"Panama Papers" : les révélations continuent, la communauté internationale veut agir

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 07 avril 2016 - 09:11
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Panama City.
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Les rebondissements se poursuivent dans l'affaire des "Panama Papers", qui dévoile un vaste système d'évasion fiscale à l'échelle planétaire que les grands pays affirment vouloir combattre.
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Enquêtes et perquisitions à travers le monde, démissions de dirigeants, opinions publiques indignées: les rebondissements se poursuivent dans l'affaire des "Panama Papers", qui dévoile un vaste système d'évasion fiscale à l'échelle planétaire que les grands pays affirment vouloir combattre.

Au milieu du déballage des pratiques financières de tout un éventail de dirigeants, entrepreneurs, sportifs, banques et criminels - dont peut-être des barons de la drogue - qui utilisent les services du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca pour créer des sociétés offshore, la justice mène l'enquête.

En Argentine, un député a déposé plainte mercredi pour évasion fiscale contre le président Mauricio Macri, dont le nom apparaît dans les registres de sociétés offshore. L'intéressé affirme n'avoir commis aucune irrégularité et détenu aucune participation dans ces entreprises du groupe Macri, propriété de son père.

En Suisse, la police fédérale a perquisitionné le siège de l'UEFA (Union des associations européennes de football) à Nyon (ouest), pour obtenir les contrats concernant l'attribution des droits TV en Equateur à la société Cross Trading, citée dans ce vaste scandale de placements dans des paradis fiscaux révélé dimanche. Le nom de Gianni Infantino, le nouveau président de la Fifa fraîchement intrônisé après la chute de son prédécesseur Sepp Blater pour corruption, apparaît aussi.

Toujours à la Fifa, l'Uruguayen Juan Pedro Damiani a démissionné de la commission d'éthique de l'instance mondiale du foot, lui aussi cité dans les "Panama papers", qui ont déjà coûté son poste mardi au Premier ministre islandais David Sigmundur Gunnlaugsson.

Ce dernier a été remplacé mercredi soir par le ministre de l'Agriculture Sigurdur Ingi Johannsson. Il a annoncé des législatives anticipées pour l'automne en Islande, où 22.000 manifestants selon les organisateurs - sur une population d'un peu plus de 300.000 Islandais - avaient réclamé lundi le départ de son prédécesseur.

Ces révélations ont fait souffler un vent de transparence, d'autant que les Etats-Unis, première économie mondiale, sont en train de combattre de leur côté l'optimisation fiscale des entreprises, qui les prive, eux et de nombreux autres Etats parfois très endettés, de recettes fiscales cruciales. "La question de l'évasion fiscale est un énorme problème", selon le président américain Barack Obama, qui réclame un durcissement des législations en vigueur.

En Europe, le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a souligné "l'urgence" pour l'UE d'élaborer une "liste noire" unique de paradis fiscaux, avec des critères communs aux 28 Etats membres. "La France va faire en sorte que la coopération internationale soit renforcée", a assuré le président français François Hollande.

Dès la semaine prochaine à Washington, à l'occasion des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, les ministres des Finances des pays les plus puissants du monde vont aborder les questions soulevées par ces révélations lors d'un G20 Finances.

En attendant, la France a décidé mardi de réinscrire le pays latino-américain sur sa liste des paradis fiscaux, et demandé à l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, le groupe des pays avancés qui pilote la lutte contre l'optimisation fiscale au niveau mondial) de lui emboîter le pas. Les représentants des services fiscaux des pays de l'OCDE ont prévu de se réunir d'urgence pour parler du Panama.

Mais le pays latino-américain ne semble pas disposé à changer sa politique, alors que la plupart des personnes éclaboussées par les révélations distillées depuis dimanche par les membres du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) se défendent en disant respecter la loi.

Le gouvernement panaméen riposte en s'en prenant à l'OCDE et à la France: "de toute évidence, (vous) utilisez l'information émanant du récent rapport diffusé par les médias internationaux pour déformer les faits et ternir la réputation du pays", a dénoncé le vice-ministre des Affaires étrangères, Luis Miguel Hincapié, dans un courrier à l'OCDE.

Le Panama accuse le Secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, d'avoir pour dessein "de contraindre à l'adoption de la norme de l'OCDE pour l'échange automatique d'informations" fiscales, le nouveau standard mondial récemment mis en oeuvre par presque tous les pays.

La France est aussi menacée: "au Panama, il existe une loi qui prévoit des mesures de rétorsion contre les pays qui inclueraient le Panama sur les listes grises", a averti devant la presse le directeur de cabinet de la présidence, Alvaro Aleman.

L'Algérie a également choisi la contre-attaque: elle a convoqué l'ambassadeur de France pour dénoncer "une campagne hostile" en France contre son ministre de l'Industrie algérien Abdesselam Bouchouareb, cité par le quotidien français Le Monde pour avoir détenu une société de gestion immobilière établie au Panama.

En Tunisie, un homme politique a lui porté plainte mercredi pour "diffamation" contre un média local. Selon les "Panama Papers", plus de 500 banques ont aidé leurs clients à gérer des sociétés offshore, avec, pour certaines, une évasion fiscale à la clef.

 

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