La revue d’actu de France-Soir : semaine du 3 juillet 2023
La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.
Au programme de la RDA de France-Soir cette semaine : la majorité silencieuse… des LR, les réseaux sociaux ennemis de la nation, surveillance numérique, Sénégal, Ukraine, Biden en pro-Ursula, la Chine de Hong Kong... et de Klaus Schwab (voire de Valérie Pécresse), nouveaux records économiques pour Bernard Arnault et pour les ménages français… mais aussi un Emmanuel Macron résistant, un Alexis Poulin militant, ou encore le nouveau média ami du ministère de l’Intérieur.
Le tout, saupoudré de quelques kilos de cocaïne !
Une sixième RDA qui promet de vous en faire voir de toutes les couleurs !
FRANCE
Cette semaine l’actualité française a une nouvelle fois été totalement sclérosée par les violences urbaines survenues la semaine précédente.
Par exemple, lundi, BFMTV diffusait en direct les images de la marche de soutien à Vincent Jeanbrun, le maire de L’Haÿ-les-Roses qui a été victime à son domicile d’une attaque à la voiture bélier incendiée.
BFM explique que, « sous les applaudissements de la foule, l'élu a marché en tête de cortège derrière une banderole "Ensemble pour la République", encadré des ténors de son parti, le président du Sénat Gérard Larcher, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse et le patron des Républicains Éric Ciotti. La cheffe de file des députés Renaissance Aurore Bergé était également présente ».
Pour le maire de L’Haÿ-les-Roses, cette attaque sauvage lui a permis de voir « le vrai visage des émeutiers : celui d'assassins ». Pour l’édile, les assaillants « ont voulu assassiner [sa] femme et [ses] deux jeunes enfants dans leur sommeil ».
BFM précise que « devant la presse, Vincent Jeanbrun a ensuite estimé que ce n'était pas "sa personne" qui avait été "attaquée" ce week-end mais le "symbole" du maire ». Voilà bien pourquoi il considère que « plus que jamais notre République et ses serviteurs sont menacés et attaqués ». C’est d’ailleurs pour cela que Julien Bachard a tenu à être présent aux côtés de sa famille politique « pour que la majorité jusqu'ici silencieuse puisse se faire entendre et dire : stop, ça suffit ! ».
Le seul petit souci, c’est que mercredi, à peine deux jours après cet émouvant rassemblement, Le Canard enchaîné nous apprenait que, finalement, dans cette affaire, il s’agirait plutôt d’un « travail de pro. L’attaque de la maison du maire de L'Haÿ-les-Roses ressemble à une opération commando. De quoi faire pencher les enquêteurs vers l’hypothèse d’une vengeance de trafiquants de drogue, plutôt qu'une improvisation d'émeutiers… ».
Comment, diantre, le maire de L'Haÿ-les-Roses a-t-il fait pour se trouver en conflit avec des criminels visiblement si dangereux et puissants qu’ils ont été en mesure de saisir l’opportunité d’inattendues émeutes pour organiser, à la hâte, une véritable « opération commando » contre lui ?
Au final, heureusement, plus de peur que de mal ! Tout est rentré dans l’ordre… puisque « la majorité » des LR est redevenue totalement « silencieuse », aucun de ses membres n’ayant désiré commenter ces nouvelles révélations.
Et, une opération de com’ qui tombe à l’eau, une !
En parallèle, le même jour, un autre membre des LR entendait, lui aussi, surfer sur l’actualité pour tenter de se faire remarquer. Il s’agit de Julien Bachard, le maire de Saint-Gratien, une banlieue cossue du Val-d’Oise.
C’est Le Parisien qui se fait l’écho de la nouvelle. Le quotidien explique que l’élu « a pris la plume après les violences qui ont touché sa commune la semaine dernière ». Un courrier que Julien Bachard a ensuite adressé « aux seuls habitants des Raguenets, un quartier classé sensible de la ville particulièrement touché par les dégradations ».
