Pour la deuxième année consécutive, la Fondation Abbé Pierre récompensait, ce lundi 2 mars, les pires dispositifs anti-SDF, au cours d’une cérémonie satirique animée entre autres par les humoristes Guillaume Meurice et Blanche Gardin.
Parodie des grands gala du cinéma, la cérémonie des Pics d’or organisée par la fondation Abbé Pierre s’est tenue le lundi 2 mars au soir au théâtre de l’Atelier à Paris. Elle visait à récompenser les pires équipements urbains anti-SDF et les arrêtés anti-mendicité les plus « méritants ».
Près de 500 dispositifs ont été recensés cette année par la fondation grâce à sa plateforme
SoyonsHumains. Un jury d’experts a ensuite sélectionné les nommés, parmi six catégories.
Bancs pointus et arrêtés anti-soupe populaire
Des bancs bardés de rails en métal, repérés à Lyon, remportent ainsi le prix du dispositif le plus décomplexé (catégorie « Fallait oser »).
Le prix du dispositif le plus contradictoire (catégorie « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ») revient aux plots anti-SDF installés devant la MAE, « mutuelle de l’enfant et de la famille », à Toulon.
Des barrières lilloises, à jolies arabesques, gagnent le prix du dispositif le plus fourbe ( catégorie « Ni vu ni connu »). Arrivent ex-aequo, dans la catégorie « Bouge de là » (récompensant le « meilleur » arrêté anti-précaires) un arrêté interdisant la distribution de repas aux migrants dans le centre-ville de Calais et un arrêté anti-mendicité de la ville de Nice.
Les Pics d’or ont aussi leur catégorie internationale baptisée « c’est pas mieux ailleurs », laquelle a primé la ville de Las Vegas qui a adopté en novembre 2019 une loi interdisant de dormir sur la voie publique, délit passible de 1000 dollars d'amende et six mois de prison.
Enfin, le prix du dispositif le plus agressif (catégorie « Le Clou ») est décerné aux poteaux en forme de champignons, situés rue Vicq d’Azir, dans le Xe arrondissement de Paris.
Des dispositifs « inhumains » selon la Fondation Abbé Pierre
L’objectif des « Pics d’or » était de dénoncer des dispositifs qui, pour la fondation Abbé Pierre, « sont des moyens inhumains qui invisibilisent les personnes les plus démunies, en les éloignant des centres-villes et, in fine, des regards ».
« Cette cérémonie permet en premier lieu de sensibiliser l’opinion publique sur l’hostilité urbaine à l’égard des personnes sans domicile et de rappeler que la collectivité tout entière a le devoir de respecter la dignité des personnes sans-abri. Elle permet également de faire prendre conscience aux commanditaires de ces dispositifs (l’État, les collectivités locales, les entreprises de transport, les commerçants, les copropriétés, les riverains...) qu’il faut traiter le problème du sans-abrisme plutôt que le déplacer », a expliqué la Fondation Abbé Pierre dans un communiqué.
Christophe Da Silva
