StopCovid, une application de traçage numérique qui fait débat et pose questions !
L’application de traçage numérique, nom de code StopCovid, est en cours d’élaboration et même de tests dans certaines situations. Pourtant, elle pose encore de nombreux problèmes, qu’il faudra vite résoudre si on souhaite une généralisation avant le 11 mai prochain.
Parmi les mesures prévues pour accompagner le confinement, l’annonce d’une application Stopcovid fait partie de celles, qui suscitent beaucoup d’interrogations. Suivre les déplacements de chacun pour pouvoir limiter les risques de contamination repose sur la « surveillance « de chacune et chacun, et cela interroge.
Une surveillance anonymisée et décidée pour la bonne cause
Cette surveillance des citoyens fait peur et inquiète la population, et depuis le début du confinement, la menace de Big Brother plane sur cette façon de suivre les déplacements de tous les citoyens. Pourtant, tout comme les Français ont accepté avec discipline, dans la majorité des cas, les restrictions de circulation imposées par le confinement, ils sont nombreux à accepter d’être « pistés » si cela peut freiner et même endiguer la propagation de l’épidémie.
Cette application de traçage numérique reposera sur la technologie du Bluetooth, permettant de détecter tous les appareils à proximité. Selon le cahier des charges établi par le gouvernement, la collecte de ces informations sera anonymisée et les données ne seront conservées que 14 jours, durée estimée de l’incubation de la maladie chez les patients infectés. En revanche, l’application n’utilisera pas le GPS pour géolocaliser l’utilisateur, demande faite pour la protection de la vie privée de chacun. L’installation de l’application devra être volontaire et non pas imposée.
Entre menaces de surveillance sans limites et protection sanitaire, les limites sont ténues, d’autant plus que le déploiement de StopCovid nécessitera de faire appel aux géants de l’Internet, que sont Google et Apple notamment. Des entreprises américaines, qui n’ont pas des règles déontologiques et de protection de la vie privée aussi exigeantes que le gouvernement français.
Lire aussi :
La surveillance numérique dans le cadre des épidémies est elle acceptable? Etude France-Soir.
Surveillance du confinement par smartphone: la réalité rattrape-t-elle la fiction de Big Brother?
Dans un article précedent en date du 12 avril 2020, nous avions commenté les résultats d'une étude IFOP par rapport à l'étude FranceSoir que nous avions menée sur le tracage. Nous reproduisons la partie importante de cet article qui nous semble toujours d'actualité dans le contexte de STOPCOVID: Les français ont un désamour pour les métiers de l’information. Est-ce que la défiance entre les français et les médias peut être due en partie à une interprétation erronée d’un chiffre ?
Pour exemple, un sondage Ifop, paru le 11 avril 2020 sur la traçabilité, nous dit que 53% des français sont opposés au téléchargement obligatoire d’une application de type StopCovid permettant de les avertir qu’ils sont à proximité d’une personne infectée par Covid 19. Ce même sondage fait état que 46% des français répondent positivement dans le cas d’une installation volontaire, 45% y répondent non et 9% ne savent pas.
France Soir avait posé la question sur la traçabilité les 4 et 5 avril 2020 sur une base de 2100 répondants. La question était : « accepteriez-vous la traçabilité électronique pour éviter la propagation des virus". Les résultats étaient différents avec seulement 23% des français qui exprimaient que c’était totalement impensable. Et 44% des français qui trouvaient cela tout à fait normal.
Nous retrouvons donc d’un sondage à l’autre 44% ou 46% qui acceptent l’idée de l’application. Ce qui est différent c’est la proportion de « non ». D’un coté 53% ne sont pas en faveur et de l’autre seulement 23% trouvent cela impensable.
L’origine, de cette différence importante et significative, peut être expliquée de plusieurs manières :
- Demander aux français de but en blanc une obligation supplémentaire : Quand on impose une mesure encore faut-il qu’elle soit accompagnée de bons motifs. La ceinture de sécurité, si elle ne sauvait pas des vies, serait difficilement acceptable ; rendue obligatoire cela ne nous a jamais empêché de faire usage de la voiture.
- La différence réside donc dans la manière de poser la question : Question de but en blanc ou question argumentée (pour éviter la propagation du virus) ; Obligation ou volontariat. Quand on explique à quelqu’un la raison du pourquoi et du comment, en général il peut comprendre et accepter même si cela représente une entrave à la liberté.
- Une autre manière de regarder ce résultat est statistique. Il faut en effet interpréter ces résultats avec précaution car 53% d’opposants (à l’application) en tenant compte de l’erreur de mesure donne un intervalle de confiance de l’observation de [49,9 - 56,1].
Il est exagéré de tirer la conclusion que les français sont majoritairement contre l’application. Et une motivation pour retrouver de la liberté de mouvement pourrait les faire basculer vers un avis positif. Reste encore à mettre en place ce dispositif de manière réellement temporaire.
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