En substance, dans cette lettre, le maire de Saint-Gratien incite les habitants du quartier « à communiquer les informations qu’ils possèdent ». Julien Bachard veut juste qu'on lui fournisse les noms des fauteurs de troubles et, pour cela, il compte bien s'appuyer sur ses administrés pour les lui balancer.
Le maire a d’ailleurs tenu à les avertir de sa fermeté : « tant que nous ne posséderons pas les noms, aucune reconstruction ne sera engagée. Le seuil de tolérance est largement dépassé ».
En résumé, Julien Bachard a d’abord décidé de stigmatiser une partie de ses administrés, avant de les inciter à la délation, sous peine, sinon, de les laisser croupir dans des quartiers délabrés.
Il faut reconnaître que le seigneur de Saint-Gratien a au moins le courage de ses opinions et ose clairement expliquer à ses vilains gueux, premières victimes de ces émeutes, qu’il va désormais falloir choisir son camp : l’ordre façon République aristocratique ou le chaos à la Mad Max.
Toujours sur le même sujet d’actualité, mardi, BFMTV relayait les fraîches déclarations d’Emmanuel Macron. D’après le président de la République, la plus grande chance d'empêcher que ces violences urbaines ne se répètent, c'est « d'avoir une réflexion sur l'usage des réseaux sociaux chez les plus jeunes. [...] Sur les interdictions que l’on doit mettre ».
Selon Emmanuel Macron, le problème se poserait surtout lors de ces moments où « les choses s'emballent ». C’est pourquoi, concernant les réseaux sociaux, le chef de l’État lance l’idée qu’il « faut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper (…) c'est un vrai débat que l'on doit avoir, à froid. Parce que quand ça devient un instrument de rassemblement ou pour essayer de tuer, c'est un vrai sujet. »
Le lendemain, mercredi, Jean-Noël Barrot, le ministre délégué chargé de la Transition numérique, confirmait sur Twitter que « le Président [lui avait en effet bien] demandé de mettre une pression maximale aux réseaux sociaux. ».
Le ministre ajoutait que « des réponses ont été apportées pour retirer rapidement les contenus signalés » en précisant que « ces mesures d'urgence deviendront obligatoires le 25 août prochain, sous peine de sanctions ».
Le même jour, France-Soir expliquait que le ministre s’appuyait en fait sur le Digital Services Act, une nouvelle loi européenne qui, selon ce même Jean-Noël Barrot, devrait permettre « d'analyser et de corriger le risque systémique [que les plateformes de réseaux sociaux] font peser sur la sécurité publique ».
En un mot, l’exécutif propose une censure des réseaux sociaux au quotidien, mais préconise tout de même, au cas où, leur coupure pure et simple si jamais « les choses s’emballaient » un peu trop... à son goût.
En vraie LR, toujours prête à se faire remarquer, Valérie Pécresse annonçait, le même jour sur RTL, vouloir aller encore plus loin.
La présidente de la région Île-de-France, dont les propos sont résumés dans un article de 20 minutes, n’arrive pas à comprendre « pourquoi on ne lève pas [une bonne fois pour toutes] l’anonymat sur les réseaux sociaux » ni « pourquoi on n’instaure pas une responsabilité pénale des plateformes ».
20 minutes ajoute que Valérie Pécresse considère « [qu’]entre la Chine où “ils contrôlent vraiment bien leurs réseaux sociaux” et la culture “totalement libertaire” des Etats-Unis », l’ancienne candidate à la présidentielle aimerait bien « inventer un modèle européen de contrôle des réseaux sociaux qui respecte les libertés mais en même temps protège la société ».
En somme, la vision politique des LR et de Madame 4,78 % se situent à présent entre celle d’une démocratie libérale et celle d’une dictature.
