Venise : le retour du tourisme de masse ?
17 mois après la fermeture de sa lagune aux touristes pour cause de pandémie, la ville de Venise accueille à nouveau des navires de croisière… Pour le plus grand désarroi d’une partie de ses habitants.
Le retour des navires de croisière
Pendant dix-sept mois, la ville de Venise a vécu au ralenti. En raison de la pandémie de Covid-19, les milliers de touristes qui foulent habituellement la place Saint-Marc avaient déserté les lieux. Et les canaux, habituellement chargés de gondoles, avaient retrouvé leurs eaux claires. Mais la lagune s’ouvre à nouveau au tourisme, et laisse à nouveau passer les navires de croisière. Samedi 5 juin, vers 16h30, un premier paquebot, le MSC Orchestra, a levé les amarres dans la Cité des Doges. Ce monstre des mers, pesant 92 000 tonnes et mesurant 294 mètres de long, a fait une première escale de deux jours à Venise, avant de mettre le cap sur les îles grecques et Dubrovnik, en Croatie. À son bord, 650 passagers qui ont dû présenter un test PCR négatif datant de moins de quatre jours et se soumettre à un nouveau test pour pouvoir embarquer.
Un désastre environnemental
Mais si Venise vit essentiellement du tourisme, la majorité des habitants de la lagune ne voient pas d’un bon œil le retour de ces immenses paquebots au cœur de la ville. Alors que le MSC Orchestra avançait en direction de la place Saint-Marc, des manifestants ont signifié leur opposition au regain du tourisme de masse en criant à bord de petites embarcations le slogan « Non aux navires de croisière ».
Si les Vénitiens sont vent debout contre les paquebots, c’est parce que leur impact sur la lagune est dramatique. Selon les défenseurs de l’environnement et du patrimoine culturel, les remous causés par ces énormes navires érodent les fondations en bois des immeubles séculaires de la ville. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, Venise pourrait donc voir ses structures s’effondrer avec le tourisme de masse et les croisières régulières, qui fragilisent également l’écosystème de la lagune, sans compter la pollution émise par les paquebots. Chaque année, les 600 bateaux de croisières qui accostent à Venise rejettent dans l’atmosphère l’équivalent de l’émission de gaz de milliers de voitures.
Faire redémarrer l’économie
Mais ces géants des mers ont aussi leurs partisans. Réunis au sein du mouvement « Venise travaille », ils soulignent leur rôle indispensable dans l’économie vénitienne. De son côté, l’Association internationale des Compagnies de Croisière (CLIA) affirme que le retour des paquebots dans la Sérénissime participe au « redémarrage de cette ville qui a tant souffert pendant ces 17 mois ». « En un an, le secteur a perdu un nombre énorme de passagers, environ 800 000, ce qui signifie pour l’économie une perte d’environ 1 milliard d’euros », indique Francesco Galietti, le dirigeant de l’association cité par 20 Minutes.
Une mobilisation internationale
Des arguments qui peinent à convaincre à l’international. Mardi 8 juin, des artistes à la renommée internationale, tels que Mick Jagger, Francis Ford Coppola ou Wes Anderson ont adressé une lettre ouverte au président italien Sergio Mattarella, au Premier ministre Mario Draghi et au maire de Venise Luigi Brugnaro pour réclamer un « arrêt définitif » de la circulation des navires de croisière. Ils demandent notamment une meilleure gestion des flux de touristes, une protection de l’écosystème de la lagune et la lutte contre la spéculation immobilière, pour protéger « l’intégrité physique mais aussi l’identité culturelle » de Venise.
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