Le télétravail est en déclin : un constat d’échec pour ce nouveau modèle ?
Au mois de septembre la proportion de Français en télétravail a chuté de 27% à 15%. Selon différents rapports, les entreprises, même si le poste le permet, sont plutôt réticentes à envoyer travailler leurs employés chez eux. Un sondage YouGov mené auprès de 4000 personnes en France et au Royaume-Uni, montre que 27 % des employés étaient en télétravail pendant le premier confinement, et ce pourcentage avait baissé de plus de 10 % après le confinement. Selon une enquête réalisée pour le ministère du Travail, en janvier, 64% des actifs en situation de télétravailler y ont eu effectivement recours, contre 70% en novembre. Cependant, depuis fin octobre, le télétravail doit être la norme, et doit être respecté par tout employé qui peut réaliser toutes ses tâches depuis la maison. Au 1er février, le télétravail reste "la règle”. Alors, ce non-respect du télétravail est-il un signe que l’évolution des modes de travail ne se fera pas si facilement?
Le télétravail reste "la règle”, mais on a le droit d’avoir besoin d’aller au bureau
Pour la ministre du travail Elisabeth Borne le télétravail reste "la règle pour toutes les activités qui le permettent'. Les conditions de travail en présentiel doivent être exceptionnelles: "La possibilité de revenir sur le lieu de travail reste dérogatoire, dans la limite maximum d'un jour par semaine par salarié, pour les seuls salariés qui en ressentent le besoin", a précisé la ministre dans un communiqué de presse.
Ceux qui en "expriment le besoin", en raison par exemple d’un équipement spécifique, peuvent revenir sur site dans la limite d'un jour par semaine. C’est le cas des architectes, par exemple, qui peuvent se rendre au travail "ponctuellement." Mais dans tous les cas, il faut se munir d’une attestation de son employeur pour les trajets entre le domicile et le lieu de travail pendant les horaires de couvre-feu.
Un employé peut-il télétravailler, même s’il voit cette possibilité refusée par son patron?
Selon Vincent Manigot, avocat, l'employeur doit évaluer la nature des activités de ses salariés, pour calculer les risques pour la santé et la sécurité des travailleurs. C’est à lui de mettre en œuvre les actions de prévention ainsi que les méthodes de travail protégeant les salariés.
Selon la CFDT, si l’employeur refuse le télétravail, il est donc obligatoire pour l’employé de se rendre au travail . Cela ne veut pas dire pour autant que l’employeur ne pourra pas être sanctionné. Le refus d’accorder le télétravail à un salarié pourrait en effet exposer l’employeur à des sanctions en cas de préjudice d’exposition pour la santé du travailleur. “S’il est déclaré coupable et qu’une faute inexcusable est retenue contre lui, l’employeur pourra être condamné à indemniser le salarié sans le concours de la CRAM par exemple” explique l’avocat.
Un modèle hybride pour éviter les risques psycho-sociaux
D’autres études préconisent un modèle hybride pour pallier la perte de popularité du télétravail, la plupart du temps à cause des problèmes psychosociaux que le travail à la maison peut engendrer. Selon le cabinet Lecko , les plages de travail s’étaient allongées durant le confinement, et cela renforce la difficulté de déconnexion des salariés. Dans plus d’une moitié des cas étudiés dans cette enquête, le management est effectivement en train de se transformer, malgré les résistances. 69% des répondants ont observé un changement de pratiques de travail dans leur équipe depuis la crise sanitaire. Parmi eux, 59,5% ont trouvé ce changement positif et 40,5% ce changement négatif. Pour ceux qui voient le verre à moitié plein, leur entreprise est en train de se transformer vers une gestion plus humaine, un fonctionnement plus flexible, plus d’autonomie laissée aux collaborateurs avec souvent des circuits de décision plus courts.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.