Élevages en plein air : trop nombreuses, les poules ne voient presque pas le jour
Pour faire face à la demande croissante des consommateurs, de nombreux élevages de poules « plein air » font le choix de l’industrialisation. Avec pour conséquence directe : une qualité de vie dégradée pour les volatiles qui ne voient finalement pas vraiment le jour.
Le reportage, édifiant, signé Thibault Vetter et publié sur Rue89 Strasbourg, a de quoi faire frémir les Français, de plus en plus nombreux, à se montrer vigilants quant à la qualité de ce qu’ils mangent. Loin de l’image idyllique de la « poule au plumage garni se promenant dans l’herbe grasse », de très nombreuses pondeuses censées évoluer en « plein air », étiquetées « label rouge » ou « bio », n’ont finalement des conditions de vie guère meilleures que leurs congénères élevées en cage.
Seulement 3% des poules sortiraient réellement de leur hangar
Dans cet article, on découvre ainsi que les poules, loin de gambader dans les champs toute la journée, passent en réalité quasiment tout leur temps agglutinées dans un hangar. Si les installations intérieures disposent bien de trappes, si la surface extérieure minimale (4 m2 par poule à l’extérieur et maximum 9 m2 par poule dans le bâtiment pour les poules « plein air »), dans la réalité, les poules ne sortent que très peu. Interrogée par Rue89, la vice-présidente d’Alsace Nature et membre du groupe de dialogue civil sur les productions animales de la Commission européenne, Anne Vonesch, explique qu’on estime à seulement 3% le nombre de volatiles qui sortent à l’extérieur dans la journée.
Trop nombreuses et donc trop stressées, les poules restent à l’intérieur
En cause : la trop forte densité d’individus (jusqu’à 38 000 poules dans l’élevage alsacien visité par Thibault Vetter). Sa conséquence directe : un stress chronique lié aux stimulations trop importantes, notamment sonores, qui inhibe les poules et les pousse à rester à l’intérieur.
Les terrains ne sont pas adaptés au comportement des poules
Et quand bien même elles sortiraient, les poules n’iraient pas bien loin. Pour l’élevage en question, la surface extérieure doit être de 16 hectares, soit un carré de 400 mètres de côté. Mais ceux qui connaissent les poules et leur comportement le savent, dans les faits, jamais une poule n’ira s’aventurer si loin de son poulailler. A fortiori si l’essentiel de sa nourriture se situe à l’intérieur et si, comme c’est souvent le cas, le terrain est nu et exposé au soleil : la poule a besoin de se cacher sous des arbres ou des buissons pour se protéger des rapaces, explique la chercheuse Séverine Henry. Même lorsqu’elles sortent, les poules restent donc collées les unes aux autres sur une bande de terrain où ne subsistent que des cailloux à picorer…
Répondre à la demande implique des concessions dont pâti l’animal
A l’origine de cette situation aberrante : un système qui pousse à l’industrialisation. Pour être attractifs face aux intermédiaires qui doivent répondre à une demande croissante d’œufs « plein air », « label rouge » ou « bio », les éleveurs investissent dans des exploitations de plus en plus grandes. Si l’effectif d’un élevage bio est limité à 24 000 poules (et 3000 par bâtiment), les élevages « plein air » n’ont aucune restriction en matière de nombre d’individus.
Le circuit court, seule alternative pour éviter les dérives ?
Face à la multiplication des grosses exploitations, les producteurs plus modestes qui continuent à tout faire pour produire des œufs de qualité font le choix d'écouler leur production via les circuits courts (AMAP, marchés). Le plus sûr moyen, aujourd’hui, de manger des produits de qualité et d’assurer une rétribution juste du producteur.
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