L’éco-anxiété, nouveau mal du siècle, bloque l’action contre le changement climatique
Les cas de personnes souffrant d’une profonde tristesse, d’un pessimisme ou même d’anxiété à cause du constat de la dégradation climatique, sont de plus en plus nombreux. Chez certains, ce sentiment est mêlé à celui d’une impuissance face à l’ampleur que prend la crise environnementale. Les forêts en flammes, les cadavres d’animaux marins pris dans les déchets, les inondations, suscitent une sensation d’anxiété croissante. Cette détresse psychologique provoquée par le changement climatique est bien réelle, et elle a déjà un nom : l'éco-anxiété ou la solastalgie.
Une détresse psychologique liée à un monde déjà transformé, ou une impuissance face à un futur incertain ?
L'éco-anxiété est le sentiment provoqué par les prévisions concernant le monde qui nous attend. La solastalgie, elle, serait au contraire le sentiment déclenché par la constatation du désastre climatique dû aux activités humaines. Selon Emma Lawrance, neuroscientifique et chercheur en innovation en santé mentale à l'Imperial College de Londres au Royaume-Uni, nous sommes chaque jour exposés à de nombreuses informations effrayantes liées au changement climatique. Cela peut être très stressant, traumatisant, et peut conduire à des taux plus élevés de suicide, de toxicomanie, de stress continu, de dépression et d'anxiété. Alors que l'éco-anxiété cause plutôt des symptômes comme le stress et l’anxiété, la solastalgie se caractérise par la mélancolie, la nostalgie et la tristesse liées à un monde qui a été transformé pour toujours. Le terme solastalgie a été créé en 2003 par le professeur australien Glenn Albrecht pour désigner les habitants de la Hunter Valley en Australie, qui souffraient de dépression liée à la destruction du patrimoine naturel de leur région. Le terme a été construit à partir des mots "solace” qui signifie "réconfort" et "algie" qui signifie “mal”. Pour certains climatologues, se focaliser sur ces maux, empêche d’adopter les bons réflexes face à l'urgence climatique.
Sans une réelle compréhension du changement climatique, l’humain n’a que des réponses émotionnelles
L’activiste Americaine Abbie Richards, devenue célèbre sur Tik Tok en dénonçant l’impact environnemental des terrains de golf, constate une hausse de l’éco-anxieté dans sa communauté : "Nous recevons des commentaires vraiment effrayants de nos abonnés sur des envies de suicide, des sentiments de tristesse et d'anxiété, l’impression d'être complètement dépassés et désespérés", a déclaré Richards. Selon l’activiste, pour surmonter ce malaise, les gens ont besoin d’agir, et qu’on leur dise à quoi pourrait ressembler le changement pour le bien de la planète : une réduction de sa dépendance personnelle aux combustibles fossiles, la consommation de repas principalement à base de plantes, une consommation plus responsable, etc.
Activisme environnemental et santé mentale peuvent être liés
Pour Emma Lawrance, lorsqu’une personne se décide à agir, cela a non seulement un effet psychologique positif, mais c’est aussi bénéfique pour l'environnement. Au contraire, lorsque l’inaction domine, l'éco-anxiété peut s’aggraver, ce qui est dangereux pour l’individu et la société. Lawrence exhorte donc les décideurs politiques à considérer à la fois les coûts cachés de l'inaction sur le climat pour la santé mentale de la société, ainsi que les avantages de l'action.
Les effets de l'anxiété sur le comportement, ou du comportement sur l'état psychologique, sont valables pour la cause environnementale comme ils le sont pour la santé, ou tout autre sujet de société. Quand quelque chose s'avère inquiétant, plutôt que d'attiser la peur, il vaudrait mieux rassurer le public et lui dire comment agir. Cultiver l'anxiété est un cercle vicieux, alors que se montrer acteur est plutôt vertueux.
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