Grévistes payés : mythe et réalités
Les cheminots et les fonctionnaires continuraient- ils de percevoir un salaire même lorsqu’ils sont en grève? Cette une rumeur urbaine persistante... s’appuie sur des pratiques d’un autre époque. En décembre 2019, chaque jour de grève effectuée sera irrémédiablement perdu pour les grévistes.
Le Code du travail est très clair s’agissant de la rémunération des salariés en grève. Pour le secteur public comme dans le privé, la règle de base est la même : le salaire, étant une contrepartie du travail effectué, n’est pas versé en cas de grève. Et la retenue s’effectue pour toute la durée de la grève entre le départ du salarié ou de l’agent de son poste et son retour effectif. Cela peut induire des conflits, notamment lorsqu’il s’agit de décompter les dimanches et autres jours fériés.
L’application stricte n’est pas automatique, et le gouvernement peut, s’agissant des fonctionnaires, décider de ne pas procéder de retenue pour ces jours habituellement chômés, comme il l’avait fait en 2003 notamment. Pour contourner cette problématique des règles de retenue, les syndicats ont depuis plusieurs années trouvé une parade en déposant des préavis de grève de 24 heures reconductibles d’une journée à l’autre.
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Une règle stricte, une application adaptable et des conséquences diverses
Un jour de grève, et c’est un trentième du salaire mensuel qui n’est pas versé. La simplicité de cette règle ne fait pas débat, en général, dans le secteur privé, dans lequel les mouvements de contestation s’éternisent de manière rarissime. En revanche, pour les cheminots ou les agents de la RATP, les mouvements longs représentent une véritable amputation du salaire mensuel.
50, 70, 100 euros ou plus, c’est le montant journalier que les grévistes acceptent de perdre pour faire entendre leur contestation. Certes, des primes, comme celle de découcher à la SNCF, sont versées avec un mois ou deux de décalage, ce qui constitue une somme à percevoir en fin de mois. Les grévistes du 5 décembre percevront ses primes, mais leur rémunération de février et de mars sera diminuée des jours de grève qu’ils ont décidé de faire. Les conséquences sont donc durables dans le temps. Cette grève d’ampleur contre la réforme des retraites se déroule courant décembre, période à laquelle les agents de la RATP ou de la SNCF reçoivent leur prime annuelle. Cette dernière peut constituer un revenu de substitution mais la perte salariale des grévistes reste évidente et conséquente.
Fonctionnaires: temps révolu
Une autre croyance persistante voudrait que les fonctionnaires perçoivent une partie de leur rémunération même en cas de grève. Si cela fut en partie le cas vrai par le passé, ce temps là est révolu, puisque ni l’Etat ni même la SNCF n’accepte plus désormais de négocier une rémunération pour conclure un accord de fin de grève.
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