SNCF : face-à-face lundi entre les syndicats et le Premier ministre
A la veille d'un huitième épisode de deux jours de grève à la SNCF, les syndicats de cheminots hostiles à la réforme ferroviaire seront reçus lundi par un Premier ministre "très ferme" car certains points ne sont "pas négociables".
"Nous ne reviendrons pas sur l'ouverture à la concurrence, nous ne reviendrons pas sur la réorganisation de l'entreprise et sur la fin du recrutement au statut", a réaffirmé Edouard Philippe vendredi sur France Bleu Berry. "Nous l'avons dit, je le répète", a-t-il insisté.
Les quatre syndicats représentatifs de la SNCF avaient exigé à la mi-avril de rencontrer le chef du gouvernement, excédés après que Matignon eut annoncé d'abord à la presse le projet de filialisation de l'activité fret et la date de fin du recrutement au statut de cheminot (le 1er janvier 2020).
CGT Cheminots, Unsa ferroviaire, SUD-Rail et CFDT Cheminots avaient alors claqué la porte de la concertation menée depuis début mars par la ministre des Transports Elisabeth Borne, réclamant une réunion avec "celui qui décide". Après avoir refusé dans un premier temps de les recevoir, Edouard Philippe leur a finalement donné rendez-vous le 7 mai.
Un revirement mis au crédit de la grève par les syndicats. "Le rapport de force a gagné", se félicitait jeudi Laurent Brun (CGT Cheminots, 1er syndicat à la SNCF), en marge d'un rassemblement à Paris pour mettre le gouvernement "sous pression".
M. Philippe recevra les syndicats à tour de rôle dans "un état d'esprit très ouvert et en même temps très ferme", car "cette réforme est nécessaire pour améliorer la qualité de service ferroviaire", a-t-il averti.
"Il y a encore des sujets à discuter comme les modalités de reprise de la dette" du groupe par l'Etat, une "question extrêmement importante" à voir "pas simplement avec les organisations syndicales", mais aussi "avec la direction de la SNCF", les associations d'usagers, députés et sénateurs.
Adoptée mi-avril en première lecture à l'Assemblée, la réforme sera examinée au Sénat à partir du 23 mai.
- Des questions "dans le flou" -
"On voit bien qu'on n'est pas dans la conclusion du conflit", qui est entré dans son deuxième mois, puisque M. Philippe "reste sur des positions extrêmement dures", mais les cheminots sont "déterminés à aller au bout", a prévenu M. Brun.
Les syndicats "demandent l'organisation de tables rondes de négociations tripartites avec la présence du patronat" pour "clarifier le projet du gouvernement de manière réelle", qu'"on règle les questions en direct" au lieu de rester "dans le flou" et de renvoyer des dossiers à "plus tard", a expliqué le secrétaire général de la puissante CGT Cheminots.
"Toutes les questions de financement sont dans le flou." Et pour le transfert d'agents SNCF dans d'autres entreprises après l'ouverture à la concurrence, "on nous annonce des règles vagues et tout est renvoyé à un futur décret d'application", a-t-il dénoncé.
L'Unsa ferroviaire (2e syndicat) dira "avec véhémence" au Premier ministre qu'il sera "impossible" de "négocier une convention collective du secteur ferroviaire digne de ce nom" avant le 1er janvier 2020, une date "vraiment prématurée", a critiqué son secrétaire général, Roger Dillenseger.
"Dix-huit mois, c'est juste insuffisant" et l'UTP (Union des transports publics et ferroviaires, organisation patronale) juge aussi ce délai trop court, a-t-il assuré à l'AFP.
SUD-Rail (3e) refusera de négocier "des accompagnements" au projet gouvernemental, dont il réclame "le retrait", et organise une manifestation lundi matin à Paris, devant les Invalides.
"En cas d'échec" à Matignon, les syndicats lanceront une "journée sans cheminots, sans train" le 14 mai, a rappelé la CFDT Cheminots (4e), qui veut "une profonde et sincère négociation" pour "sortir de l'impasse".
Avec Mme Borne, M. Philippe recevra aussi FO (5e syndicat), les dirigeants de la SNCF, l'UTP et des représentants des régions et des usagers. Les responsables confédéraux accompagneront les délégations syndicales cheminotes lors de ce round de discussions. "S'il nous invite, j'espère que c'est pour nous dire quelque chose", a relevé Philippe Martinez, le leader de la CGT.
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