Réorganisations douloureuses et "burn-out" à La Poste : neuf facteurs se sont suicidés depuis trois ans
C’est RTL qui dévoile le décompte macabre: depuis trois ans, pas moins de neuf facteurs se sont suicidés, en pointant le plus souvent du doigt la dégradation de leurs conditions de travail comme étant une des causes de leur geste. Dernier cas en date, celui de Charles Griffond, salarié depuis 34 ans de La Poste, et qui s’est pendu chez lui, dans le Doubs, le 17 juillet. Il accusait dans une lettre son entreprise, résumant ses reproches par ce mots terribles: "Ils m’ont totalement détruit". Outre ces actes, cinq autres postiers ont survécu à des tentatives de suicide qui se sont déroulées, elles, sur leur lieu de travail.
La plupart des plaintes issues des employés de La Poste pointent du doigt une réorganisation difficile, dégradant fortement les conditions de travail. Car l’entreprise doit faire face effectivement à des évolutions majeures et douloureuses: en dix ans, la fréquentation des bureaux de poste a chuté de 2,7 millions de clients par jour à seulement 1,6 million. Et en 2014, 992 bureaux de postes ont connu une activité représentant une heure de travail par jour… au maximum.
La Poste a donc réorganisé le travail de ses employés pour faire face à cette baisse d’activité, ce qui a paradoxalement augmenté la charge de travail des salariés poussés à se démultiplier. Un postier en CDD expliquait d’ailleurs à RTL qu’il a fini en arrêt maladie pour cause de "burn-out", et pour cause: "Je n'ai jamais fini à l'heure (…) Je sortais de cet enfer, il était midi et je savais que je n'avais pas encore fait le quart de ma tournée. Et donc vous pleurez".
La direction de La Poste a conscience du malaise, et depuis longtemps: les premiers rapports d’expertise soulignant les dangers de la réorganisation datent… de 2007. Et en 2014, le syndicat Sud-PTT tirait la sonnette d’alarme, pointant du doigt les réorganisations "incessantes" qui "accentuent le caractère pathogène des organisations de travail". Et qui touchaient même les cadres de direction puique l’un d’entre-eux s’était également suicidé en 2013.
Pour l’instant, La Poste botte en touche puisqu’elle a expliqué à RTL "ne pas se reconnaître dans ces situations de mal-être" et investir chaque année "plus de 30 millions d'euros à la santé et à la sécurité du travail".
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