La veille, mardi, Anonyme Citoyen s’amusait à rappeler la « liste des pays qui ont [justement] coupé l'accès aux réseaux sociaux où à Internet depuis 2021 lors d'émeutes ou de manifestations : Sénégal, Mauritanie, Pakistan, Kazakhstan, Iran, Soudan, Sierra Leone, Suriname, Cuba, Inde, Eswatini, Colombie, Myanmar ».
La France, ce nouveau phare dans la nuit pour les pays autocratiques.
C’est en tout cas le message qu’Allan Barte a voulu faire passer mercredi sur Twitter. Le dessinateur s’y « demande ce qu'auraient dit les macronistes, il y a quelques années, si on leur avait annoncé le genre de mesures qu'ils allaient soutenir... ».
En complément, Allan Barte nous propose une illustration représentant Kim Jong-un. Le dictateur nord-coréen y commente la volonté du gouvernement français de couper les réseaux sociaux en cas de problème : « Ah ! Mais c’est comme moi ! Lol ! C’est marrant. Mon pays ressemble de plus en plus à une démocratie ! ».
Pour Fabrice Epelboin, présenté, ce même jour par BFMTV comme un « entrepreneur spécialiste des réseaux sociaux et enseignant à Sciences Po », la France ressemblerait en ce moment davantage à un pays comme « la Turquie [qui] a coupé [Twitter] en 2014, quand il y a eu des fuites concernant des enregistrements d'Erdogan qui touchaient à sa corruption. Elle a tout coupé à nouveau au moment de ce tremblement de terre, parce que la population n'était pas très satisfaite de la façon dont le pouvoir gérait la situation ».
Fabrice Epelboin explique que cette attaque actuellement lancée par l’exécutif français (et ses alliés) sur les réseaux sociaux n’est en réalité rien d’autre qu’un « ballon d’essai (…) [puisqu’il n’y a] pas grand monde qui apprécie cette idée. Elle sera [donc] ressortie à une occasion opportuniste. Et puis, à un moment, ça passera. On aura un texte de loi qui, bien évidemment, est déjà prêt. Les technologies sont là ».
L’ancien du CELSA ajoute que, dans la pratique, « ce n'est pas affreusement compliqué. Il y a des méthodes beaucoup plus simples que de couper Facebook (…). Il suffirait de couper les antennes relais GSM (…) parce que le problème, c'est surtout l'accès Internet en mobilité dans certaines zones. Et là, il suffit de couper certaines antennes, pas toutes. On met [ainsi] en situation de semi black-out [uniquement le] quartier qui pose problème ».
Fabrice Epelboin note que « pour l'instant, [ce type de répression] se fait essentiellement dans des dictatures, donc [là-bas] on ne prend pas ce genre de subtilité, on coupe tout. C'est beaucoup plus simple. Mais on pourrait tout à fait envisager ce genre de choses [en France]. C'est tout à fait envisageable. Pas demain matin, c'est clair que la réaction est beaucoup trop virulente, là, pour qu'il passe à l'action. Mais très clairement, on a avancé un pion ».
Un témoignage de Fabrice Epelboin à la fois éclairant et pertinent… mais qui, au regard de la réaction des journalistes présents face à lui, devrait néanmoins lui valoir le droit de ne plus jamais être invité sur le plateau de BFMacronie.
Toujours sur le registre de la répression et de la surveillance numériques, mercredi, Le Monde nous prévenait que « l’activation à distance des téléphones “mouchards” [avait fini par être] adoptée par l’Assemblée nationale ».
Le quotidien rappelle que « l’article 3 [de cette loi] prévoit d’autoriser le déclenchement à distance des caméras ou micros des ordinateurs et autres appareils connectés, comme les téléphones, à l’insu des personnes visées, avec deux finalités différentes. D’une part, la géolocalisation en temps réel pour certaines infractions. D’autre part, l’activation de micros et de caméras pour capter son et images, qui serait, elle, réservée aux affaires de terrorisme et de délinquance et criminalité organisées ».
