Affaire Kerviel : la Société générale connaissait les agissements de son trader, selon une enquêtrice
Son témoignage pourrait bien faire l'effet d'une bombe. Lors d’une audition auprès du juge d’instruction Roger Le Loire début avril, la commandante de police Nathalie Le Roy, chargée de l’enquête sur les pertes de la Société Générale début 2008, a livré un témoignage étonnant qui pourrait relancer l'affaire Kerviel, a révélé dimanche 17 le site Mediapart.
Selon elle, la Société générale savait ce que faisait son trader. "A l’occasion des différentes auditions et des différents documents que j’ai pu avoir entre les mains, j’ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier", aurait-t-elle déclaré au cours de son audition. "Je ne me suis jamais manifestée pour ne pas interférer dans le cours de la justice, mais j’avoue que ma convocation aujourd’hui m’apporte un soulagement. Je me suis très longtemps remise en question", aurait-elle ajouté.
Entendue dans le cadre de l’information judiciaire pour faux, usage de faux et escroquerie au jugement ouverte en 2014 à la suite de plaintes déposées par l’ex-courtier, la commandante de police aurait avoué lors de son audition s'être sentie "instrumentalisée par la Société générale", précisant que l'enquête aurait été influencée par la banque qui lui a adressé "les personnes qu’elle juge bon d’être entendues".
Pour l'instant, elle affirme avoir recueilli un certain nombre de témoignages dont un d'un ancien salarié de la société générale. Ce dernier, qui opérait au sein de l'entité "risques opérationnels", aurait assuré à l'enquêtrice que "l'activité de Jérôme Kerviel était connue", et aurait affirmé avoir alerté, en avril 2007, soit neuf mois avant le scandale, sa hiérarchie par le biais d'un message électronique "avec une tête de mort pour attirer leur attention".
Coupable d'avoir fait perdre cinq milliards d'euros à la Société générale, l'ancien trader Jérôme Kerviel a été condamné, par le tribunal correctionnel de Paris puis la cour d'appel qui a confirmé la peine, à 5 ans d'emprisonnement dont 3 ferme pour abus de confiance, manipulations informatiques, faux et usage de faux. Un nouveau procès civil doit se tenir début 2016, du 20 au 22 janvier, pour établir la répartition des responsabilités dans cette perte.
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