Souveraineté alimentaire : la France est-elle trop dépendante des importations ?
Dans un entretien accordé au JDD, la présidente de la FNSEA Christiane Lambert s’inquiète de la trop grande part accordée par la France aux importations, et met en garde contre la perte de notre souveraineté agroalimentaire.
Une forte hausse des importations
Fleuron de la balance commerciale de notre économie, le secteur agricole et agroalimentaire est-il menacé par les importations ? C’est en tout cas l’avis de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, sa présidente Christiane Lambert s’inquiète de la perte prochaine de souveraineté alimentaire de la France.
En cause, selon le syndicat agricole : une forte hausse des importations agroalimentaires depuis le début de la crise du covid-19. « La pandémie a révélé nos fragilités », estime Christiane Lambert. À l’heure actuelle, « 60% des fruits que nous mangeons sont importés, la moitié des volailles, 40% des légumes et même un quart de la viande bovine », ce qui « creuse chaque année davantage » le déficit de la France et met à mal l’agriculture française. « Au rythme actuel, dans deux ans, la France va devenir importatrice nette de produits agricoles. Du jamais-vu depuis quarante-cinq ans. Si rien n'est fait, la France ne sera plus capable de subvenir seule à ses besoins alimentaires dès 2023 », affirme la présidente de la FNSEA.
Un changement des habitudes alimentaires
Pour Christiane Lambert, cette forte hausse des importations n’est pas seulement due à la crise sanitaire. Elle est aussi emblématique du changement des habitudes alimentaires des Français. Ces derniers souhaitant mieux s’alimenter, ils ont peu à peu délaissé les produits de l’agriculture de masse. « Miser sur les labels et la qualité, c'est louable. Mais l'essentiel de la population se nourrit aujourd'hui avec du milieu de gamme. Ce sont des produits qu'il nous faut désormais importer massivement, qu'il s'agisse de fruits, de légumes, de volailles ou de vins. Nous devons produire pour tous les marchés et pour tous les budgets », analyse-t-elle.
Un sommet sur la souveraineté alimentaire
Il est pourtant possible pour la France de maintenir sa compétitivité et ainsi de conserver sa souveraineté alimentaire. C’est d’ailleurs tout l’enjeu d’un sommet organisé par la FNSEA mardi 18 mai, en présence d’Emmanuel Macron et du commissaire européen Thierry Breton. « Le 12 mars 2020, à la veille du premier confinement, le président de la République a déclaré que "déléguer à d'autres notre alimentation serait une folie" et qu'il fallait "en reprendre le contrôle". Même s'il s'agissait aussi d'un constat de faiblesse, ces mots ont été un énorme encouragement pour l'ensemble des agriculteurs. Pour nous tous, la crise sanitaire – pendant laquelle la chaîne alimentaire a tenu bon – marque un tournant. Ce rendez-vous doit permettre d'aller plus loin, de dépasser ce constat et d'empêcher une dégradation supplémentaire. »
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