Censure, voire coupure généralisée des réseaux sociaux, écoute et surveillance des appareils mobiles, la France cherche visiblement à faire mieux que la Turquie.
MONDE
Mardi, The Telegraph nous révélait que « Joe Biden faisait pression pour qu’Ursula von der Leyen prenne la tête de l’OTAN ». Selon une source du quotidien, « M. Biden et Mme von der Leyen ont construit "un lien fort" ces dernières années, favorisant des relations transatlantiques étroites sur la Chine, l'Ukraine et le climat ».
Le journal britannique ajoute que, selon sa source, la patronne de l’Europe « "se fie désormais à Washington pour ses renseignements" en s'éloignant des informations qui lui sont relayées par les agences européennes, qui ont mal évalué l'invasion de l'Ukraine par la Russie ».
Allemands et Américains, la relation adultère géopolitique la plus performante et fructueuse de l’histoire ?
Ursula à la tête de l’une des plus puissantes forces militaires de la planète, quelle perspective réjouissante… à part peut être pour les allemands qui, comme le souligne The Telegraph, se souviennent certainement qu’en 2015, lorsque la reine de l’UE n’était encore qu’une simple ministre de la Défense de leur pays, leurs militaires « avaient dû remplacer des mitrailleuses lourdes par des balais lors d'un exercice de l'OTAN, pour cacher leur manque d'équipement ».
Ce même mardi, Le Figaro nous donnait des nouvelles de Hong Kong où, « depuis la promulgation en 2020 d'une loi sur la sécurité nationale dans le sillage de manifestations pro-démocratie, [ce] texte [était] accusé par ses détracteurs d'avoir fait reculer les libertés et poussé à l'exil des personnes liées aux manifestations qui avaient secoué parfois avec violence la métropole de juin à décembre 2019 ».
Le Figaro nous explique que, dans cette ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997, « la police a [même] promis un million de dollars hongkongais de récompense (117.000 euros) pour des informations qui permettraient l'arrestation de huit militants pro-démocratie. Ils sont accusés de collusion avec des forces étrangères pour mettre en danger la sécurité nationale, des faits passibles de la prison à vie ».
John Lee, le dirigeant de Hong Kong a d’ailleurs tenu à prévenir les militants réfugiés à l’étranger, « le seul moyen [pour eux] de mettre fin à leur destin de fugitifs (…) est de se rendre », sinon ils « seront pourchassés toute leur vie » en étant condamnés à « vivre dans la peur ».
Sympa ! Valérie Pécresse hésiterait entre louer l’efficacité de la méthode et la condamner.
Silence radio constant, en tout cas, du côté de Washington et de Paris sur le sort réservé à ces militants pro-démocratie matés par le régime de Pékin grâce aux multiples restrictions mises en place par les autorités chinoises lors de la pandémie de Covid.
Il ne fait pas bon être militant pro-démocratie en ce moment… et pas qu’en Chine.
S’il y en a en revanche bien un qui n’a pas peur de dire tout haut ce qu’il pense du modèle chinois, c’est Klaus Schwab ! Dès le lendemain, mercredi, France-Soir nous apprenait que le fondateur et président exécutif du Forum Économique Mondial (WEF, en anglais) avait participé au « "Summer Davos" qui s'est tenu du 27 au 29 juin dernier à Tianjin en Chine ».
À cette occasion, France-Soir rapporte que Tonton Klaus a tenu à saluer un « "partenariat de plus de 40 ans avec le Parti communiste chinois" (PCC), se disant prêt à "l’approfondir". Le fondateur du Forum s'engage par exemple à "lutter contre le réchauffement climatique" aux côtés de la Chine, saluée "pour ses mesures de contrôles anti-Covid" ».
