Surveillance ciblée en Chine pour mieux contrôler journalistes et étudiants
Alors que la population ouïghoure en Chine est déjà ciblée par des expérimentations avec des algorithmes de reconnaissance d'émotions, la reconnaissance faciale est maintenant appliquée dans la province de Henan pour surveiller les journalistes et d’autres personnes ciblées comme les étudiants étrangers et les femmes migrantes (potentiellement victimes de réseaux de traite d’êtres humains selon la Chine).
Journalistes et étudiants classés “préoccupation majeure” pour contrôler leurs mouvements
Le 17 septembre dernier, l’entreprise informatique chinoise NeuSoft aurait gagné un appel d’offre pour mettre en place une cette technologie de surveillance. Les documents de ce contrat ont été repérés par la société d'analyse de la surveillance IPVM et mis en lumière par la BBC. Reliée à des milliers de caméras et des bibliothèques de données, cette technologie est capable d’alerter lorsqu'une "personne préoccupante" est localisée. Pour le Bureau de la sécurité publique du Henan, les journalistes, y compris journalistes étrangers, sont classés “Préoccupation majeure”, avec trois sous-catégories : rouge pour ceux jugés dangereux, jaune ceux qui suscitent une “préoccupation générale” et vert pour ceux qui ne sont pas dangereux. Dès que les "journalistes préoccupants", marqués "rouge" - ou "jaune", s'ils ont déjà fait l'objet de poursuites pénales - réserveraient un billet pour se rendre dans la province, des alertes sont déclenchées. Une classification serait aussi implémentée pour les étudiants : excellents étudiants étrangers, étudiants en général, et personnes provenant des pays-clés, et étudiants instables (qui ne respectent pas la discipline scolaire). Un suivi spécial est prévu pour le “temps de guerre”, c'est-à-dire, les périodes politiquement sensibles, telles que la réunion annuelle de l'Assemblée nationale populaire. Pendant ces périodes, personnes suspectes "préoccupantes" auront une surveillance intensifiée, notamment à travers le suivi de leurs téléphones portables.
Pour les défenseurs des droit de l’homme, ce mécanisme de surveillance marque un précédent dans l'hostilité envers les citoyens
Cette nouvelle technologie permet donc une surveillance personnalisée, qui permettra d’automatiser la persécution des journalistes par l'État. Pour Sophie Richardson, directrice de Human Rights Watch pour la Chine, les intentions sont d’autant plus effrayantes, car de cette manière on veille à ce que chacun sache qu'il peut et va être surveillé, mais sans jamais savoir ce qui pourrait déclencher un intérêt hostile.
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