Feux de forêt : éviter le scénario de 2017
Après une année 2017 marquée par de grands incendies dans le sud, les autorités sonnent la mobilisation pour éviter la réédition d'un scénario qui a vu quelque 24.000 hectares de végétation partir en fumée, sans toutefois faire de victimes humaines.
"Nous sommes prêts à faire face aux feux de forêts que cette région, que tout le sud du pays, va devoir affronter dans les jours et semaines à venir", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, à Draguignan (Var), à l'occasion du lancement de la campagne de lutte contre les feux de forêt.
Si le bilan des incendies de forêt en 2017 est loin du chiffre noir de 2003, année de la grande canicule, durant laquelle 73.000 hectares avaient brûlé, l'été dernier a marqué une nette recrudescence des feux, avec des surfaces brûlées similaires à celles des années 1990: "la plus importante saison de feux de forêt depuis 15 ans", selon Gérard Collomb.
Images impressionnantes de feux léchant les habitations ou cernant des plages touristiques, évacuation de près de 12.000 personnes comme à Lalonde-les-Maures, la saison des incendies a débuté dès le printemps et a continué parfois jusqu'en octobre dans le sud-est et en Corse.
L'été a été marqué par le départ de grands incendies comme à Olmeta (Haute Corse) le 24 juillet où 2.260 hectares sont partis en fumée ou à Artigues (Var), le même jour (1.780 hectares).
"Il y a eu des périodes venteuses, avec un vent tourbillonnant sur les premiers incendies", se souvient Jacky Gérard, président de l'Entente pour la forêt méditerranéenne.
"Mais le phénomène de fond a été la sécheresse des végétaux. De mai à septembre, il n'y a pratiquement pas eu de pluie. La végétation a séché et a crée un combustible idéal pour les incendies", observe M. Gérard.
En 2018, la pluviométrie a été plus favorable et pourrait inciter à l'optimisme mais M. Gérard se veut prudent: "avec la pluie, la végétation est importante, il ne faudrait pas qu'une sécheresse s'installe pour constituer une masse combustible encore plus importante qu'en 2017".
- Renouveler la flotte aérienne -
"Il y a aussi un enjeu d'aménagement du territoire", relève David Barjon, directeur départemental de territoires et de la mer du Var. "Ici, une forêt embroussaillée progresse en raison de la déprise agricole", c'est-à-dire le recul des activités agricoles. "Elle rentre en contact avec une urbanisation plus diffuse. On multiplie les risques de départ de feu", complète-t-il.
Si l'homme est souvent à l'origine des sinistres, il s'agit le plus souvent d'actes involontaires, conséquences d'imprudence. En 2017, 72 personnes ont toutefois été mises en cause pour des actes de malveillance.
La France qui n'a eu à déplorer aucune victime humaine, reste loin des bilans de ses voisins européens. Au Portugal, 442.000 hectares ont brûlé, 123.000 en Espagne. Dans l'ensemble de la péninsule ibérique, 113 personnes ont trouvé la mort.
Pour parer aux incendies, la France qui s'apprête à renouveler une partie sa flotte aérienne, s'appuie sur une stratégie nationale basée sur la mobilisation d'importantes ressources humaines, la prévention, une détection précoce des incendies et une "attaque initiale massive" des feux.
Malgré des "acquis qui ont fait leurs preuves", le ministre a demandé à la direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises d'engager le "chantier de modernisation de notre doctrine" pour faire évoluer les "process" à l'aulne des bouleversements technologiques du secteur.
En toile de fond également, le renforcement du mécanisme européen de protection civile qui doit permettre une plus grande coopération et coordination tant matériel que financière entre Etats membres.
"Si les différents Etats européens peuvent avoir des cultures différentes en matière de sécurité civile, qui ne voit pas qu'ils sont confrontés à des problématiques communes ?" interroge M. Collomb. "Davantage de solidarité, de coordination, permettrait de garantir une meilleure réponse."
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