Le président du WEF tenait ensuite à adresser une dernière courbette à Li Qiang, le nouveau Premier ministre chinois présent pour l’occasion : « Monsieur le Premier ministre Li, nous sommes impatients d'apprendre de votre vision de la Chine et du monde ! ».
Celle du crédit social et de la tolérance zéro pendant le Covid, d’accord, mais le gourou de Davos inclue-t-il aussi à cette « vision de la Chine », la manière avec laquelle elle traite les militants « pro-démocratie » ou encore les méthodes qu’elle a pu employer en internant des millions de Ouïghours et en les stérilisant de force ?
Pour Alexis Poulin, journaliste et éditorialiste, Tonton Klaus ne s’arrête pas à sa seule adulation de la Chine. Le fondateur du Monde moderne rappelait, jeudi, sur son compte Telegram que « le super rapport du WEF de 2019 qui fixe des objectifs de pauvreté (vous n'aurez plus rien) [préconise, par exemple,] 1 vol [de moins de 1500 kms] tous les 3 ans, pas de viande, plus de voiture personnelle, plus de maison, etc ».
Illustrations à l’appui, le journaliste note que « tout est public, écrit. Ces tarés du WEF font passer leur objectif de paupérisation des populations occidentales pour un objectif de sauvetage de la planète. Plus c'est gros... »
… et plus ça passe ! Né en 1938 en Allemagne, il n’est d’ailleurs pas impossible qu’entre deux chinoiseries fantasmagoriques, le jeune Klaus adorait jouer à Barbie.
En bref, deux autres actualités internationales ont également marqué la semaine :
Lundi, France 24 nous annonçait que Macky Sall, le Président du Sénégal qui avait violemment réprimé sa population après avoir fait enfermé Ousmane Sonko, son principal opposant, avait finalement annoncé qu’il ne se représenterait pas pour un troisième mandat.
Paris et Washington applaudissent la décision... de leur dévouée marionnette devenue bien trop impopulaire dans le pays pour entretenir l’illusion que son pouvoir jouirait encore d’une légitimité suffisante pour briguer ce troisième mandat.
Toute ressemblance avec la situation observée actuellement en France serait bien évidemment totalement fortuite.
Hier, samedi, L’Express expliquait que « les États-Unis ont [finalement] accepté de livrer à Kiev » des « bombes à sous-munitions », considérées par le journal comme un « armement problématique ».
Concrètement, l’hebdomadaire retient que cette « arme sale » possède la particularité de contenir « une myriade de munitions dispersées avant impact sur la cible. Plusieurs dizaines s’il s’agit d’un obus de 155 mm et plusieurs centaines pour certaines roquettes. Chargées de 644 sous-munitions, les M26 bénéficient d’un guidage GPS et peuvent être tirées par les lance-roquettes Himars, que les Etats-Unis ont fourni en nombre à Kiev ».
L’Express observe également « que [si] la France a banni [ce type d’arme] en signant la convention d’Oslo, en 2008 » en compagnie d’une centaine d’autres pays, « ce n’est le cas ni des États-Unis, ni de l’Ukraine, qui en fait usage, ni de la Russie ».
Captain America n’a manifestement pas tant envie que cela de voir la paix se faire prochainement en Ukraine.
ÉCONOMIE
Mercredi, Libération publiait un article intitulé : « Face à la flambée des prix de l’alimentation, les Français se sont largement serré la ceinture. »
Le quotidien précise que, « depuis janvier 2022, les coupes dans les dépenses d’alimentation des Français ont été particulièrement brutales. En dix-huit mois, le volume des dépenses (…) a chuté de 17 % retombant à leur niveau de 2007, alors que la population augmentait de plus de 4 millions ».
Pire, d’après Libé, c’est « du jamais vu depuis au moins cinquante ans ». Le journal remarque que « depuis 1980, jamais une telle baisse n’avait été constatée ». Pour Libération, « cette chute s’explique principalement par la flambée des prix alimentaires qui a atteint plus de 20 % de hausse depuis 2022 ».
