" au projet futuriste de Neom
Le projet phare du prince héritier d’Arabie Saoudite Mohammed ben Salmane ne peut souffrir d’une quelconque rébellion de la part des résidents ne souhaitant pas évacuer le terrain, au risque d’y laisser la vie.
Selon les informations de la BBC, relayés par Courrier International, la « ville futuriste du désert », Neom, aurait fait usage de la force pour mater toute rébellion. En effet, « les autorités saoudiennes ont autorisé l’usage de la force létale ». De quoi dissuader les précédents résidents qui ont eu le malheur d’être sur la parcelle consacrée au projet.
C’est grâce au témoignage d’un ancien colonel saoudien, Rabih Alenezi, aujourd’hui en exil en Angleterre depuis un an, que l’information nous parvient. En effet, aurait été communiqué en avril 2020 la directive de tuer « quiconque résiste » lors de l’évacuation du village d’Al-Khoraybah. Habité pour une bonne part par la tribu des Huweïtat, les autorités saoudiennes affirment qu’il s’agit là d’une ethnie regroupant de nombreux rebelles. Alors, afin d’assurer l’ordre et la discipline au moment de cette mission, le choix de mesures radicales a été fait pour garantir la coopération de cette manœuvre.
De cette évacuation, une vidéo aura tourné, mettant en avant Abdul Rahim Al-Huwaiti, l’un des habitants du village. Publiée juste avant l’assaut sur les réseaux sociaux, celui-ci souhaitait mettre en avant son refus de quitter sa propriété. Selon les ordres donnés, il trouve alors la mort pour son opposition.
Parmi les informations de la BBC, sur la base des sources de l’ONU et de l’Organisation de défense des droits humains saoudienne (ALQST) basée à Londres, « au moins quarante-sept autres villageois ont été détenus après avoir opposé de la résistance à l’ordre d’expulsion ».
Un mort serait donc à déplorer dans cet assaut, et plus de six mille personnes déplacées comme de nombreux prisonniers souffrent de l’événement.
« Plusieurs ont été arrêtés simplement pour avoir publiquement exprimé leur deuil » regrette ALQST. La mort d’Al-Huwaiti pourrait ne pas être la seule. En effet, tandis que quarante prisonniers sont encore enfermés aujourd’hui, cinq seraient menacés d’exécution.
Pourtant, tel que présenté au public, ces terres étaient une « toile parfaitement vierge ». De quoi enjoliver la réalité pour permettre l'implantation légitime du projet titanesque The Line. La structure prévue devait mesurer 170 kilomètres de long sur 500 mètres de haut. D'une importance telle que nous peinons à l'imaginer.
La BBC obtient difficilement des informations supplémentaires, expliquant que « les villageois déplacés sont extrêmement réticents » pour parler à des médias étrangers. Une difficulté supplémentaire qui complexifie la description et dénonciation de leurs conditions.
Cependant, quelques autres Saoudiens se sont exprimés à propos des grands travaux pour Vision-2030. Avec un préavis parfois de moins d'un mois, « plus d'un million de personnes ont été déplacées » pour permettre la création d’ « un opéra, un quartier sportif, des commerces de luxe et des logements ». De fastueux projets qui ne sauraient s’inquiéter des conditions des plus démunis.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.