Pour Poutine, l'Occident veut freiner "la montée en puissance" de la Russie

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Par Maria PANINA - Moscou (AFP)
Publié le 20 décembre 2018 - 05:00
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Le président russe Vladimir Poutine lors d'un discours à Moscou, le 8 décembre 2018
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© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP/Archives
Le président russe Vladimir Poutine lors d'un discours à Moscou, le
8 décembre 2018
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Vladimir Poutine a accusé jeudi les Occidentaux de tout faire pour freiner la "montée en puissance" de la Russie, dénonçant au cours de son face-à-face annuel avec la presse les sanctions contre son pays et des scandales d'espionnage "inventés".

Pendant cet échange parfois émotionnel de près de quatre heures, le président russe a également annoncé un ambitieux plan de croissance économique et dénoncé le retrait programmé d'un important traité nucléaire par les Américains, y voyant un risque de nouvelle courses aux armements.

Interrogé sur les sanctions occidentales prises contre la Russie depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014, il a estimé que cela était dû à la "montée en puissance de la Russie".

"Un acteur puissant est apparu, avec lequel il faut compter. Il y a peu encore, ils pensaient que ce n'était même plus un pays", a-t-il déclaré devant les 1.700 journalistes accrédités pour l'occasion.

Faisant ensuite allusion aux scandales d'espionnage et aux accusations contre la Russie, en particulier à l'empoisonnement en Grande-Bretagne de l'ex-agent double Sergueï Skripal, M. Poutine y a vu la même logique à l'oeuvre : "S'il n'y avait pas eu Skripal, ils auraient imaginé autre chose. L'objectif est simple : freiner le développement de la Russie (vu) comme un possible concurrent".

S'il a salué l'annonce par Donald Trump du retrait des troupes américaines de Syrie, une décision "juste", il a en revanche critiqué sa volonté de se retirer du traité INF interdisant la mise au point d'armes nucléaires d'une portée de 500 à 5.000 kilomètres.

"Nous assistons actuellement à un effondrement du système international de contrôle des armes" nucléaires, a-t-il déclaré, mettant en garde contre une tendance globale à "sous-estimer" la menace d'une guerre atomique.

- Grandes ambitions économiques -

Vladimir Poutine a par ailleurs mis en avant ses grandes ambitions pour son pays : "Nous avons les forces requises pour occuper la cinquième place (mondiale) en matière économique. Et je pense que nous le ferons", a-t-il notamment dit.

Il a assuré que la Russie - la 12e économie mondiale selon la Banque mondiale - avait connu une croissance de son PIB de 1,7% sur les 10 derniers mois et que celle-ci devrait atteindre 1,8% sur l'année, disant en outre constater une hausse "mineure" des revenus réels en Russie après "une longue pause".

M. Poutine a été réélu en mars pour un quatrième mandat à la tête de l'Etat avec 77% des voix mais sa cote de popularité est aujourd'hui inférieure à 50%, en grande partie en raison d'une augmentation de l'âge de départ à la retraite qui a provoqué des manifestations dans tout le pays -un phénomène rare-.

"Si je n'avais pas été convaincu que c'était inévitable, je ne l'aurais jamais fait", s'est-il défendu jeudi, à propos de cette mesure.

La Russie a connu une récession en 2015 et 2016, sur fond de chute des prix du pétrole et de sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne. Elle a depuis retrouvé le chemin de la croissance mais celle-ci reste modeste.

Vladimir Poutine a aussi dénoncé le "manque de respect", sans préciser qui exactement il visait, pour le vote aux Etats-Unis en faveur de Donald Trump et de ceux ayant soutenu le Brexit au Royaume-Uni.

"Trump a gagné, c'est un fait évident. Mais ils ne veulent pas reconnaître cette victoire", a-t-il lancé, mettant cette élection en parallèle avec le référendum pour la sortie du Royaume-Uni de l'UE que, selon lui, "personne ne veut appliquer".

- Gilets jaunes -

Conformément à la tradition, les journalistes venus de toute la Russie et des cinq continents ont rivalisé d'effets pour tenter d'attirer l'attention du président russe : deux d'entre eux ont ainsi enfilé des gilets jaunes, portant une pancarte "Paris nous attend".

"Laissez parler l'Europe !", "Ecoutez le Kamtchatka!" (Extrême-orient russe), "Nous sommes là, nous aussi!", ont crié ici et là les journalistes... Au point de pousser Vladimir Poutine à leur demander - sur un ton badin - de ne pas transformer la conférence de presse en une "manifestation non autorisée".

Cette 14e conférence de presse annuelle de Vladimir Poutine, qui a soigneusement évité de répondre à toute question sur sa vie privée, a duré trois heures et 43 minutes, près d'une heure de moins que son record de 2008.

La première a eu lieu en 2001, un an après son arrivée au poste de chef de l'Etat, et, depuis 2004, elles ont toutes dépassé les trois heures.

Comme tous les ans, Vladimir Poutine en a profité pour faire des promesses : cette année, il a ainsi assuré qu'il veillerait personnellement à ce qu'un terrain de football soit mis à la disposition des enfants à Saint-Pétersbourg, sa ville natale.

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