Économie : Tout juste dégradée, la France repasse sur le grill des agences de notation

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France-Soir, avec AFP
Publié le 31 mai 2023 - 11:15
Cet article provient directement de l'AFP (Agence France Presse)
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F. Froger / Z9, pour FranceSoir
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

DÉPÊCHE — Après la mauvaise note de Fitch infligée en avril, la France est déjà rappelée au tableau avec l'appréciation de l'agence de notation S&P Global, qui va se pencher sur son économie. Le verdict étant attendu pour vendredi, la pression monte au sein du gouvernement, soucieux d'afficher politique économique solide et sérieux budgétaire.

Interrogée dimanche, la Première ministre Elisabeth Borne a affirmé sur Radio J que le ministre de l'Économie a eu des "discussions très étroites" avec l'agence "sur tout ce qu'on fait pour maîtriser nos finances publiques".

Le gouvernement sera "intraitable" sur la réduction des déficits, a martelé mercredi Bruno Le Maire sur France Inter, jugeant "convaincants" ses "bons arguments" développés devant S&P, tout en reconnaissant "très franchement" ignorer quel sera le verdict de cette agence.

La France est notée "AA" par S&P Global, anciennement Standard and Poor's, l'une des trois agences de notations américaines les plus influentes, avec Fitch et Moody's. Elle pourrait dégrader la note vendredi soir d'un cran, à "AA-", mais aussi ne rien publier, ce qui représenterait alors un maintien de la note française inchangée.

La dégradation de la note pourrait avoir pour effet d'augmenter les intérêts d'emprunt français auprès des investisseurs, ces derniers réclamant davantage pour consentir à prêter à la France.

Or, les taux d'intérêt des emprunts à dix ans sont déjà à des plus hauts niveaux depuis onze ans en raison des hausses de taux de la Banque centrale européenne, qui bataille contre l'inflation et fait mécaniquement remonter les taux d'emprunts des États de la zone euro.

S&P note la France depuis 1975 et ne l'a dégradée qu'à deux reprises. C'est aussi la première à avoir retiré à l'Hexagone son emblématique "triple A" en 2011, meilleure note possible et symbole d'une excellente gestion, dont un petit cercle bénéficient encore auprès des trois agences, à l'instar de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Australie.

Les conséquences de la réforme des retraites

Outre l'actualisation de la note, les commentaires de S&P Global seront scrutés au moment où les agences ont mis en avant ces dernières semaines l'effet délétère de la réforme des retraites et de la contestation sociale sur la capacité du gouvernement à poursuivre les réformes économiques, pourtant vantées par l'exécutif depuis six ans.

Fin avril, Fitch a mis en avant "l'impasse politique" du gouvernement pour justifier sa dégradation, et Moody's le "faible mandat" dont dispose le gouvernement.

L'agence de notation européenne Scope Ratings, quant à elle, a souligné "l'absence de majorité au Parlement", de nature à compliquer la trajectoire de réduction du déficit et de la dette.

Bien que toutes relèvent un déclin de la situation politique et sociale, l'agence Fitch a été la seule agence à dégrader la France récemment, suscitant l'ire d'Emmanuel Macron : elle "se trompe profondément dans son analyse politique", a-t-il fustigé dans une interview au quotidien français l'Opinion.

À l'épreuve des chiffres pourtant, la France paraît mieux notée qu'elle ne le mériterait, a relevé Fitch. Elle détient l'endettement le plus élevé des pays dans la catégorie "AA", et présente le double de l'endettement médian dans cette catégorie.

Concernant le déficit, l'agence de notation l'anticipe à 5 % du produit intérieur brut (PIB) cette année et à 4,7 % l'an prochain, là encore bien au-dessus des pays notés dans cette catégorie.

Cette indulgence s'expliquerait par le fait qu'il existe "une certaine confiance" des agences de notation vis-à-vis de l'économie française, reconnaît une source au sein de l'une des trois principales agences, mettant en avant le rôle de l'État "prépondérant dans l'économie" qui "atténue les chocs et représente un facteur stabilisant".

Chez Scope par exemple, l'examen quantitatif de l'économie française a abouti vendredi à la note de "A+", mais l'examen qualitatif, prenant en compte les spécificités de l'économie française, en matière par exemple de risques sur les finances publiques et de stabilité financière, l'a fait remonter de deux crans, à AA.

"La France est l'un de ces pays où il y a des forces qu'il est impossible d'appréhender uniquement à travers les données macroéconomiques ou budgétaires", a souligné auprès de l'AFP l'analyste de Scope Thomas Gillet.

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