Pédocriminalité : l'UE veut obliger les plateformes numériques à scanner les conversations
Pour combattre la pédocriminalité, fléau aggravé par la pandémie, l'Union européenne a dévoilé ce mercredi 11 mai de nouvelles règles. Le texte prévoit d'obliger les plateformes numériques à surveiller le contenu des conversations de près afin de détecter du contenu illégal. Un nouveau Centre européen (EUCSA) tiendra le rôle de facilitateur entre les autorités et les plateformes nationales. Son objectif sera de proposer des technologies de détection aux entreprises et de réfléchir aux indicateurs utilisés pour en faire une base de données.
Rappelons-nous qu'en 2021, la fondation Internet Watch avait détecté une augmentation de 64 % des signalements d'abus sexuels sur des enfants, par rapport à l'année précédente.
Voir aussi : Pédocriminalité : "Leur terreur, c'est que les gens descendent dans les rues pour ça" Karl Zéro
Une intrusion indiscriminée et disproportionnée dans les communications personnelles
Cette surveillance massive, rendue possible par la dérogation à la directive "ePrivacy" adoptée en juillet dernier, n’est pas du goût de tous. Les défenseurs des libertés ont donné de la voix. Pour Rejo Zenger, conseillère politique à la fondation "Bits of Freedom", cette manière de combattre la pédopornographie n’est pas idéale, car elle ne s'intéresse pas aux problèmes majeurs tels que la surcharge de compétences des forces de l'ordre ou la coopération internationale défectueuse. Comme souvent, on s'intéresse aux symptômes du problème plutôt qu'à sa cause.
Avis similaire du côté de l'eurodéputé Renew Moritz Körner : "Au lieu de lutter contre ces crimes odieux en renonçant de manière disproportionnée aux droits fondamentaux de tous les citoyens de l'UE, il vaudrait mieux investir beaucoup plus dans l’équipement de la police, de l’autorité de police européenne Europol et dans la coopération transfrontalière des autorités compétentes".
Un cadre européen qui se veut "plus sûr"
Pour protéger les plus jeunes du numérique et de ses travers, la Commission européenne a aussi présenté un communiqué de presse intitulé "Nouvelle stratégie de l'UE pour protéger les enfants dans le monde en ligne et les former à cet environnement". Il s'agit, en substance, d'une politique de protection des enfants face aux dangers de la "désinformation, du cyberharcèlement ainsi qu’aux contenus préjudiciables et illicites".
Cette stratégie, le commissaire au marché intérieur Thierry Breton l'a décrite en ces termes :
La décennie numérique de l'Europe offre de vastes possibilités aux enfants, mais la technologie peut également présenter des risques. La nouvelle stratégie pour un internet mieux adapté aux enfants va permettre de doter les enfants des compétences et des outils nécessaires pour naviguer dans le monde numérique en toute sécurité et en toute confiance. Nous invitons les entreprises du secteur à jouer leur rôle dans la création d'un environnement numérique sûr et adapté à l'âge des enfants, dans le respect des règles de l'UE.
De fait, les réseaux sociaux et plateformes numériques sont dans le viseur de l'Union européenne — certains chefs d'États envisagent ni plus ni moins que le démantèlement, surtout depuis qu'Elon Musk a racheté Twitter. En parallèle, l'institution internationale se veut plus souveraine et prépare donc son propre terrain numérique.
Lire aussi : Biométrie dans l'espace public: le rapport du Sénat se veut rassurant mais laisse "des zones de flou"
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.