Après des débuts tonitruants, Threads perd la moitié de ses membres, Mark Zuckerberg promet d’atteindre "un milliard" d’utilisateurs "assez rapidement"
TECH - L’effet d’annonce s’est tassé et l’application du groupe Meta, Threads, concurrent de Twitter (nouvellement rebaptisé X), a perdu plus de la moitié de ses utilisateurs. Mark Zuckerberg, qui s’est félicité jusque-là du nombre des inscriptions, exige de ses collaborateurs une augmentation de la rétention des utilisateurs de Threads. Lors d’une réunion interne de l’entreprise, le PDG du groupe Meta s’est dit "très confiant" sur le fait que la nouvelle application atteindra, "assez rapidement", un milliard de membres.
Début juillet dernier, Mark Zuckerberg a lancé en grande pompe "Threads" pour concurrencer "Twitter", désormais appelé "X". L’application ressemble comme deux gouttes d’eau à la plateforme détenue par Elon Musk et n’est accessible qu’aux utilisateurs du réseau Instagram. Threads permet de s'abonner instantanément à des comptes déjà suivis ou encore d’écrire des messages comprenant jusqu'à 500 caractères, pouvant être accompagnés de liens, photos et vidéos d'une durée allant jusqu'à cinq minutes. Le lancement de Threads, qui se veut "l'application de conversations écrites d’Instagram", a vite fait réagir Twitter, qui a fait appel à ses avocats pour avertir le groupe Meta contre toute violation de ses droits de propriété intellectuelle.
De nouvelles fonctionnalités pour retenir les utilisateurs ?
Thread totalisait 24h après son lancement une cinquantaine de millions d'inscriptions, boostées par les récents changements effectués par Musk et ses équipes sur l’application de Twitter. Le nombre a grimpé jusqu’à 100 millions d’utilisateurs en cinq jours uniquement. Des débuts tonitruants grâce à l’effet d’annonce qui s’est, cependant, tassé au fil des semaines. Selon Mark Zuckerberg, sur cette centaine de millions de nouveaux membres, quelques dizaines seulement restent actifs. Un "abandon" prévisible et "normal" selon le PDG de Meta, qui entend néanmoins brider cet exode.
Enregistré dans un audio que Reuters affirme avoir écouté, Zuckerberg a fait savoir que la rétention des utilisateurs sur Thread était bien meilleure que ce que les dirigeants du groupe Meta espéraient. Une performance ne suffit pas toutefois à satisfaire totalement le PDG du groupe qui regrette que le taux de rétention "ne soit pas parfait". "Évidemment, si vous avez plus de 100 millions de personnes qui s'inscrivent, idéalement, ce serait génial si toutes ou même la moitié d'entre elles restaient. Nous n'en sommes pas encore là", a-t-il déclaré.
Le géant de la tech envisage de doter Threads de plus de "moyens de rétention" pour inciter les utilisateurs à revenir à l'application, comme des fonctionnalités, une version pour ordinateur ou encore une fonctionnalité de recherche. Miser sur ces techniques n’est pas la seule piste explorée par Meta puisque le contenu doit aussi devenir plus attractif, comme des "fils importants" auxquels pourront avoir accès les personnes inscrites sur Instagram.
Des techniques qui devront améliorer le taux de rétention et permettre à Threads "d’atteindre le milliard d’utilisateurs assez rapidement. Je suis très confiant", affirme Zuckerberg. "C’est une anomalie dans l’industrie tech qu’il n’y ait pas eu d’application pour les conversations textuelles ayant atteint un milliard de membres. Je suis très confiant sur le fait que nous pourrons verser suffisamment d’essence dans l’application pour l’aider à grandir", poursuit-il. "Cela prendra du temps, mais je pense qu’il devrait y avoir une application de conversations publiques à laquelle participerait un milliard de personnes. Twitter a eu l’occasion de le faire mais n’a pas réussi. J’espère que nous y parviendrons".
Threads VS X, le bras de fer va durer
Un objectif pas aussi facile que cela, puisque les débuts de l’application ont vite laissé place à une baisse d’engouement. Threads est aussi bloquée en Europe en raison des réglementations, notamment celles qui portent sur les données personnelles, ce qui ne facilite pas son expansion. Des internautes s’étaient indignés face à la quantité de données récoltées par l’application et avaient même dénoncé une censure sur Threads, qui reprend les mêmes règles d’Instagram. D’ailleurs, la collecte des données via ce réseau social et leur usage sur Threads, ce qui lui a d’ailleurs permis de réussir son lancement, est une pratique commerciale interdite par la nouvelle législation européenne (DMA).
Les engagements de Zuckerberg auprès des investisseurs de Meta d’améliorer la rétention descendante des utilisateurs sur Threads s’appuient aussi sur les résultats financiers du dernier trimestre. La nouvelle application devrait apporter 8 milliards de dollars d’ici 2025 au groupe de la tech, qui a déjà réalisé le dernier trimestre un chiffre d’affaires de 32 milliards de dollars, dont un bénéfice net de 7.78 milliards de dollars. La divulgation de l’audio a aussi fait grimper de 8% les actions de Meta, jeudi 27 juillet 2023.
Reste à savoir si Mark Zuckerberg et ses collaborateurs sauront empêcher les membres de Threads de revenir sur Twitter, dont l’avocat a accusé Meta d’avoir engagé d’anciens employés chez l’ex-oiseau bleu pour "avoir accès aux secrets commerciaux". De son côté, Elon Musk poursuit son projet en officialisant, le 24 juillet dernier, la transformation de Twitter en "une application à tout faire". L’oiseau bleu, vieux de 17 ans, a définitivement cédé sa place à la marque "X", lettre préférée du milliardaire, déjà présente dans ses autres entreprises comme SpaceX.
Les mesures prises jusque-là par Musk depuis son rachat de Twitter fin 2022 ont surtout plombé les revenus du réseau social et sa popularité. Les dernières en date : un badge bleu payant ou encore une limite temporaire du nombre de Tweets lus par jour, qui ont vite encouragé les internautes à rejoindre Threads. Mais la nouvelle version, labellisée "X", plus commerciale que sa précédente, proposera de nombreux services, y compris financiers.
"Fonctionnant par IA, X nous connectera d'une manière que nous commençons à peine à imaginer", a expliqué la PDG Linda Yaccarino dans un tweet. "X est l'état futur de l'interactivité illimitée - centrée sur l'audio, la vidéo, la messagerie, les paiements/la banque - créant un marché mondial pour les idées, les biens, les services et les opportunités", a-t-elle ajouté.
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