Libé note également que « depuis la mort du jeune Nahel, le 27 juin à Nanterre, de nombreuses villes en France ont été le théâtre de scènes de pillage, pas seulement dans les magasins d’audiovisuel ou de vêtements de sports, mais aussi des supermarchés avec des jeunes ressortant les bras chargés de victuailles et de produits de première nécessité ».
En d'autres termes, n’en déplaise aux LR, on n’attaque pas un Aldi pour faire chuter la République.
L’actualité étant souvent cruelle, en parallèle, le même jour, Challenges proposait son classement annuel des « 500 plus grandes fortunes de France ». En tête, c’est bien évidemment Bernard Arnault, le patron de LVMH, qui explose tout le monde avec ses « 54 milliards [d’euros supplémentaires engrangés] en un an », ce qui, selon l’hebdomadaire économique, lui permet à présent de « dépasser les 200 milliards » d’euros de fortune personnelle.
Challenges remarque que « la fortune globale des "500" grimpe ainsi à des sommets jamais atteints, à 1.170 milliards d’euros, reléguant loin derrière le record de l’année dernière à 1.002 milliards. L’effet est encore plus saisissant sur la durée : en 2009, ce montant n’était que de 194 milliards, représentant 10% du PIB d’alors ; aujourd’hui c’est 45% ! ».
Les records tombent de toutes parts ! Les milliardaires se gavent pendant que le reste de la population apprend à se serrer la ceinture comme jamais.
Bienvenue en République ploutocratique de France.
MÉDIAS
Lundi, Checknews, de Libération, nous apprenait que Pierre Delcombel, le directeur adjoint de Cerfia, un média influent sur Twitter, racontait au quotidien « avoir été appelé par le ministère [de l’Intérieur] pour discuter de sa ligne éditoriale dans la couverture des violences urbaines ».
Contacté par Camille Chaize, la porte-parole de Beauvau, Pierre Delcombel assure avoir eu un « échange amical » avec une personne venue « prendre de [ses] nouvelles ».
Selon le directeur adjoint de Cerfia, ce coup de fil aurait notamment permis de faire naître « un groupe avec le ministère [dans lequel ils peuvent désormais] échange[r] par message privé ».
Par ailleurs, Pierre Delcombel explique que, depuis, il a « informé en interne que les vidéos de type : un mec qui se balade avec une tronçonneuse dans la rue, il faut moins le faire ». Le directeur adjoint de Cerfia « se rend [finalement] compte que ce n’est pas la démarche à faire si on veut calmer les choses », d’autant que Pierre Delcombel considère avoir « une responsabilité aussi, [donc] bien sûr que ça joue ».
Du coup, le responsable de Cerfia l’assure : « Maintenant on est plus vigilant sur ce qu’on relaie mais on n’est pas censurés du tout ».
Non, non, bien sûr.
Pierre Delcombel et son équipe ne font rien d’autre que d’échanger « par message privé » avec Beauvau, ce qui les rend « plus vigilant » pour faire « passer les bonnes infos ». Rien de plus.
Comme le disait si bien Jugnot à Lhermitte dans Les Bronzés font du ski : «Te casse pas [Pierre], on a compris. »
Vendredi, Alexis Poulin se filmait, cette fois, pour donner son point de vue sur l’actualité… et sur la léthargie qui touche actuellement, selon lui, le peuple français : « Marlène Schiappa est toujours ministre, malgré les conclusions de la commission d'enquête du Sénat qui ont montré qu'elle était responsable, non pas de fiasco, mais de détournement d'argent public du fonds Marianne. Évidemment, il ne se passe rien… mais dans le même temps, vous avez de jeunes émeutiers qui ont pris dix mois fermes pour avoir volé une basket, un jean, une canette de Red Bull… ».
Tiens, voilà une radioscopie de l’actualité qui devrait ravir Julien Bachard, le seigneur de Saint-Gratien.
