Crise énergétique : la Turquie double ses importations de pétrole russe
Candidate à l’adhésion de l’Union européenne depuis 1987, la Turquie a choisi d’adopter une position impartiale dans le conflit russo-ukrainien, malgré la pression des Européens. Pendant que l'effet boomerang des sanctions occidentales contre la Russie lèse les populations européennes, elle a décidé de doubler ses importations de pétrole russe, selon les données de Refinitiv Eikon du 22 août. Une position qu'elle défend ardemment afin de privilégier ses intérêts nationaux.
Plus d’échanges commerciaux entre la Turquie et la Russie
Pour répondre à l’invasion russe en Ukraine, les dirigeants occidentaux ont décidé de multiplier les restrictions économiques envers la Russie. Un choix auquel ne veut pas se conforter Ankara, qui priorise ses intérêts nationaux. Depuis le printemps 2022, le commerce entre la Turquie et la Russie est en plein essor. Cette impulsion est due au vide laissé par les entreprises européennes ayant quitté la Russie. Les entreprises turques, qui ne sont pas interdites de traiter avec leurs homologues russes, ont décidé de conserver les échanges commerciaux.
La Turquie a même doublé ses importations de pétrole russe cette année, comme le confirment les données de Refinitiv Eikon du 22 août. Pour Urals et Siberian Light, deux qualités principales du pétrole brut russe d’exportation (REBCO), Ankara a augmenté ses imports de 98 000 barils par jour pour 2021, à plus de 200 000 barils par jour cette année.
Par ailleurs, le président turc Tayyip Erdogan et le président russe Vladimir Poutine se sont rencontrés début août pour convenir d'un renforcement plus général de la coopération commerciale.
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La Turquie et l'Inde : diplomates et stratèges ?
En somme, si le président turc Recep Tayyip Erdogan avait condamné l'invasion russe en Ukraine, il joue la carte de la diplomatie plutôt que celle des tensions. Il avait déclaré vouloir « rejeter cette opération inacceptable », la qualifiant de « coup dur porté à la paix et à la stabilité régionale ». Mais il a toutefois voulu répondre aux intérêts économiques de son pays. Selon les informations de Reuters, la Turquie n'a pas sanctionné la Russie, car elle affirme qu'elle reste dépendante des approvisionnements énergétiques russes.
Finalement, après avoir signé un accord de coopération économique et énergétique avec la Russie le 5 août dernier, le dirigeant turc a également accepté que les livraisons du gaz russe à la Turquie soient « partiellement payées en roubles ». « Un aspect positif de notre visite à Sotchi est notre accord avec M. Poutine sur le rouble. Si Dieu le permet, nos échanges en roubles assureront des bénéfices à la Turquie et à la Russie », avait expliqué le président Erdogan, comme le confirme la Tribune.
De son côté, l’Inde suit un parcours assez similaire. Fortement dépendante de la Russie, elle ne veut ni froisser ses collègues occidentaux, ni se mettre à dos Moscou. Mais selon France Info, « l'économie indienne dépend à 80 % des importations pour sa consommation de pétrole. » Ainsi, l'Inde « condamne la guerre, mais pas la Russie. »
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