Devant la SAM, les métallos de France dénoncent le renoncement "à la relocalisation"
Six-mille personnes, selon les organisateurs, 4.000 selon la police, dont de nombreux métallos se sont rassemblés mercredi à Viviez où la SAM, un sous-traitant de Renault employant quelque 350 salariés va cesser son activité, dénonçant le renoncement du gouvernement "à relocaliser" l'activité industrielle.
La liquidation judiciaire prononcée vendredi par le tribunal de commerce de Toulouse est "le fruit de la volonté, ici de Renault, de délocaliser ses fournisseurs mais aussi du gouvernement, qui bien qu'actionnaire de cette entreprise automobile nationale, ne maintient pas son soutien au projet de reprise", indique l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, FO, FSU, CGT, Solidaires, Unsa), appelant à un large rassemblement.
Reprise en 2017 par le groupe chinois Jinjiang, la Société aveyronnaise de métallurgie (SAM), installée à Viviez sur les hauteurs de Decazeville, avait été placée en redressement judiciaire le 10 décembre 2019, puis, le 16 septembre dernier, en liquidation judiciaire avec prolongation d'activité jusqu'au 10 décembre.
Donneur d'ordre de la SAM, Renault a refusé la semaine dernière de soutenir le projet de reprise du site par l'un de ses ex-patrons, estimant qu'il "ne présente pas les conditions de pérennité et de sécurité nécessaires".
"Chez Renault, le premier actionnaire c’est l’Etat! C’est un véritable scandale d’Etat ce qui se passe ici", a lancé le leader de la CGT, Philippe Martinez, lors d'une prise de parole sous une pluie battante.
"Je ne considère pas que la SAM soit un symbole pour sortir nos mouchoirs, mais un symbole de la reindustrialisation dans notre pays. Un tel outil ne se lâche pas mais se développe. Nous gagnerons ensemble !", a ajouté Philippe Martinez.
"La SAM c'est un cas d'école: au lieu de soutenir, on a un gouvernement qui accompagne la casse", a indiqué à l'AFP Frédéric Sanchez, le secrétaire général de la CGT métallurgie. Le syndicaliste fustige "un choix politique" du gouvernement et une casse "programmée" par le groupe automobile: "Renault c'est pas un groupe qui travaille à la sauvette. Il y a la SAM, la Fonderie de Bretagne, une autre dans le Jura..."
Parmi les métallos venus en nombre, Jean-Philippe Juin, un CGTiste des Fonderies du Poitou, qui sont "également en redressement judiciaire depuis le mois d'avril" et dont Renault est "l'unique donneur d'ordre": "Demain pour les Fonderies du Poitou ce sera peut-être la même chose".
"Quand on voit les pièces que les copains font ici, pour les voitures électriques, les moteurs hybrides... c'est l'avenir automobile et l'on ferme cette boite ? C'est inadmissible", affirme M. Juin.
David Sanchez dément les propos du directeur général de Renault, Luca de Meo, qui expliquait mardi que la fermeture du site aveyronnais relevait d'un "problème systémique" lié à "la transition écologique, (au) passage à l'électrique". "C'est pas audible. C'est la seule fonderie de France où il reste un bureau d'étude", souligne le responsable des métallos CGT.
David Gistau, l'un des représentants CGT de la petite fonderie, fleuron du bassin de Decazeville, confirme que "l'électrique et l'hybride" représentait déjà 50% de l'activité du site. "L'accompagnement" proposé par Renault le met hors de lui : "Ce que ça nous inspire en Aveyron +l'accompagnement+: C'est les bêtes que l'on accompagne à l'abattoir".
A la quinzaine de bus qui déversaient des militants et métallos de toute la France, notamment de Bretagne ou Paca, s'est joint en fin de matinée une délégation d'agriculteurs aveyronnais (Confédération paysanne et Fdsea 12) avec trente tracteurs.
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