Les dessous d'Internet : bétonnage et artificialisation des sols
Les entrepôts d'e-commerce et les data centers sont des vecteurs majeurs de bétonnage et d’artificialisation des sols. Dans un article intitulé “Quand Internet bétonne la France”, Hélène Seingier et Floriane Louison dénoncent l’artificialisation des terres agricoles et des forêts en faveur de la construction d'énormes surfaces au service de l'économie numérique.
Data centers : la pollution d’Internet est bien tangible
Le secteur d'Internet et des nouvelles technologies représente environ 3 % des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, et le visage le plus tangible de cette pollution sont les data centers. Nos vidéos, nos mails, nos photos... Toute cette immense production numérique est stockée dans ces entrepôts de serveurs numériques. Et à mesure que le volume de données augmente, les data centers se multiplient eux aussi. Ces derniers sont responsables de 4 à 15 % de l’impact global du numérique français, selon une étude de GreenIT.fr de 2020.
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L’aspect le plus polluant des data centers est leur mode de fonctionnement, ainsi que leur refroidissement, qui consomme beaucoup d’énergie et d’eau. L’association Digital for the planet l’explique très bien sur son site : “Certains data centers se fournissent uniquement en énergie renouvelable pour limiter leur impact. Cependant, pour d’autres, les centres sont alimentés en énergies fossiles comme le charbon ou le gaz.”
Nécessité de préserver les espaces ruraux
Comme l'expliquent les auteurs de l'enquête, les data centers présents sur le sol français se situent surtout dans la couronne parisienne, mais la demande de stockage grandissante pousse l'industrie à en construire d'autres sur des terrains aujourd’hui naturels. Sans régulation de ce phénomène, de nombreux terrains agricoles sont en danger de bétonisation.
Les gens réagissent à cela de différentes manières : d’une part, la société civile se mobilise contre l’artificialisation des sols ; et d’un autre côté, des démarches juridiques sont mises en place pour recadrer a posteriori des projets de construction qui mettent en danger la nature et le patrimoine culturel, faute de régulation nécessaire. Des associations, comme le mouvement Terre de lien, vont encore plus loin : pour favoriser la préservation des espaces agricoles en France, l’organisation achète des terres pour les “sanctuariser”. Ainsi, elle peut garantir que ces terres ne deviendront jamais des entrepôts logistiques ni des data centers.
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La société civile a déjà réussi à paralyser des constructions menaçant de bétonner des paysages naturels. Ce fut le cas en mai 2021, année pendant laquelle l'implantation d'entrepôts Amazon a été annulée. Cette mobilisation a paralysé le projet de construction d'un entrepôt de 38 000 m² sur la commune de Fournès, à quelques kilomètres du célèbre aqueduc romain du Pont du Gard.
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