Face à cette réalité déconcertante, le journaliste au monde moderne estime qu’il « n'y a plus rien à attendre de notre pays. Les chiffres viennent de tomber, les failles d'entreprises explosent. Hier, Macron a fait encore un show au tour de France. C'est dingue. Je ne sais pas comment c'est possible. Je ne sais pas comment les Français peuvent être aussi endormis. C'est juste impressionnant. Là, vous avez toute la classe bourgeoise qui est prête à installer un néo-fascisme heureux… et rien. Rien. Les lois de contrôle, les lois de surveillance sur les téléphones portables, les lois de censure des réseaux sociaux… et rien. Rien ».
On prête souvent à De Gaulle la formule : « Les Français sont des veaux ». Sans qu'il n'existe de certitude quant à l'origine réelle de cette expression, on pourrait néanmoins lui répondre qu'une importante partie d'entre eux est souvent composée de conscients peureux habitués à se planquer en espérant que les orages politiques passent.
Une stratégie qui peut apparaître viable… mais qui ne protège néanmoins personne lorsque vient Le Temps des cerises.
Quelques heures plus tard, Alexis Poulin tentait malgré tout de lancer un message d’espoir à l’attention de ces Français apeurés… avec l’intention de les secouer :
« Déconfinez vos cerveaux.
Arrêtez d’avoir peur.
Oubliez l’ordre injuste.
Ne prenez pas ce spectacle tragi-comique au sérieux.
Libérez-vous des petits chefs débiles.
Et ayez confiance en vous.
Rien ne peut arrêter une armée de justes ».
DIVERS
Mercredi, TF1 nous apprenait une nouvelle surprenante : une « trentaine de ballots de cocaïne a été découverts au Touquet-Paris-Plage (Pas-de-Calais) ». Selon la chaîne privée, « le poids total » de la marchandise venue s’échouer aux larges des côtes du fief de la belle-famille du chef de l’État serait « de 36 kilos, soit une valeur estimée à plus de 1,5 million d'euros à la revente ».
Vu la forte consommation de ladite substance dans ce petit coin de France, il n’est à l'heure actuelle toujours pas assuré que cette marchandise était bien destinée à la revente.
Vendredi, Ouest-France nous révélait que, le même jour où ces ballots de drogue étaient subitement apparus sur la plage du Touquet, à la Maison Blanche aussi (au moins) un sachet de cocaïne avait été trouvé par les « équipes du Secret Service ».
Le quotidien nous raconte que « ce mercredi 5 juillet 2023, une analyse de laboratoire a formellement confirmé que la substance retrouvée à la Maison Blanche dimanche 2 juillet était bien de la cocaïne. La poudre avait été retrouvée dans l’aile ouest du bâtiment. Une partie de la Maison Blanche ouverte aux visiteurs le week-end, où se trouve, entre autres, le Bureau ovale de Joe Biden ».
Sans transition, aucune… qui de mieux qu’Emmanuel Macron pouvait clore cette sixième Revue d’actu de France-Soir ?
Dans un tweet publié hier, samedi, le chef de l’État partageait la célèbre photo de Jean Moulin prise au Peyrou à Montpellier. À travers elle, Emmanuel Macron se souvient qu’il « y a 80 ans, résistant, Jean Moulin succomb[ait] aux tortures de la Gestapo sans avoir dit un mot ».
Ce qui est le plus frappant dans son histoire aux yeux du président de la République, c’est « son refus de l’horreur nazie, son amour de la patrie, son dévouement à la République [qui] nous obligent, nous, ses héritiers ».
Le tweet ne précise pas si Emmanuel Macron avait fait un saut par le Touquet avant de faire cette déclaration subliminale, mais il est dans tous les cas absolument impossible de trouver meilleure chute à cette revue d’actu !
Merci Monsieur le Président… et à la semaine prochaine !
-
Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.