Mort de Silvio Berlusconi, homme d’affaires et un "Immortel" controversé de la politique italienne

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France-Soir
Publié le 13 juin 2023 - 08:45
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Filippo MONTEFORTE / AFP
Ancien leader du parti politique italien Forza Italia, "l'Immortel" a tiré sa révérence.
Filippo MONTEFORTE / AFP

ITALIE - C’est à l’hôpital San Raffaele de Milan, où il a maintes fois été admis ces dernières semaines, que Silvio Berlusconi, l’ex-chef de gouvernement italien, homme d’affaires et magnat des médias, est décédé hier lundi des suites d’une leucémie chronique à l’âge de 86 ans. Celui que l’on surnommait “il Cavaliere”, aussi réputé pour sa longévité politique que pour ses démêlés judiciaires, aussi adoré que détesté, sera enterré mercredi à Milan, sa ville natale.  

Ses funérailles se tiendront à la cathédrale de Milan et l’Italie observera ce jour-là une journée de deuil national. Ils sont déjà nombreux à lui avoir rendu hommage dès l’annonce de sa disparition. Giorgia Meloni, chef du gouvernement italien, a décrit “un battant, un homme qui n'avait pas peur de défendre ses convictions et c'est précisément son courage et sa détermination qui ont fait de lui l'un des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie”.  

Sergio Mattarella, le chef d’État, a salué “un grand leader politique qui a marqué l'histoire de notre République”. Matteo Renzi, figure de la gauche, a souligné “l’impact” de Silvio Berlusconi “sur la vie politique mais aussi économique, sportive et télévisuelle”, qui a été “sans précédent”. En dehors de l’Italie, l’hommage le plus notable est celui du président russe Vladimir Poutine, qui regrette “une personne chère”, un “vrai ami” doté d’une “énergie vitale incroyable”. 

Avant de se lancer dans la politique, Silvio Berlusconi était un magnat des médias et hommes d’affaires. Entrepreneur dans le domaine du bâtiment dans les années 1960, il fonde en 1978 le holding Fininvest qui devient le deuxième groupe privé italien. Ce dernier se compose de trois chaînes de télévision du groupe Mediaset, d’un éditeur, d’un groupe de services financiers et d’une régie publicitaire.  

Berlusconi lance en 1980 la première chaîne de télévision nationale privée, Canale 5 et rachète les chaînes Italia 1 et Rete 4. Ses investissements dans l’audiovisuel s’exportent avec la Cinq en France, Telefünf en Allemagne et Telecinco en Espagne (1989). 

Un “Immortel” de la politique italienne 

Malgré cet empire médiatique, celui qui a été fait “Chevalier de l'ordre du Mérite du travail”, titre qui lui vaudra son surnom “il Cavaliere”, ne se lance pas encore en politique. Il rachète en 1986 un Milan AC en difficulté. Le club emblématique du football italien et européen connaît l’une de ses plus belles épopées sous la direction de cet homme d’affaires avec 30 trophées. Un succès qui offre à Berlusconi, l'un des hommes les plus riches d'Italie, un tremplin vers le politique.  

C’est en 1994 qu’est lancée sa longue carrière, qui lui vaut son autre surnom de “l’Immortel”. Il crée le parti politique Forza Italia. Son ambition est claire: devenir président du Conseil des ministres. “J'ai choisi de descendre sur le terrain et de m'occuper de la chose publique”, dit-il.  

Il est très vite nommé président du Conseil mais son premier mandat ne tient pas douze mois et démissionne en décembre 1994. Entre-temps député européen et chef d’une alliance d’opposition, il retrouve la présidence du Conseil en 2001.  

Cette fois-ci, il se maintient en poste jusqu’à 2005, année des élections régionales à l’issue desquelles son alliance, “la Maison des libertés”, perd de nombreuses régions. Il remet sa démission en avril 2005. Trois années plus tard, il lance une nouvelle coalition, “Le Peuple de la liberté”, qui remporte les élections parlementaires de 2008, avec une majorité à la Chambre des députés et une majorité absolue au Sénat.  

Silvio Berlusconi est président du Conseil italien pour la troisième fois de sa carrière. Son gouvernement doit faire face à la crise économique et l’homme d’affaires adopte plusieurs mesures, comme une amnistie fiscale qui permet de renflouer les caisses de l’État ou encore son plan d’austérité pour contrer la crise de la dette publique dans la zone euro.  

Il démissionnera en novembre 2011, dans un contexte marqué par la dégradation de la situation économique de l'Italie et des tensions au sein de la coalition gouvernementale. Il redevient député, se fait élire sénateur, est déchu en 2013, refonde son ex-parti Forza Italia et redevient encore député européen jusqu’à octobre 2022. Il annonce en 2021 son intention de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2022 mais se rétracte. À l’issue des élections parlementaires de 2022, il est réélu sénateur, dernier poste politique occupé.

Des scandales à la pelle 

Une longévité politique marquée par des problèmes de santé mais surtout par de nombreux scandales et des démêlés judiciaires, qui faisaient valser sa popularité. Soupçons de corruption, de prostitution sur mineur, de liens avec la mafia, de faux en bilan et détournements de fonds... La quasi-totalité de ses procès se sont clôturés par des acquittements définitifs, des réhabilitations ou des prescriptions.  

En 2013, il est condamné pour fraude fiscale liée à Mediaset, son empire médiatique. Une condamnation qui lui a valu sa déchéance du Sénat. Il est réhabilité en 2018 par le tribunal de Milan. Toujours en 2013, il est condamné à 7 ans de prison pour prostitution de mineure et abus de pouvoir dans une affaire de 2010 connue sous le “RubyGate”, du nom de Ruby Rubacuori, alias d’une mineure marocaine, âgée de 17 ans lors des faits. Il est définitivement acquitté en 2015.  

Silvio Berlusconi a également bénéficié d’un non-lieu dans un procès pour corruption de sénateurs en vue de faire tomber le gouvernement Prodi et d’une prescription dans l’affaire “David Mills”, du nom d’un avocat britannique à qui “Il Cavaliere” était soupçonné d’avoir versé 600 000 dollars pour obtenir de faux témoignages en sa faveur. Pareil pour les soupçons de lien avec la mafia, qui n’ont jamais abouti à un procès contre Silvio Berlusconi. 

Après une première opération à cœur ouvert en 2016, Berlusconi est plusieurs fois hospitalisé en 2021 en raison de complications liées à la Covid-19. Le 5 avril dernier, il est admis en soins intensifs et les médecins annoncent qu'il souffre d'une leucémie chronique, c’est-à-dire un cancer du sang. Il quitte l'hôpital le 19 mai mais il est de nouveau admis le 9 juin avant de succomber à la maladie, ce lundi 12 juin 2023. 

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