Brasserie Pietra : la bière Made in Corse

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 05 novembre 2014 - 12:17
Mis à jour le 15 avril 2015 - 16:23
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Armelle et Dominique Sialelli.
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Armelle et Dominique Sialelli, fondtauers et dirigeants de Pietra.
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Créée à partir de rien, la Brasserie Pietra est aujourd’hui devenue un des fers de lance de l’économie corse. Une réussite qui doit tout au flair des époux Armelle et Dominique Sialelli, pourtant néophytes en la matière.

En Corse, il y a le ciel, le soleil et… la bière. 

Oui, la bière corse existe. Depuis une petite vingtaine d’années, la Brasserie Pietra (les insulaires prononcent "Pietr") rafraîchit les habitants de l’île de Beauté. Et son fondateur, Dominique Sialelli, assure que ses chopines sont les plus vendues dans l’île, devant celles des géants du secteur comme Heineken et Kronenbourg.

C’est en 1992 que les époux Sialelli, Armelle et Dominique, ont eu l’idée un peu folle de fonder leur brasserie en Corse, pourtant loin d’être une terre de houblon. "Nous étions en vacances à Corte et, en sortant d’un concert, nous sommes allés boire un verre avec des amis lorsque ma femme a fait remarquer qu’il n’existait pas de bière locale", raconte à FranceSoir Dominique Sialelli. 

La remarque fait tilt dans l’esprit des époux parisiens, alors jeunes cadres débordés, elle commerciale, lui dans le marketing. D’autant que, parents depuis peu, ils cherchent à quitter le stress de la capitale pour ouvrir une affaire dans l’île natale de Dominique. "Mais pas non plus une pizzeria", précise celui-ci en souriant.

"Plus tard, lors de la visite d’une exposition sur l’Egypte antique au Louvre, nous avons découvert que les Egyptiens fabriquaient de la bière", explique le fondateur de la Brasserie Pietra. "Ils conservaient les céréales en les plongeant dans de l’eau, ce qui déclenchait le processus de fermentation. Ils appelaient d’ailleurs cette boisson, qui constituait la base de leur alimentation, le +pain liquide+". 

Immédiatement, Dominique Sialelli fait le lien avec les châtaigniers de son île, que les locaux appellent les "arbres à pain", et il a l’idée de créer une bière à la châtaigne. C’est la première du genre et tout est à inventer, sans parler de convaincre les banques. Cela prendra quatre ans avant que le projet n’aboutisse et que l’aventure ne débute, en 1996. Quant au nom de la société, ce sera Pietra, en référence à Pietraserena, petit village perché dans les montagnes de Haute-Corse d'une centaine d'habitants qui a vu naître Dominique.

Partie de rien et modestement, avec peu ou pas d’employés et du matériel d’occasion, l’entreprise parvient toutefois à être bénéficiaire dès ses débuts ("financièrement, nous ne pouvions pas nous permettre de ne pas l’être", avoue Dominique Sialelli). Elle connaît même une croissance spectaculaire. Portées par l’intérêt croissant des consommateurs pour les produits régionaux, ses ventes passent de 6.000 hectolitres la première année, à 10.000, puis 30.000 en quelques années pour finir par dépasser la barre des 60.000 en 2013. L'an dernier, en 2014, la brasserie a écoulé 65.000 hectolitres de ses boissons alcoolisées aux châtaignes.

De Furiani à New York

Le chiffre d’affaires de la société a suivi la même courbe ascendante. Il a ainsi dépassé les seize millions d’euros en 2014, contre à peine sept en 2005. Preuve de cette réussite, les produits Pietra se retrouvent désormais un peu partout en France, notamment dans le Sud, et s’exportent jusqu’en Chine et aux Etats-Unis. Sur le continent, ses ventes ont même grimpé de 27% l'an passé. Inespéré pour la brasserie de Furiani, installée juste en face du stade du SC Bastia dont elle est partenaire, et sa cinquantaine de salariés.

Arrosant l’ensemble de l’île de Beauté, Pietra était un pari doublé d’un choix de vie pour ses fondateurs. "Nous avons divisé nos revenus par trois quand nous nous sommes lancés", assure Dominique Sialelli. 

Aujourd’hui, la société, qui commercialise également un Corsica-cola et est partenaire d’une distillerie de whisky corse, utilise sa prospérité pour s’impliquer dans la vie insulaire. Au-delà de sa production, entièrement réalisée sur place, la totalité des châtaignes nécessaires au brassage de ses bières phares sont achetées à des producteurs locaux. Des producteurs qui travaillent encore à l’ancienne, assure Dominique Sialelli. 

Pietra s’implique également dans de nombreux événements, foires, et autres festivals locaux. "C’est tout à fait normal, la Corse et son identité nous permettent de vendre nos produits, ce n’est que justice de le lui rendre", conclu Dominique Sialelli, heureux de pouvoir participer au développement économique de son île natale.

Tout en continuant à développer leur société, désormais fer de lance du groupe GBC (Groupe de Boissons Corse), pesant 50 millions d’euros de chiffre d'affaires et près de 200 salariés, les époux Sialelli visent plus haut. Après le lancement d’une bière rosée (la "Rossa") durant l'été 2014, ils vont bientôt commercialiser un nouveau pack 6x25cl pour leur bière blanche Colomba et, surtout, après avoir renregistré 7% de croissance de leur volume de production l'an passé, misent sur une nouvelle hausse de 8% en 2015.

 

 

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